Polytechnique Ventures lance la levée de son deuxième fonds
Polytechnique Ventures, le fonds d’investissement créé en 2020 à l’initiative de nos anciens pour financer et accompagner les start-up issues de l’écosystème de l’École, aura constitué son portefeuille de start-up à l’été 2024. En même temps qu’elle finalise ses derniers investissements, l’équipe entreprend donc dès ce printemps la levée d’un deuxième fonds, sur le modèle du premier.
Rappelez-vous : voilà trois ans, nous décrivions dans ces mêmes colonnes la naissance de Polytechnique Ventures. Ce nouveau fonds professionnel de capital investissement, exclusivement souscrit par les anciens, investissant aux stades précoces du développement de start-up deep tech, s’est donné pour mission de compléter l’écosystème de l’École en matière d’innovation et d’entrepreneuriat. Trois ans plus tard, où en est Polytechnique Ventures et quelles sont ses perspectives ?
Un premier fonds fidèle à sa programmation
Pour la première édition de Polytechnique Ventures, 160 alumni, avec la Fondation de l’École, ont permis de rassembler 36 M€. Les montants investis par chacun s’élèvent de 100 k€ à 3 M€ et sont appelés progressivement, sur 5 à 7 ans, au fur et à mesure des besoins du fonds. La plupart des souscripteurs sont des anciens élèves ingénieurs ; quelques Executive Masters et thésards de l’École se sont joints à l’aventure. Les promos représentées : entre 1960 à 2014… seules 11 promotions manquent encore à l’appel !
Grâce à ces 36 M€, Polytechnique Ventures finance et accompagne d’ores et déjà 17 start-up deep tech, dans des domaines aussi variés que le permet la couverture scientifique et technologique enseignée à l’École. Ainsi, pour ce premier fonds, nos domaines d’activité principaux sont les technologies pour la santé, les énergies décarbonées, la décarbonation de divers secteurs industriels grâce à la science des données et l’intelligence artificielle, les fintech, et l’industrie 4.0. Nous avons examiné plus d’une centaine de start-up annuellement, pour investir dans 5 à 6 par an. La répartition de ce deal flow selon les secteurs industriels concernés est représentée ci-dessous.
Les modalités d’intervention
Les critères selon lesquels nous choisissons nos investissements sont les suivants. Un lien avec l’écosystème polytechnicien, parmi ceux-ci : un ou plusieurs fondateurs diplômés de l’École (diplôme d’ingénieur, Master, PhD, Bachelor) ; une incubation au Drahi‑X Novation Center ; une technologie issue des laboratoires de l’École ou développée par un enseignant chercheur de l’École. Une équipe de fondateurs de grande qualité. Une technologie très innovante. L’ambition de « disrupter » un secteur industriel. La promesse d’un apport sociétal important.
Nous intervenons aux stades très précoces du développement des start-up, investissant des tickets de 250 k€ à 1 M€ en préamorçage ou amorçage. Puis nous réinvestissons en série A, pour un ticket moyen final par entreprise d’environ 2 M€. Notre intervention précoce s’accompagne d’un accent particulier sur l’accompagnement que nous proposons aux fondateurs.
Cet accompagnement prend la forme, le plus souvent : de discussions et conseils concernant la bonne gouvernance, le recrutement et la gestion des équipes ; de prises de recul concernant la vision, la mission et le plan stratégique de l’entreprise ; de conseils concernant l’equity story et la stratégie financière de l’entreprise ; de mises en contact avec des potentielles recrues, des sous-traitants, des clients ou des co-investisseurs potentiels ; d’un soutien rapproché en période difficile.
Que font nos start-up ?
