Pompier de Paris, secourir les citoyens en détresse
La BSPP réunit des hommes qui ont choisi de dédier leur carrière au secours des citoyens en détresse. Que ce soit dans un feu d’immeuble pendant lequel ils mettent leur vie en danger ou qu’il s’agisse du relevage d’une personne impotente, l’essence est la même : quelqu’un a besoin d’aide.
“ Un niveau d’excellence indispensable pour intervenir partout ”
Grâce à une formation d’excellence, les sapeurs-pompiers gèrent les situations de crise. Ils font preuve de sang-froid et de professionnalisme en toute circonstance.
Dans les flammes, ils prennent des risques pour le sauvetage et la défense des biens : c’est Sauver ou Périr.
Lors des secours à victime, ils sont à l’écoute des gens pour les aider à traverser des moments difficiles. Si, au fil du temps, beaucoup de pompiers sont usés par ce métier c’est qu’ils côtoient quotidiennement des personnes qui souffrent.
REPÈRES
La Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) est une institution vieille de plus de deux cents ans et forte de plus de 10 000 hommes. Créée par Napoléon Ier à la suite de l’incendie de l’ambassade d’Autriche en 1811, elle a pour rôle d’assurer la protection des personnes et des biens de la mégapole parisienne.
Être toujours prêt
La BSPP, c’est aussi une préparation. L’entraînement quotidien permet de maintenir tout au long des carrières des sapeurs-pompiers un niveau d’excellence indispensable pour intervenir dans n’importe quelle situation, même rarissime : une attaque terroriste, un accident dans un entrepôt chimique, une crue de la Seine, une chute d’aéronef, etc.
Et puis la Brigade, c’est aussi une vie de caserne. Une trentaine d’hommes qui chaque jour arment les engins et vivent ensemble dans la caserne. Il s’y crée une cohésion qui leur permet non seulement d’agir en symbiose lorsqu’ils sont amenés à « décaler1 » mais aussi de mieux endurer les chocs qui surviennent suite à des interventions difficiles. La vie de caserne varie en fonction des secteurs.
Deux mois de formation initiale
Mon stage a débuté à Villeneuve-Saint- Georges, au centre de formation initiale (CFI), avec les 23 autres X faisant leur stage à la BSPP. Pendant deux mois, nous avons suivi une formation intense de secourisme.
“ Comprendre la souffrance des victimes mais ne pas souffrir avec elles ”
Sans donner une liste exhaustive des techniques que j’y ai apprises, elles incluent : coordonner une immobilisation générale d’un traumatisé du rachis, exécuter un massage cardiaque externe, pratiquer une désobstruction des voies aériennes supérieures et gérer un accouchement. Ces techniques me seront utiles toute ma vie.
Mais nos cours n’étaient pas seulement pratiques, ils étaient aussi théoriques. J’ai, entre autres, appris à distinguer les symptômes des détresses respiratoires, cardiaques et neurologiques. Cela permet de repérer rapidement si l’un des systèmes vitaux2 d’une victime est défaillant.
De la sorte, nous pouvons effectuer les gestes de sauvegarde et faire venir une ambulance de réanimation au plus vite.
Apprendre à vivre en équipe
J’ai aussi beaucoup appris sur intervention. En effet, une communication efficace est la base d’une bonne coordination. Au fil des interventions, j’ai compris l’importance de donner des ordres clairs et dénués de toute incertitude. De cette façon, mes équipiers ne me remettaient pas en cause et obéissaient sans hésitation.
J’ai aussi pris conscience de l’importance du travail en équipe et du choix dans une situation complexe. Rester calme, ne pas se précipiter, mais ne pas oublier la notion d’urgence, prendre une décision qu’on préférerait ne pas prendre.
Voilà quelques qualités que ce stage m’a permis de développer.
