Présentation au drapeau de la promotion 1999
Suivant la tradition, la présentation au Drapeau de la promotion 1999 s’est tenue le samedi 21 octobre en présence d’une nombreuse assistance. Elle a été aussi l’occasion pour les familles de faire connaissance avec l’École.
Cette année, la cérémonie était présidée par Monsieur Alain Richard, ministre de la Défense. Tout s’est remarquablement déroulé et après le passage en revue des élèves, la musique et le défilé ont été appréciés par toute l’assistance. Le discours du général de Nomazy, directeur général de l’École, s’adressant aux élèves, a retenu leur attention.
Ensuite la matinée s’est poursuivie à l’amphithéâtre Poincaré où après un mot d’accueil de Monsieur Pierre Faurre, président du conseil d’administration de l’École, Monsieur Alain Richard a prononcé l’allocution que nous publions ci-après. L’amphithéâtre était plein mais on pouvait suivre du Grand hall par vidéo.
Discours de Monsieur Alain Richard, ministre de la Défense, à l’École polytechnique
Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Préfet,
Messieurs les Élus locaux,
Monsieur le Haut-Commissaire,
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur général,
Messieurs les Officiers généraux,
Messieurs les Directeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de venir pour la deuxième fois présider la cérémonie de présentation au drapeau d’une promotion, aujourd’hui la promotion 99. D’abord parce que votre École n’est pas une institution comme les autres, qu’elle est le symbole de la qualité des écoles d’ingénieurs françaises et de l’excellence de notre recherche scientifique. Mais je suis tout particulièrement heureux de venir saluer votre École alors que s’achève la mise en place de la réforme de la scolarité qui s’appliquera en grande partie à votre promotion et en totalité à la promotion 2000.
Les grands objectifs du “ projet X‑2000 ” – la vocation de l’École polytechnique
Il s’agit bien sûr du “projet X‑2000 ” dont j’avais annoncé, il y a deux ans, à vos camarades les grandes lignes. J’avais alors souhaité une mobilisation rapide et intense de toutes les énergies de votre École pour le mettre en œuvre rapidement. Je voudrais aujourd’hui remercier tous ceux qui ont permis d’avancer ainsi dans cette voie : Pierre Faurre, le président de l’École, les directeurs généraux successifs, le corps enseignant et les chercheurs, l’ensemble des personnels civils et militaires ainsi que la communauté polytechnicienne qui a soutenu ces évolutions.
En adaptant l’esprit de Polytechnique aux évolutions de notre environnement, vous restez fidèles à l’esprit et aux hautes exigences des fondateurs de cette Institution, Carnot et Monge. Ils ont voulu mettre à contribution, par une formation appropriée, les meilleurs talents scientifiques, pour construire une nation moderne. Cette idée fondatrice est plus que jamais d’actualité.
Le “projet X‑2000 ” permet aujourd’hui de renforcer la triple vocation de l’École polytechnique : former, pour les entreprisesdes cadres à fort potentiel, des innovateurs, des jeunes ayant l’esprit d’entreprise ; former, pour la recherche, des savants de haut niveau aptes à aborder les domaines les plus nouveaux ; former, pour les services de l’Étatde futurs hauts fonctionnaires qui pourront appréhender, dans un cadre multinational ou communautaire, les aspects les plus novateurs des missions de l’État.
À titre d’exemple, en tant que ministre de la Défense, je peux témoigner de l’importance pour mon ministère de disposer, grâce au Corps de l’armement, d’ingénieurs de haut niveau pour donner à notre pays les capacités nécessaires à la maîtrise de l’ensemble des dimensions de sa sécurité et de sa défense. Par ailleurs, la présence d’officiers issus de l’École polytechnique au sein des forces armées permet d’en diversifier le recrutement et d’y insuffler l’esprit d’excellence de Polytechnique.
La variété des parcours des anciens élèves de l’École polytechnique est un apport indéniable pour le pays. Elle sera renforcée par la diversification du recrutement des élèves français, et par l’augmentation du nombre d’élèves étrangers.
Ce contact gardé entre vous après l’École, et qui fait votre force, sachez en faire un réseau créatif pour l’intérêt général, sans le laisser dériver vers le traditionalisme ou le corporatisme. Faites-le rayonner dans un esprit d’ouverture et d’échange. L’École restera ainsi un élément de notre patrimoine, symbolisant un attachement profond à l’élitisme républicain, à la rationalité et à la rigueur scientifiques, et aux ressources de l’intelligence créatrice.
