POUR UN NOUVEL ACTIONNAIRE
En pleine actualité. Que faire en face de la crise ?
En pleine actualité. Que faire en face de la crise ?
La crise que nous traversons a au moins pour effet de susciter de nombreuses analyses d’experts, économistes en général, sur ses causes et les moyens d’éviter son retour dans l’avenir. Elle stimule aussi les esprits imaginatifs qui proposent des dispositifs de régulation de l’économie. L’ouvrage de Bernard Tarbès, Pour un nouvel actionnaire – Commencer la réforme du capitalisme, a l’originalité et le mérite d’avoir été pensé par un ingénieur de formation qui, pendant l’essentiel de sa carrière, a été cadre dirigeant d’entreprises de travaux publics. Son livre est d’ailleurs émaillé de souvenirs personnels exemplaires et il n’a pas hésité à citer, souvent nommément, des personnalités impliquées dans les péripéties dont il a été témoin.
L’auteur constate que le rôle majeur de l’actionnaire qui devrait être de donner confiance aux prêteurs, dont l’entreprise a besoin pour se développer, est largement dévoyé et qu’en particulier les actionnaires minoritaires, les plus nombreux, « traitent le plus souvent leurs achats d’actions comme les turfistes traitent leurs paris ». Ce comportement entraîne des divagations de la cote boursière des actions, des sautes de cours à effets moutonniers cumulatifs, qu’il s’agisse du gonflement des bulles ou des chutes verticales. Bref, la Bourse ne reflète plus la valeur des entreprises à moyen ou long terme et les baisses brutales engendrent un véritable malaise du personnel, y compris des cadres, malaise qui se répercute à l’ensemble de la population et accentue les effets de la crise.
Pour faire face à ce type de perturbation, Bernard Tarbès suggère de faire évoluer le statut de l’actionnariat, de donner une position privilégiée aux actionnaires qui apporteront directement de l’argent à l’entreprise, à l’occasion d’une augmentation de capital par exemple, les actions qu’ils acquerront ainsi, dans des conditions attractives, prenant alors le nom d’actions personnelles (pour les distinguer des actions au porteur plus classiques). Ces actionnaires particuliers et nombreux seront fidélisés, seront intéressés à la marche de l’entreprise, à son management, contribueront à éviter les à‑coups de la cote des actions et ainsi à l’amélioration du climat de l’entreprise. De plus, il souligne que la réforme qu’il propose peut être initiée et décidée par les assemblées d’actionnaires, sans que les États aient besoin de légiférer.
Certains des lecteurs pourront peut-être juger utopique la réforme proposée dans cet ouvrage, mais le comportement des actionnaires, surtout minoritaires, est souvent oublié, aussi bien dans la description des causes de la crise que dans celle des moyens capables de la résorber et Bernard Tarbès a eu le grand mérite de consacrer son temps à nous le faire comprendre, avec intelligence et passion.