Rigueur et ponctualité
Grâce à la vie à la caserne, aux quatre rassemblements quotidiens, aux exigences vestimentaires et aux relations avec les supérieurs et les subordonnés j’ai aussi développé ma rigueur et ma ponctualité.
Deux valeurs sous-estimées dans le monde civil. C’est grâce à elles que les sapeurs-pompiers peuvent intervenir partout dans la mégapole parisienne en moins de dix minutes.
Une première garde mouvementée
Les sapeurs-pompiers peuvent intervenir partout dans la mégapole parisienne en moins de dix minutes.
Le 25 novembre 2013 est mon premier jour de garde. Dans la nuit, je suis amené à participer à l’accouchement d’une femme dont le terme n’est que de sept mois. Je suis excité et angoissé.
Une fois sur les lieux de l’intervention, la femme me fait savoir qu’elle a perdu les eaux. Je n’ai pas le temps de la transporter à l’hôpital. Je l’installe et effectue l’accouchement. Le bébé apparaît avec le crâne amorphe, les jambes disloquées et la peau ramollie. Pas de cris, pas de tonicité.
Je dois annoncer le décès du bébé à la mère alors que celui-ci est encore rattaché à elle par le cordon ombilical que mes équipiers s’empressent de couper. Ne pouvant rien faire pour le bébé, je devais principalement m’occuper de la mère en attendant le SMUR et le SMUR pédiatrique.
Il a fallu être rassurant, réconfortant. Au fil de mon stage, j’ai appris que le réconfort passe plus par le ton de la voix, par la gestuelle et par la posture que par les mots.
Il faut se placer proche de la victime, à sa hauteur, et parler avec une voix calme et assurée malgré les cris ou l’agressivité suite au traumatisme.
Développer l’empathie
Le savoir-être que j’ai le plus développé à la brigade est l’empathie, c’est-à-dire comprendre la souffrance des victimes mais ne pas souffrir avec elles.
DÉCIDER VITE ET AU MIEUX
Lorsque je suis intervenu sur un accident de deux-roues où une victime était en arrêt cardiaque et une autre dans le coma, j’ai été confronté à un choix draconien : laquelle secourir en premier, en attendant que d’autres engins arrivent ? J’ai alors pris la décision qui me semblait la moins mauvaise, à défaut de savoir laquelle était la meilleure.
J’en ai fait particulièrement l’expérience lorsque je suis intervenu sur un accident de circulation sur les quais de Seine. Une mère très choquée pleurait car son fils de 18 ans et un de ses amis étaient en arrêt cardiorespiratoire (ACR).
Le grand frère de ce garçon en ACR était aussi sur les lieux. Quand le médecin nous a indiqué que nous pouvions arrêter le massage cardiaque, la victime ne pouvant être réanimée, le frère est devenu très menaçant. C’est en lui parlant avec dévouement et bienveillance qu’il a compris que tout avait été tenté, et que nous aurions nous aussi souhaité la réanimation de son frère.
Il faut entendre dévouement au sens de générosité dans l’action, d’abnégation, et de sens du service. La bienveillance ne doit pas se manifester seulement à l’égard des victimes mais aussi de leurs proches.
Code d’honneur
Être pompier de Paris, c’est également adhérer à un code de l’honneur qui comprend rectitude, exemplarité, respect, discipline sur intervention, honnêteté intellectuelle, rigueur, discrétion et goût de l’effort.
Comment résumer cela mieux que par la devise de la BSPP : Force et Honneur, Courage et Dévouement. Ainsi le sapeur va pour Sauver ou Périr.
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1. Décaler : partir sur intervention. Il y a bien longtemps, les pompiers se déplaçaient à l’aide de charrettes hippomobiles. Pour pouvoir partir plus vite, celles-ci étaient stationnées en pente grâce à des cales. Ainsi, les pompiers « décalaient » lorsqu’ils partaient sur intervention.
2. Il y a trois systèmes vitaux : les systèmes neurologique, cardiaque et respiratoire.