Préparer sa retraite dans le cadre de l’assurance-vie : la solution des fonds à horizon

Dossier : Les assurancesMagazine N°560 Décembre 2000
Par Philippe MATHOUILLET (68)

La nécessité de prévoir un complément de revenus pour la retraite

Les déséquilibres du système actuel

Le sys­tème fran­çais de retraite par répar­ti­tion sup­pose un équi­libre entre actifs et retraités.

Or, il est de noto­rié­té publique que la baisse de la nata­li­té et l’al­lon­ge­ment pro­gres­sif de la durée de vie créent un dés­équi­libre crois­sant : dans un délai de qua­rante ans, le nombre de per­sonnes âgées de plus de 60 ans devrait tri­pler tan­dis que, dans le même temps, les salaires sur les­quels sont assises les coti­sa­tions devraient seule­ment doubler…

Le rap­port Char­pin pré­sen­té en 1999 laisse entre­voir des pro­blèmes impor­tants d’i­ci à 2040 : si aucune mesure n’est prise, le défi­cit du régime géné­ral des sala­riés du pri­vé attein­drait 400 mil­liards de francs (contre envi­ron 6 à 10 actuel­le­ment). Celui de la fonc­tion publique attein­drait pour sa part 280 mil­liards de francs.

Afin de main­te­nir l’é­qui­libre des régimes de retraites, les dif­fé­rentes pro­po­si­tions de réformes font inter­ve­nir à des degrés divers l’al­lon­ge­ment de la durée de coti­sa­tion, l’aug­men­ta­tion du poids des coti­sa­tions et la réduc­tion des prestations.

Dans tous les cas, l’ef­fort deman­dé pour main­te­nir le sys­tème sous sa forme actuelle sera important.

Le besoin de retraite complémentaire

Les pre­mières mesures prises pour faire face au dés­équi­libre crois­sant des géné­ra­tions ont conduit à :

  • l’al­lon­ge­ment en 1993 de la durée de coti­sa­tion néces­saire pour obte­nir une retraite à taux plein (de trente-sept ans et demi à qua­rante ans),
  • l’aug­men­ta­tion du poids des coti­sa­tions (hausse moyenne de 20 % du taux de cotisation),
  • l’ac­crois­se­ment pro­gres­sif de dix à vingt-cinq ans (en 2008) du nombre d’an­nées prises en compte pour le cal­cul du salaire de référence.

Mal­gré ces amé­na­ge­ments, le mon­tant des retraites futures conti­nue­ra méca­ni­que­ment de diminuer.

À titre d’exemple, un cadre du pri­vé par­tant à la retraite aujourd’­hui per­ce­vra en moyenne 60 % de son der­nier salaire brut, soit sen­si­ble­ment moins qu’il y a vingt ans. D’i­ci une à dizaine d’an­nées, ce chiffre sera plus proche de 50 %.

Une telle réduc­tion de reve­nus conduit dès à pré­sent nombre d’in­di­vi­dus à se consti­tuer un com­plé­ment indi­vi­duel de retraite.

Cepen­dant, contrai­re­ment aux pays anglo-saxons où existent depuis long­temps des fonds de pen­sion, aucune struc­ture spé­ci­fique pour accueillir ce type d’é­pargne n’a encore vu le jour en France, sauf pour quelques caté­go­ries de popu­la­tion : les fonc­tion­naires, les tra­vailleurs non sala­riés et les agriculteurs.

Les futurs retrai­tés doivent donc consti­tuer eux-mêmes leur épargne à long terme à par­tir des sup­ports pro­po­sés par le marché.

L’assurance vie, épargne privilégiée des Français

Les principaux supports d’épargne longue en dehors de l’assurance vie

Si l’on exclut la ges­tion de for­tune qui ne concerne qu’un petit nombre d’in­ves­tis­seurs for­tu­nés et les pro­duits ban­caires clas­siques orien­tés vers une épargne à plus court terme, les prin­ci­paux modes d’é­pargne longue envi­sa­geables aujourd’­hui sont :

La gestion en direct hors PEA

Elle per­met, au tra­vers d’un por­te­feuille de titres (actions, obli­ga­tions, OPCVM), d’in­ves­tir sans limi­ta­tion de montant.

Cepen­dant, d’une part, un por­te­feuille titres ne per­met pas de béné­fi­cier d’a­van­tages fis­caux par­ti­cu­liers contrai­re­ment à d’autres types de sup­ports, d’autre part, il sup­pose une bonne connais­sance des pro­duits finan­ciers, et une cer­taine dis­po­ni­bi­li­té pour en suivre la gestion.

