Europe : quel projet ?
Après le Brexit la question se pose de redéfinir le projet des pays membres de l’Union européenne dans un monde où l’émergence de la Chine comme la principale puissance économique face aux États-Unis se traduit par des changements dans l’organisation politique, dont on commence à voir des signes avant-coureurs : l’ambiguïté des USA vis-à-vis de l’Otan, le cavalier seul du Royaume-Uni, les initiatives russes au Moyen-Orient et les initiatives chinoises connues sous le nom « nouvelles routes de la soie », une présence croissante de la Chine en Afrique et en Europe dans le domaine économique. Dans ce contexte quel rôle peut jouer l’Union européenne ?
Dès l’origine l’Union européenne a été conçue pour créer une zone de paix favorable au développement économique, qui a permis le boom des trente glorieuses, et a été un pôle d’attraction puissant pour les autres États européens. Dans les années 70–80 elle a trouvé une vraie légitimité en créant le Marché intérieur, en organisant certains pans de l’activité économique, la politique agricole commune en harmonisant certains, en lançant des programmes de recherche et en accélérant le déploiement des infrastructures au travers des programmes de développement régionaux. Dans les années 90, après la réunification allemande, la mise en place de la zone euro a permis de générer une nouvelle accélération, mais cette zone euro, chahutée par la crise de 2008, n’a pas bénéficié de manière équivalente à tous ses membres, faute de coordination de leurs politiques budgétaires et économiques.
« La zone euro n’a pas bénéficié de manière équivalente
à tous ses membres. »
Des craquements sont apparus dans le fonctionnement politique de l’Union, d’abord avec les référendums ratés, au Danemark pour la ratification du traité de Maastricht, puis en France et aux Pays-Bas pour la ratification du traité de Lisbonne (la Constitution européenne) en 2005. La sortie du Royaume-Uni à la suite d’un référendum, perdu en 2016 par le gouvernement de l’époque, a plongé l’Union dans un grand désordre. La crise sanitaire du début de cette année a commencé par mettre en évidence un grand désarroi de l’Union. La santé n’est pas dans les attributions de l’Union, mais cela a confirmé l’absence de vision commune. Dans un deuxième temps la Commission a pris conscience des risques et, à l’initiative d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron, le lancement du plan de relance et d’un emprunt commun traduit une étape importante vers une Union plus politique.
La Jaune et la Rouge avait réalisé un dossier sur l’Europe peu de temps après la crise grecque et au moment où la stabilité de l’euro était en question. Au moment où le Royaume-Uni quitte l’Union, il a semblé judicieux de reprendre le sujet dans une nouvelle perspective. Ce dossier, compte tenu de sa richesse, est organisé en deux parties qui seront publiées dans deux numéros séparés.
Consulter le dossier sur le projet de l’Union Européenne : Europe, partie 1