La fidélité aux traditions et aux valeurs de l’École d’une part, cette ambition nouvelle à la hauteur des enjeux de la mondialisation d’autre part sont au cœur du “projet X‑2000”. Pour cela, il met en œuvre trois axes qui me paraissent essentiels.
La modernisation du cursus de formation des élèves
Le premier est la modernisation du cursus de formation des élèves. Elle doit s’appuyer sur les points forts qui ont toujours été ceux de la formation dispensée à l’École.
Il s’agit d’abord, au cours des deux premières années, de la formation polyscientifique des élèves, qui permet de développer leurs qualités de rigueur, d’intuition et d’innovation. Elle est la base de l’image d’excellence scientifique de l’enseignement dispensé par l’École et des qualités de polyvalence reconnues à ses anciens élèves.
Il s’agit également de 1’importance accordée à la formation humaine. Cette spécificité, qui trouve son origine dans le statut militaire que l’École a hérité de l’histoire, est aussi un puissant atout pour l’avenir.
Il est en effet essentiel que les polytechniciens, appelés à exercer d’importantes responsabilités, acquièrent les qualités humaines qui en sont le support, le goût du travail en équipe, et aussi le sens des responsabilités civiques et sociales. Ce sont ces qualités qui vous permettront d’exercer vos responsabilités avec 1e sens de l’intérêt collectif et la reconnaissance de vos partenaires. Le maintien du statut militaire dans le contexte de la suppression du service national contribuera aussi à renforcer le lien entre la nation et les Armées, ce à quoi je suis particulièrement attentif.
Il s’agit enfin, au cours des 3e et 4e années, d’acquérir une compétence scientifique et professionnelle plus spécialisée reconnue à l’échelle internationale. Cette deuxième phase de la scolarité renforce la diversité du cursus de formation ce qui permettra à chaque élève de bâtir progressivement son propre projet professionnel.
Cette modernisation de la formation exige en particulier le développement d’une pédagogie innovante, intégrant les nouvelles technologies de l’information et de la communication, surtout dans la perspective de la quatrième année professionnalisante, qui se déroule au sein d’écoles d’ingénieurs, d’universités ou d’écoles doctorales, françaises ou étrangères.
La quatrième année de formation renforcera les liens déjà importants de l’École avec les institutions dispensant cette formation complémentaire. À titre d’exemple, j’ai noté avec satisfaction les projets de création de nouveaux laboratoires communs avec 1’ENSTA.
Cela va également rapprocher l’École des entreprises et de leurs centres de recherche ; la décision récente du groupe Danone d’implanter un important centre de recherche juste à côté de l’École en est, déjà, une première confirmation.
L’internationalisation de l’École polytechnique
Le deuxième axe du “projet X‑2000” c’est l’internationalisation de l’École polytechnique.
L’École doit s’imposer comme une grande institution de formation au plan européen et mondial. Soyez conscients qu’elle est soumise à une concurrence vive qui nécessite de s’adapter rapidement afin que ses diplômes jouissent de la plus grande reconnaissance possible au plan international.
La lisibilité de son nouveau cursus l’y aidera. Mais il faut également augmenter encore le recrutement d’élèves étrangers, en provenance notamment des pays de l’Union européenne. L’École polytechnique a déjà engagé des efforts importants pour élargir le recrutement des élèves. En accueillant 79 élèves étrangers au sein de la promotion 99, l’École est en avance sur bien des écoles d’ingénieurs.
Cela passe également par une internationalisation, dans des proportions adaptées, du corps enseignant et du centre de recherche.
La dimension internationale de l’École résultera enfin du développement de ses capacités d’enseignement et de recherche.
Le développement des capacités d’enseignement et de recherche
C’est donc logiquement le troisième axe du “ projet X‑2000 ”, car le potentiel scientifique d’une école est le principal critère de qualité reconnu au plan international.
Les efforts financiers que l’État consent pour l’École sont très importants. Il est cependant illusoire d’imaginer que les ressources publiques pourront accompagner seules les développements nécessaires en matière de recherche et d’enseignement.
L’École doit donc réussir, seule ou en partenariat avec d’autres établissements ou entreprises, à développer ses ressources propres. Je souhaite que l’École se mobilise sur cet objectif en visant notamment à davantage valoriser les travaux de recherche. Les recherches d’une exceptionnelle qualité qui sont menées ici doivent plus souvent conduire à des applications industrielles, notamment par le démarrage de “ jeunes pousses ” innovantes. Ceci permettra de développer l’esprit d’entreprise des élèves, et renforcera les liens entre l’École et le monde de l’entreprise.