L’épargne entreprise

Acces­sible jus­qu’i­ci aux seuls sala­riés des plus grosses entre­prises, elle doit être pro­chai­ne­ment éten­due aux PME.

Elle per­met de béné­fi­cier d’un abon­de­ment de l’employeur et d’une fran­chise fis­cale sur les reve­nus qui res­tent sou­mis aux pré­lè­ve­ments sociaux de 10 %.

Cepen­dant, les véhi­cules de pla­ce­ment pro­po­sés dans ce cadre sont sou­vent peu diver­si­fiés (par­fois limi­tés aux seules actions de l’en­tre­prise), ce qui ne faci­lite guère l’op­ti­mi­sa­tion de la gestion.

De plus, l’a­bon­de­ment de l’en­tre­prise ne concerne sou­vent que des mon­tants limi­tés alors que les ver­se­ments annuels sont pla­fon­nés à 25 % des reve­nus annuels.

Enfin, à terme, seule une sor­tie en capi­tal est possible.

Le PEA (Plan d’épargne en actions)

Il per­met de se consti­tuer un por­te­feuille d’ac­tions en fran­chise d’im­pôt grâce à une exo­né­ra­tion totale des reve­nus et des plus-values qui res­tent tou­te­fois sou­mis aux pré­lè­ve­ments sociaux de 10 %.

Cepen­dant, le cumul des inves­tis­se­ments est limi­té à 600 000 francs et seules des actions fran­çaises (ou des OPCVM com­por­tant au mini­mum 60 % d’ac­tions fran­çaises) peuvent être déte­nues, ce qui pose un pro­blème d’op­ti­mi­sa­tion de per­for­mance. Enfin, les liqui­di­tés ne sont pas rémunérées.p

Les contrats dits » loi Madelin »

Ils consti­tuent une solu­tion inté­res­sante qui per­met de déduire les ver­se­ments de son reve­nu impo­sable (jus­qu’à un pla­fond fixé à 264 000 francs en 1999).
Cepen­dant, ces contrats sont réser­vés aux seuls tra­vailleurs non sala­riés. Ces der­niers doivent s’en­ga­ger à coti­ser jus­qu’à la retraite sans inter­rup­tion et ne peuvent récu­pé­rer l’é­pargne que sous la forme d’une rente via­gère sou­mise à l’im­pôt sur le revenu.

L’assurance vie

Ce pro­duit, acces­sible à tous, per­met de cumu­ler de nom­breux avantages.

Un cadre juridique et fiscal avantageux

  • Abat­te­ment annuel de 30 000 F pour les per­sonnes seules ou 60 000 F pour les couples, hors pré­lè­ve­ments sociaux.
  • Réduc­tion du pré­lè­ve­ment libé­ra­toire sur les reve­nus à 7,5 % au lieu de 25 % pour les valeurs déte­nues en direct.
  • Appli­ca­tion de cette fis­ca­li­té uni­que­ment à la sor­tie pour les contrats inves­tis en OPCVM, qui assurent désor­mais l’es­sen­tiel de la col­lecte : les inté­rêts d’une année conti­nuent donc à être inté­gra­le­ment capi­ta­li­sés jus­qu’au terme.
  • Exo­né­ra­tion des droits de suc­ces­sion jus­qu’à un mil­lion de francs par béné­fi­ciaire, tous contrats confon­dus, et taxa­tion limi­tée à 20 % au-delà, au lieu d’un pla­fond de 60 %.
  • Cadre juri­dique très souple : libre dési­gna­tion du bénéficiaire.

Aucun plafonnement des versements contrairement à l’épargne entreprise et au PEA.

Des contraintes de gestion limitées

L’as­su­ré peut diver­si­fier ses pla­ce­ments au tra­vers des divers fonds d’in­ves­tis­se­ments pro­po­sés par l’as­su­reur et effec­tuer pério­di­que­ment des arbitrages.

Une sortie en capital ou en rente comme pour le PEA mais contrairement à l’épargne entreprise.

Ces avan­tages ont fait de l’as­su­rance vie le pla­ce­ment favo­ri des Fran­çais, qui y consacrent en moyenne les deux tiers de leurs flux financiers.

Année Part de l’as­su­rance-vie dans les flux finan­ciers d’é­pargne des ménages français
1997 73 %
1998 68 %
1999 63 %

Au total, l’as­su­rance vie repré­sente aujourd’­hui 4 000 mil­liards de francs gérés, ce qui en fait un des prin­ci­paux sup­ports de l’é­pargne en France.

Une com­pa­rai­son entre le patri­moine finan­cier des ménages en France et aux États-Unis (voir gra­phique ci-après) fait bien appa­raître que l’as­su­rance vie sup­plée à la qua­si-absence de fonds de pen­sion dans notre pays.

