Ports et innovations
La mythologie nous enseigne que le premier arsenal fut construit, du côté de Naupacte, par les fils (et petits-fils) d’Hercule, pour y bâtir les navires qui allaient leur permettre la reconquête du Péloponnèse. Et l’histoire nous rappelle que les premiers ports de commerce furent phéniciens, au deuxième millénaire avant Jésus-Christ.
Innovations techniques
Les techniques de travaux maritimes sont les mêmes pour les deux fonctions et n’ont guère varié : on continue, malgré l’invention du béton, de déverser des masses d’enrochements pour protéger les digues… Et pourtant le présent dossier a pour ambition de montrer que la construction des ports et l’exécution des diverses activités portuaires n’ont guère cessé de susciter des innovations de tous ordres. Innovations techniques : la sollicitude attentive des souverains pour les ports a tendu à y concentrer quelques prouesses – quelques échecs aussi – des ingénieurs.
« Oser de tels travaux, c’est braver Neptune lui-même », selon Paul Valéry dans Eupalinos ou l’architecte. Napoléon, qui avait résolu de « renouveler à Cherbourg les merveilles de l’Égypte » aurait sans doute apprécié que l’on y ait construit, à la fin du vingtième siècle, un ouvrage fondé sur le principe d’Archimède – certes largement postérieur aux pyramides, mais vénérable – tout en étant par certains aspects unique au monde. Ce processus d’innovation, stimulé par l’évolution des navires et de leurs modes de fabrication et de soutien, le développement du trafic maritime et les exigences de la concurrence, se poursuit de nos jours et déborde largement du domaine du génie civil.
Investissements de grande ampleur
Les ports de commerce ont connu, dans la seconde moitié du XXe siècle, des investissements de grande ampleur, liés notamment au trafic pétrolier et à la création d’industries lourdes (Dunkerque, Antifer, Fos…) ou à la conteneurisation. Depuis lors, les innovations de tous ordres concernent surtout leur fonctionnement et les services apportés aux navires, à la marchandise et aux passagers (amélioration des dessertes terrestre ou fluviale, gestion des grands outillages, numérisation des services), leur gouvernance ainsi que leur modèle économique (baisse du rôle de l’État, internationalisation des opérateurs) ou leur impact sur l’environnement.
Des évolutions récentes telles que la baisse, aujourd’hui certaine et nécessaire, des trafics d’hydrocarbures, et plus généralement des vracs énergétiques, et donc des recettes naguère pérennes qu’ils apportaient, ou l’urgence de la lutte contre le changement climatique, ne peuvent que renforcer l’ardente obligation de ces innovations et de leur promotion dans le cadre de la stratégie nationale portuaire que le gouvernement vient de publier.