Préserver la solidarité et la dimension humaine
Avec plus de 4 millions de personnes protégées et 10 000 salariés, MGEN est un acteur majeur de la protection sociale. Le point avec Roland Berthilier, Président du groupe.
La MGEN est confrontée à une concurrence accrue sur son champ historique, pourquoi ?
La plupart des ministères fonctionnent désormais par référencement. Tous les Opérateurs Complémentaires d’Assurance Maladie (OCAM) peuvent répondre à un appel d’offre reposant sur un cahier des charges établi par l’employeur, restreignant paradoxalement la liberté des fonctionnaires à choisir leurs propres critères de protection.
Si la liberté d’adhésion reste de mise, la ‘‘concurrence’’ entre opérateurs sur un marché déjà ouvert entraîne des effets pervers : la destruction des solidarités effectives, risques de dumping tarifaire, sélection des profils d’assurés. La santé ne saurait être un produit marchand comme les autres. La MGEN est une communauté de valeurs, de partage et d’entraide qui se matérialise par un accompagnement au quotidien dans une relation de pair à pair, notamment en prévention.
Quelle est donc votre stratégie de diversification ?
Notre croissance répond à une volonté d’organiser la solidarité plus largement avec ceux qui partagent nos convictions et nos valeurs.
Nous avons renforcé nos positions sur l’ensemble de la fonction publique, avec le référencement de 10 ministères et une nouvelle offre pour les personnels hospitaliers, en plus d’une offre pour les agents de la fonction publique territoriale en collaboration avec la MNT.
Nous souhaitons renforcer notre accompagnement des structures de l’Économie Sociale et Solidaire avec MGEN Solutions. Nous avons d’ailleurs obtenu avec le groupe VYV la labellisation CCN Sport.
Quel regard portez-vous sur les contrats collectifs obligatoires ?
L’ANI de 2013 a eu un impact sur la couverture des ménages les plus modestes et l’accès aux soins. Mais, l’an dernier, l’IRDES évaluait les pertes en termes de bien-être supérieures aux gains, particulièrement pour les populations les plus fragiles, avec des niveaux de protection parfois inférieurs. En 2017, ¼ des personnes bénéficiant d’une complémentaire d’entreprise avait recours à des options ou à une surcomplémentaire, ajoutant un niveau de complexité pour les assurés.
L’ANI n’aurait aucun sens dans le public, l’adhésion étant historiquement individuelle pour correspondre au plus proche des besoins et la solidarité exercée avec les retraités. Ce qui n’est pas le cas des contrats collectifs obligatoires portés par les entreprises privées, entraînant une segmentation avec les actifs. Enfin, la protection sociale des fonctionnaires porte l’héritage de garanties spécifiques fondées sur un couplage santé et prévoyance répondant à la spécificité du statut des fonctionnaires.
Quel rôle peut jouer la MGEN dans la société de la longévité et la Silver économie ?
La MGEN s’engage dans le bien-vieillir, notamment par l’innovation technologique et sociale au service de la médecine et de la prévention. Elle a d’ailleurs été labélisée dans le cadre de l’art. 51 de la LFSS 2018 pour porter des expérimentations avec le ministère de la Santé. Mais c’est davantage sur la dépendance que se braquent les regards aujourd’hui, un marché encore restreint avec des offres souvent complexes.
Nous proposons une garantie dépendance en inclusion dans le prolongement de notre solidarité intergénérationnelle, complétée par une importante politique d’accompagnements et d’action sociale pour assurer le maintien à domicile et en société le plus longtemps possible, et un soutien aux aidants.
La gestion d’établissements suscite l’intérêt de groupes commerciaux, qui possèdent déjà près d’un tiers des EHPAD. L’obligation de rentabilité est cependant un risque pour la qualité de service, et les politiques tarifaires peuvent parfois rejeter des populations déjà fragilisées et victimes de la saturation des établissements publics.
À travers les 10 EPHAD que nous gérons, au sein de VYV Care, notre priorité est de préserver les qualités humaines de traitement des résidents. C’est l’un des défis majeurs du mutualisme : face aux logiques de marché, nous voulons préserver la solidarité et la dimension humaine.
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