En effet, les fonds de pen­sion repré­sentent un peu plus du quart du patri­moine finan­cier des Amé­ri­cains contre 1 % de celui des Français.

En revanche, l’as­su­rance vie repré­sente un cin­quième du patri­moine finan­cier des Fran­çais contre 1 % de celui des Américains.

La solution des fonds à horizon

Le concept

Lan­cé par les Anglo-Saxons, le concept des fonds à hori­zon a été pro­po­sé pour la pre­mière fois en France aux épar­gnants indi­vi­duels, par la BNP en avril 1999 avec le contrat Natio-Vie Mul­ti­ho­ri­zons. Natio-Vie l’u­ti­li­sait depuis plu­sieurs années déjà avec suc­cès, pour les contrats de retraite col­lec­tive d’entreprise.

Les fonds à hori­zon ont pour objec­tif d’op­ti­mi­ser le ren­de­ment de l’é­pargne en se fon­dant sur deux grands principes :

miser sur les actions qui sont sur la durée le pla­ce­ment le plus performant,
réduire l’ex­po­si­tion en actions à l’ap­proche de la retraite afin de sécu­ri­ser un capi­tal per­met­tant de ser­vir le com­plé­ment de reve­nus recherché.

Miser sur les actions

His­to­ri­que­ment, les actions offrent sur longue période la per­for­mance la meilleure.

Ain­si, sur une période de près de soixante-dix ans (1931−1999), on constate les ren­de­ments annuels moyens sui­vants en France :

Type d’ac­tifs (France) Per­for­mance annuelle moyenne de novembre 1931 à sep­tembre 1999
Monétaire 5,1 %
Obligations 5,8 %
Actions 11,8 %
Source : revue Q​uants – décembre 1999.

Pour éva­luer le risque cor­res­pon­dant à ces inves­tis­se­ments, on peut com­pa­rer leur plus mau­vaise per­for­mance his­to­rique sur la période observée :

On constate que les actions sont à la fois les sup­ports d’in­ves­tis­se­ment les plus per­for­mants et ceux dont le risque est le plus important.

Pour que les actions » sur­per­forment » les autres sup­ports d’in­ves­tis­se­ment, il faut donc que, sur la durée, leur per­for­mance cumu­lée per­mette d’ab­sor­ber les à‑coups du marché.

Type d’ac­tifs (France) Plus mau­vaise per­for­mance his­to­rique annuelle entre 1931 et 1999
Monétaire + 0,9 %
Obligations ‑25 %
Actions 11,8%-60 %
Source : revue Q​uants – décembre 1999.

Une ana­lyse com­pa­rée de la per­for­mance des obli­ga­tions et des actions amé­ri­caines sur près de deux siècles (de 1802 à 1997) montre que le nombre de cas où les actions sur­per­forment les obli­ga­tions s’ac­croît avec la durée de placement :

On constate, de la même façon, que sur la période 1951–1999, aucun inves­tis­seur ayant inves­ti pen­dant vingt-cinq ans dans un panier indi­ciel d’ac­tions fran­çaises n’au­rait subi de perte.

Perf​ormances com­pa­rées des actions et des obli­ga­tions aux États-Unis de 1802 à 1997 Structure du patrimoine financier des ménages aux États-Unis et en France fin 1998
Durée de placement Pour­cen­tage de cas où les actions sur­per­forment les obligations
1 an 60 %
5 ans 70 %
10 ans 80 %
20 ans 90 %
30 ans 99 %
Source : revue Q​uants – décembre 1999.


Réduire l’exposition en actions à l’approche de la retraite

Un inves­tis­se­ment en actions amé­liore la per­for­mance à condi­tion de pou­voir sup­por­ter les retour­ne­ments tem­po­raires de cours. Or, on a vu que, sta­tis­ti­que­ment, plus la durée de pla­ce­ment était courte, plus le risque de contre-per­for­mance des actions était élevé.

À l’ap­proche de la retraite, il peut paraître judi­cieux de réduire l’ex­po­si­tion en actions afin de mini­mi­ser la pro­ba­bi­li­té d’une contre-per­for­mance qui ne pour­rait plus être com­pen­sée avant l’échéance.

Cette désen­si­bi­li­sa­tion aux actions devra se faire pro­gres­si­ve­ment afin de tirer le meilleur par­ti pos­sible de la sur­per­for­mance des actions.

Si l’on déter­mine un niveau de perte maxi­mum que l’on ne sou­haite pas dépas­ser, il est pos­sible de recher­cher une opti­mi­sa­tion. En effet :

  • le niveau de perte maxi­mum cor­res­pon­dra à l’ex­cé­dent de per­for­mance que l’on est prêt à aban­don­ner sans remettre en cause l’ob­jec­tif d’é­pargne recher­ché au terme ;
  • la pro­ba­bi­li­té de dépas­ser cette perte devra être mini­male mais elle ne pour­ra jamais être nulle tant que l’on gar­de­ra des actions.
    Elle dépend en fait de deux facteurs :
  • la part d’ac­tions conser­vées dans le portefeuille,
  • la durée res­tant à cou­rir jus­qu’à l’échéance.

Si l’on se fixe un niveau mini­mal de pro­ba­bi­li­té (de 0,5 % à 2 %) pour lequel la perte maxi­mum peut être dépas­sée, il est pos­sible, à par­tir d’une modé­li­sa­tion des cours bour­siers, d’é­ta­blir une rela­tion entre la part d’ac­tions rési­duelle du por­te­feuille et la durée d’in­ves­tis­se­ment res­tant à cou­rir. Dans ce cas :

  • le niveau mini­mal de pro­ba­bi­li­té pour dépas­ser la perte maxi­mum dépen­dra du pro­fil de risque de l’investisseur ;
  • la modé­li­sa­tion des cours bour­siers pour­ra être effec­tuée à par­tir des don­nées du passé.

Assurance vie et fonds à horizon

Retraite et fonds à horizon

Les fonds à hori­zon cor­res­pondent bien aux carac­té­ris­tiques de l’é­pargne retraite :

1) l’ho­ri­zon de pla­ce­ment est par­fai­te­ment défini ;
2) l’é­pargne est consti­tuée de façon pro­gres­sive par des ver­se­ments régu­liers tout au long de la vie active ;
3) les reve­nus com­plé­men­taires appor­tés au moment de la retraite doivent être sécurisés.

L’apport de l’assurance vie

L’as­su­rance vie consti­tue une enve­loppe par­ti­cu­liè­re­ment bien adap­tée pour accueillir les fonds à horizon.

Les fonds à hori­zon sont sou­vent gérés d’une façon indi­cielle qui est rela­ti­ve­ment trans­pa­rente. Ils sont donc par­fai­te­ment adap­tés aux besoins de la clien­tèle large de l’as­su­rance vie. L’a­li­men­ta­tion des contrats sous forme de ver­se­ments pro­gram­més per­met en outre de lis­ser la per­for­mance en répar­tis­sant les consé­quences des à‑coups du mar­ché. Le cadre de l’as­su­rance vie per­met de béné­fi­cier des avan­tages fis­caux décrits pré­cé­dem­ment tant sur le plan des reve­nus que sur celui de la suc­ces­sion. Enfin, il offre le choix de la sor­tie : rente ou capital.

L’exemple du contrat Natio-Vie Multihorizons

Natio-Vie a été la pre­mière com­pa­gnie d’as­su­rance à intro­duire en avril 1999 un contrat indi­vi­duel pro­po­sant des fonds à hori­zon, bap­ti­sé Natio-Vie Multihorizons.

Com­po­si­tion des fonds à hori­zon pro­po­sés dans Multihorizons
Hori­zon d​e gestion Part​en actions Part en obligations
3 ans 5 % 95 %
6 ans 13 % 87 %
9 ans 24 % 76 %
12 ans 53 % 47 %
15 ans 91 % 9 %
> 15 ans 100 %

La part de l’é­pargne inves­tie en actions décroît bien au fur et à mesure que l’é­par­gnant se rap­proche de la date de son départ en retraite.

Pour chaque assu­ré, la date de retraite envi­sa­gée est prise en compte à la sous­crip­tion et l’al­lo­ca­tion d’ac­tifs est pro­gres­si­ve­ment modi­fiée jus­qu’à l’échéance.

La ges­tion de ce pro­duit est donc per­son­na­li­sée et évo­lu­tive, et apporte à l’as­su­ré une opti­mi­sa­tion de sa gestion.

Cette ges­tion est assu­rée par les experts de BNP Pari­bas Asset Mana-gement. Ils peuvent appor­ter des modi­fi­ca­tions mineures à l’al­lo­ca­tion ini­tiale en fonc­tion des condi­tions du marché.

Natio-Vie Mul­ti­ho­ri­zons a ren­con­tré un vif suc­cès et le concept des fonds à hori­zon a ensuite été repris par un nombre crois­sant d’assureurs.

Ces fonds devraient donc conti­nuer à se déve­lop­per rapi­de­ment en France car ils consti­tuent dans le cadre actuel une des solu­tions les mieux adap­tées à l’é­pargne retraite complémentaire.

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