Des solutions à la transition énergétique
Andreï Klochko (X07, D14), cofondateur d’Airthium : « La chaleur nécessaire aux process industriels est aujourd’hui fondée sur les énergies fossiles. Sa décarbonation concerne 10 % des émissions de gaz à effet de serre. Nous levons les verrous technologiques empêchant jusqu’ici les pompes à chaleur de générer des températures supérieures à 150 °C. Si notre technologie tient ses promesses, nous produirons des chaleurs pouvant aller jusqu’à 500 °C. »
Antoine Guyot (X13), cofondateur de Jimmy Energy : « L’électricité française est largement décarbonée, reste à décarboner la chaleur industrielle. Nos microréacteurs nucléaires s’appuient sur une technologie de fission éprouvée et très sécurisée pour relever ce défi au plus vite. Notre premier client opère dans le champ de l’agroalimentaire. »
Des solutions à la transition climatique
Nicolas Cruaud (X16), cofondateur de Néolithe : « Nous fossilisons les déchets, en premier lieu ceux des entreprises du BTP, en granulats de béton écologique. Notre objectif ? Contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre issues de l’incinération des déchets soit 6 % du total ; et protéger les sols d’une pollution durable en évitant le recours à l’enfouissement des déchets. »
Jean Cristofari (X01), cofondateur de Spinergie : « Nous procurons à l’ensemble des acteurs du secteur maritime des outils d’aide à la décision leur permettant d’optimiser leur efficience, tout en réduisant leur empreinte carbone. »
Yudi Ding (M14), cofondateur de PACT.earth : « Nous commercialisons une alternative au cuir affranchie de l’empreinte carbone générée par l’élevage bovin : notre chimie verte exploite le collagène issu du recyclage des déchets des fermes aquacoles. Les qualités esthétiques et la résistance de notre matériau intéressent déjà plus d’une vingtaine des plus grandes maisons de mode. »
Dans cette catégorie de sociétés contribuant à la lutte contre le réchauffement, le portefeuille compte aussi la fintech Goodvest, cofondée par Joseph Choueifaty, ancien du Master X HEC Entrepreneurs, qui propose en ligne, et grâce à un partenariat avec Carbone 4 Finance, divers produits d’épargne rigoureusement compatibles avec l’objectif de l’Accord de Paris : limiter le réchauffement à 1,5 °C au-dessus des températures de l’ère préindustrielle.
D’autres enjeux sociétaux
La santé bien sûr. Ainsi nous avons investi dans Okomera, qui développe l’oncogramme, équivalent de l’antibiogramme, non pour les maladies infectieuses mais pour le traitement personnalisé du cancer. Okomera est issue du Laboratoire d’hydrodynamique de l’École (LadHyx). Et dans REEV, cofondée par Amaury Ciurana, ancien du Master X HEC Entrepreneurs. REEV développe une orthèse motorisée, légère et personnalisée, qui permet aux patients souffrant d’un handicap à la suite d’un AVC ou d’un accident, ou souffrant d’une sclérose en plaque, de recouvrer une marche fluide, grâce à la combinaison d’une intelligence artificielle et d’une assistance hydraulique.
Dans une optique transversale, nous contribuons également à renforcer le leadership de la France dans ses secteurs industriels prioritaires.
Ainsi l’intelligence artificielle, avec Mithril Security, experte en cybersécurité, fondée par Daniel Huynh (X16), Jimini, cofondée par Stéphane Béreux (X17), qui développe un copilote des professions du droit grâce aux derniers développements du NLP (Natural Language Processing) et des LLM (Large Language Models), ou Descartes & Mauss, fondée par Maurice N’Diaye (X05), qui exploite les mêmes technologies au service de la stratégie des grands groupes.
Ou les industries créatives et culturelles, avec Docent, cofondée par Mathieu Rosenbaum, enseignant chercheur au centre de mathématiques appliquées de l’École (CMAP), qui contribue à la numérisation du marché de l’art contemporain.
Enfin la logistique, avec Galam Robotics, cofondée par Samuel Perez (X14) : « Nous offrons une rupture technologique au secteur de la logistique : des robots modulaires permettant pour la première fois de gérer en espace dense de très importants flux de marchandises. Nos technologies optimisent l’efficacité opérationnelle et réduisent les risques psychosociaux associés à l’augmentation des cadences dans la logistique haut débit. Nous avons pour clients un géant mondial de la logistique et plusieurs leaders de la grande distribution. »
Des entrepreneurs enthousiastes
Polytechnique Ventures n’est pas un fonds classique. Outre son mode financement, par les Alumni exclusivement, c’est un fonds d’écosystème. L’accompagnement des start-up est une de nos priorités, qu’elles figurent à notre portefeuille ou qu’elles soient dans notre deal flow dès lors que l’équipe fondatrice nous demande de l’aide.
Pierre Chopin (D17), CTO cofondateur de Qivia qui développe une carte carburant universelle afin de faciliter la transition énergétique des flottes de véhicules, témoigne : « Polytechnique Ventures a investi en pré-amorçage dans un projet naissant ; un signe de confiance alors que le prototype n’était pas achevé. Depuis lors, l’équipe nous rencontre régulièrement afin de nous challenger avec bienveillance, de toujours nous inviter à prendre du recul malgré notre charge opérationnelle, à ne jamais perdre notre vision. Elle nous a aidés à transitionner après le départ du CEO cofondateur. Avec elle, nous ne sommes jamais seuls. »
“L’accompagnement des start-up est une de nos priorités.”
Rafaël de Lavergne (X13), CEO fondateur de Totem, qu’il a créée en 2016 et sauvée de la crise consécutive à la pandémie, a, lui, trouvé chez Polytechnique Ventures : « Une originalité de pensée – ils m’ont fait confiance alors que ma société a beaucoup souffert et opère dans un secteur souvent fui par les investisseurs, la distribution ; ils ont su comprendre que nous trouverons notre rentabilité sur ce secteur difficile grâce à une suite logicielle sophistiquée ; ils m’ont présenté de nombreux clients potentiels ; et, surtout, ils m’ont invité à relever la tête, quitter le mode survie pour réapprendre à piloter Totem en mode conquérant ; une contribution “RH” inestimable. »
Jean-Baptiste Kopecky (X08), CTO cofondateur d’Hyperplan : « Les contacts que Polytechnique Ventures nous fournit sont toujours très pertinents, que ce soit pour découvrir de nouveaux clients ou pour renforcer notre relation avec des clients en codéveloppement ; ou pour identifier de potentiels experts et renforcer notre comité stratégique. »
Des co-investisseurs de renom
Enfin, Polytechnique Ventures est un nouveau fonds dans l’espace d’investissement en capital-risque deep tech. Il était important que nous trouvions notre place au sein de cet écosystème. Nos atouts différenciants ont alors joué leur rôle : un deal flow de grande qualité, reconnu comme tel par tous les acteurs ; un réseau loyal de mentors qualifiés, prêts à accompagner les start-up, à leur ouvrir les portes de partenariats de développement, à les présenter à des clients potentiels, à rejoindre leur conseil d’administration… Nos co-investisseurs s’appellent BNP Paribas Développement, Bpifrance, Daphni, Demeter, Elaïa, Eren, Iris, Maki, New Fund, Hoxton, Auriga, Omnes, Otium, Point 72, Ring, Serena, Swen, et parmi les corporate : AG2R La Mondiale et Generali… pour ne citer que les plus grands.
En figure de proue des fonds Alumni
Un principe qui nous tient à cœur : la création et le déploiement des fonds Alumni en France. En même temps que se levait Polytechnique Ventures se créait HEC Ventures. Depuis lors se sont lancés CentraleSupélec Venture (CS Venture) et Generations powered by Edhec. Les modèles de gestion diffèrent.
Polytechnique Ventures et CS Venture, adossées à des sociétés de gestion agréées, sont conseillées par des équipes dédiées. « À l’instar de Polytechnique Ventures… et il faut le dire à la suite de fructueux échanges avec son équipe », indique Jean-Marc Patouillaud, associé fondateur de Partech à l’initiative de CS Venture : « Nous avons souhaité créer une forte proximité entre le fonds et notre École, CentraleSupélec, en recrutant une équipe dédiée, souvent présente sur le campus, épousant la culture de l’École et sélectionnant ainsi un portefeuille qui “ressemble” à CentraleSupélec, de par ses valeurs et ses tropismes technologiques. »
HEC Ventures et Generations powered by Edhec sont, eux, gérés par des sociétés de gestion agréés. Eurazeo pour HEC Ventures, Ring Capital pour Generations. « Nous avons donné priorité à notre volonté de porter des investissements à impact », expose Martin Barbier, directeur de l’association Edhec Alumni, « et ainsi naturellement confié la gestion de Generations à Ring Capital, société de gestion reconnue pour sa performance early stage, ainsi que pour sa rigueur et son expérience de la gestion de fonds à impact. C’est une équipe dédiée au sein de Ring Capital qui gère Generations powered by Edhec et travaille les synergies avec l’École, ses anciens et son fonds de dotation. »
Un second millésime en préparation
D’accord, nous direz-vous, et comment performent vos sociétés ? Six d’entre elles montrent d’ores et déjà une belle trajectoire. Ainsi Néolithe a levé au total plus de 50 M€, est en phase de commercialisation et lance une levée de série C. Jimmy Energy a levé 19 M€ et prépare une série B, après avoir déposé son dossier réglementaire auprès des autorités de sûreté, sécurisé son approvisionnement en graphite, annoncé une usine de combustible au Creusot et des discussions avancées avec son premier client. Okomera et Goodvest ont réalisé leur série A. Galam Robotics et REEV, forts de leurs preuves de concept technologiques et commerciales, ont lancé leur levée de série A (5 à 10 M€). Une société du secteur industrie 4.0 a déposé le bilan. Quant aux autres, toutes se déploient selon leur plan de développement et il est too early to tell, selon l’expression consacrée.
Alors, conclusion naturelle après les trois premières années d’un nouveau fonds qui s’est jusqu’à maintenant développé selon ses objectifs : la levée imminente d’un second fonds, sur le modèle du premier. Avertissement d’usage : l’investissement dans le fonds est réservé à la catégorie des investisseurs avertis répondant aux conditions de l’article 423–49 du Règlement général de l’AMF et implique l’acceptation d’un risque de perte en capital et d’une durée de blocage telle que définie dans les règlements. Donc, si vous souhaitez une information sur ce nouveau millésime, n’hésitez pas à nous contacter : nous nous ferons un plaisir de vous décrire plus avant notre premier portefeuille et nos ambitions pour ce fonds successeur !