L’extension LULI 2000 du Laboratoire pour l’utilisation des lasers intenses (LULI) que j’ai eu le plaisir d’inaugurer ce matin, est un bon exemple de la vitalité du centre de recherche. Le développement du LULI s’appuie sur des partenariats renforcés avec les grands acteurs de la recherche française, notamment le CNRS, le CEA et l’INSERM. Le LULI 2000 illustre la qualité de cette coopération, puisqu’il est une Unité mixte du CNRS, du CEA, de l’École polytechnique et de l’Université Paris VI. Il associe également les collectivités locales. Il a vocation à devenir une grande installation européenne, qui contribuera au rayonnement de l’École et qui devrait susciter un grand nombre de développements communs avec l’industrie.
Ce projet est également un modèle des synergies entre les efforts de recherche civile et militaire. Roger-Gérard Schwartzenberg et moi-même sommes très attachés à développer cette dualité mutuellement bénéfique. Le renforcement des efforts de la Défense en matière de recherche constitue l’une des priorités de mon action car cela conditionne l’accès pérenne de nos forces aux capacités technologiques qui leur sont nécessaires.
Au total, le plan “X 2000” est de nature à permettre à l’École polytechnique de se donner les moyens de relever le défi de la concurrence mondiale des organismes de formation et de recherche. L’État, l’École et ses partenaires se sont mobilisés très tôt pour engager une réflexion profonde. Il vous reste aujourd’hui à “ transformer l’essai ”.
Aux élèves de la promotion 99
Je voudrais terminer mon propos en m’adressant plus particulièrement à vous, les élèves de la promotion 99.
Au cours des deux siècles écoulés, l’École polytechnique a su évoluer considérablement. À votre tour, sachez évoluer, prenez-en l’initiative, pour prolonger l’élan de vos anciens. L’adaptation n’est-elle pas une vertu scientifique ?
Le domaine scientifique nécessite, je crois, de l’opiniâtreté, et en même temps de l’aptitude à changer : savoir renoncer à ses hypothèses, en inventer d’autres, les disqualifier à leur tour pour trouver enfin les bonnes solutions. Bref, toujours conserver la méthode, mais savoir faire son deuil des postulats dépassés.
Le baptême de votre promotion est un jour important pour vous. Il l’est aussi pour vos parents et vos familles, qui sont présents autour de vous aujourd’hui, car ils ont fortement contribué à votre réussite dont ils peuvent être légitimement fiers.
Ce jour solennel est aussi pour moi l’occasion de vous rappeler vos engagements. Éduqués comme une élite de la connaissance et du savoir, vous avez plus de devoirs que d’autres. Grâce à votre travail, grâce aussi à l’investissement de la collectivité, vous avez maintenant, chacune et chacun d’entre vous, votre rôle à jouer dans la construction de notre avenir commun.
En vous souhaitant bonne chance pour vos engagements et vos projets futurs, je garde à l’esprit notre tâche exigeante de maintenir ici ce pôle d’excellence qui participe notablement à nos succès collectifs dans le monde.
* *
*
Le Ministre a inauguré l’extension LULI 2000 du Laboratoire pour l’utilisation des lasers intenses (LULI). Ce laboratoire, situé dans l’enceinte de l’École, est commun au CNRS, au CEA, à l’École polytechnique et à l’Université Paris VI. Le LULI possède déjà les plus grands lasers civils français.
Cette visite inaugurale du Ministre de la Défense a mis en avant l’intérêt des efforts conjoints entre recherches civile et de défense. LULI 2000 avec ses retombées technologiques développées en partenariat avec de nombreux industriels des nouvelles technologies au sein de la Vallée de l’Optique (qui regroupe les instituts de recherche et les industriels autour de la vallée d’Orsay et des plateaux de Saclay- Palaiseau et Marcoussis) en est le meilleur exemple.
Après le cocktail, puis le déjeuner, l’après-midi a été bien remplie par les “ portes ouvertes aux laboratoires ” et la visite de l’exposition Bienvenüe.
Enfin la conférence scientifique de Monsieur Jean-Louis Martin, professeur de biologie, Biologie de “ l’après génome ” : l’heure du décloisonnement et des synergies puis le concert présenté par Musicalix, Les chœurs de l’armée française, avec Mozart, Schubert, Verdi et Berlioz ont bien clôturé cette journée.
Tous les participants méritent d’être félicités pour le déroulement de cette journée dont les familles se souviendront longtemps.