Les zones urbaines seront-elles le principal lieu d’opérations armées?

Prospective et défense : même combat

Dossier : La politique militaireMagazine N°570 Décembre 2001
Par Michel BOUVET (78)

Histoire de la prospective au sein du ministère de la Défense

Histoire de la prospective au sein du ministère de la Défense

Il faut d’a­bord remar­quer que, de tout temps, le minis­tère char­gé de la Défense a été actif et nova­teur en matière de pros­pec­tive. Citons sim­ple­ment ici le CPE (Centre de pros­pec­tive et d’é­va­lua­tion) et le GROUPES, ancêtres de la DAS (Délé­ga­tion aux affaires stra­té­giques), qui ont tra­vaillé sur des concepts tels que la dis­sua­sion du faible au fort (concept auquel la plu­part des puis­sances nucléaires actuelles se sont fina­le­ment ral­liées), la manœuvre des héli­co­ptères de com­bat ou la force d’ac­tion rapide. Le dis­po­si­tif actuel est dif­fé­rent mais la démarche pros­pec­tive est tou­jours pré­sente et active au sein du minis­tère de la Défense.

Ce qu’est la prospective

Mais qu’est-ce que la pros­pec­tive et quel est son rôle ?


Les zones urbaines seront-elles le prin­ci­pal lieu d’opérations armées ? © BLANCHARD/BD/MