Vue du Lac Kivu

Projet de e‑plateforme « Resserre de documents et projets »

Dossier : ExpressionsMagazine N°799 Novembre 2024
Par Pierre MOULIN (X49)

Voi­ci une pro­po­si­tion ver­tueuse qui s’appuie sur l’expérience, en vue du large par­tage des docu­ments et des pro­jets. Appel à volontariat !

Recueillir et sto­cker des don­nées et autres docu­ments, plu­tôt que de les jeter à la cor­beille, est une démarche de pré­cau­tion louable. Ain­si est évi­té le risque que des valeurs soient per­dues. D’où l’intérêt de faci­li­ter l’accès à ces docu­ments pour libre consul­ta­tion, choix des plus per­ti­nents, et leur télé­char­ge­ment pour uti­li­sa­tion. Une pla­te­forme dédiée à ces opé­ra­tions dans le cloud y pour­voi­rait uti­le­ment, au béné­fice de l’intérêt général.

Créer une sorte d’armoire virtuelle

J’appelle donc à la créa­tion d’une e‑plateforme, pour y loger une sorte d’armoire de dépôt de tous docu­ments – idées, concepts, pro­jets – orphe­lins et sans emploi bien que d’intérêt cer­tain. Elle serait ouverte à tout élève X et membre de l’AX enga­gé dans le déve­lop­pe­ment d’un pro­jet ou à la recherche d’une réa­li­sa­tion pour laquelle il juge avoir l’habilité requise. Sur libre consul­ta­tion des docu­ments conte­nus dans l’armoire, il télé­char­ge­rait tel ou tel qu’il ver­rait sus­cep­tible de l’aider dans sa démarche. Je pro­pose de l’appeler « e‑plateforme Res­serre » (res­serre dans le Larousse : local où l’on range des objets, des outils, dis­po­nibles pour utilisation).


L’exemple du lac Kivu

Ce concept, pour sa meilleure com­pré­hen­sion, je l’illustre par un cas per­son­nel : un pro­jet gazier en Cen­tra­frique, pour la pro­mo­tion duquel j’ai pro­duit et ras­sem­blé de nom­breux docu­ments ; mais sans que je réus­sisse à leur don­ner la visi­bi­li­té suf­fi­sante pour que repre­neur et finan­ciers se manifestent. 

Le lac Kivu recèle, dis­sous dans ses eaux pro­fondes, un mélange gazeux (60 % CO2 – 40 % CH4). Son inexo­rable mon­tée en pres­sion consti­tue un risque d’explosion, avec un impact catas­tro­phique régio­nal (cf. le lac Nyos). L’extraction de ce gaz est donc un must, mais sans que soit modi­fiée la stra­ti­gra­phie des eaux, qui condui­rait à une telle explo­sion. Un mode ori­gi­nal de pro­duc­tion éli­mi­nant ce risque, cou­plé avec une dis­tri­bu­tion directe du gaz aux popu­la­tions rive­raines et voi­sines sous forme de GNL, a été expé­ri­men­té avec suc­cès par une équipe fran­çaise. Cepen­dant, le déve­lop­pe­ment de ce pro­jet à fort impact éco­no­mique, social, envi­ron­ne­men­tal n’a pas abou­ti : contexte poli­tique adverse, finan­ce­ment refu­sé, for­tune de mer du pro­to­type, enfin décès de l’inventeur, prin­ci­pal acteur. 

Quel ave­nir pour ce pro­jet de grande urgence et d’impact régio­nal ? Com­ment le favo­ri­ser ? Si la e‑plateforme Res­serre avait exis­té, j’y aurais dépo­sé tous les docu­ments le concer­nant. En son absence, toute pro­ba­bi­li­té de réa­li­sa­tion du pro­jet dis­pa­raî­tra avec moi. 


Quel contenu viser pour l’armoire ?

Pre­miers can­di­dats à un dépôt sur cette pla­te­forme : les réponses aux appels d’offres jugées être les meilleures des moins-disantes. Comme maître d’ouvrage, maître d’œuvre, ingé­nieur-conseil selon les moments de ma car­rière, j’en ai eu une pra­tique variée et j’ai sou­vent regret­té qu’aucun sto­ckage ne puisse être fait, pour réem­ploi éven­tuel. Bien que non choi­sies, sans emploi, elles conservent une valeur poten­tielle à pro­por­tion des éco­no­mies de temps et coûts qu’apporterait leur réuti­li­sa­tion dans la pré­pa­ra­tion de réponses à d’autres appels d’offres pour de nou­veaux pro­jets d’objet voi­sin. Il est d’intérêt géné­ral donc qu’elles ne soient pas jetées à la cor­beille, mais sto­ckées dans le cloud, acces­sibles pour consul­ta­tion et téléchargement.

Autres can­di­dats : les start-up qui échouent à se déve­lop­per et dis­pa­raissent sans repre­neur. La mémoire de leurs acti­vi­tés mérite d’être conser­vée et dis­po­nible, au pro­fit de nou­veaux entrepreneurs.

De mon grand-père ami­ral, à son retour d’engagements en mer de Chine, j’ai héri­té d’une recette d’origami très com­plexe figu­rant une jonque. En for­mat minia­ture à par­tir d’une mince feuille de métal pré­cieux, elle peut inté­res­ser la joaille­rie. Or j’ai véri­fié qu’aucun site dédié, tel que Sen­ba­zu­ru, ne pro­pose ce pliage. Sa rare­té lui donne une valeur cer­taine. Le dépôt que j’ai fait d’une enve­loppe e‑Soleau (étape préa­lable au dépôt d’une demande de titre de pro­prié­té indus­trielle auprès de l’Inpi) n’assure pas sa survie.

Large est donc l’éventail des dépôts qui pour­raient être faits sur la e‑plateforme Res­serre. Mais c’est là une démarche que sans doute pra­tiquent les FCPI, FIP et autres socié­tés à risques et mul­ti­por­te­feuilles ? Une concer­ta­tion avec elles s’impose, plu­tôt que concur­rence et doublons.

Appel à se manifester !

Nul doute, bon nombre de cama­rades trou­ve­ront pro­fit un jour ou l’autre à l’utiliser. En toute logique, ils devraient être enclins à par­ti­ci­per à sa créa­tion. Un défi, car il ne manque pas de dif­fi­cul­tés concrètes à la réa­li­sa­tion de ce qui n’est encore qu’un concept. Voi­ci une liste non limi­ta­tive : quelle infra­struc­ture, quel sys­tème de ges­tion (entrées et sor­ties), quel finan­ce­ment, quelles règles du jeu dans le res­pect du droit sur les don­nées ? Un appel à se mani­fes­ter est donc fait aux cama­rades convain­cus de l’intérêt de ce pro­jet. Il leur revien­dra de s’organiser en une équipe de tra­vail effi­cace. À ses res­pon­sables, je pas­se­rai volon­tiers le témoin.

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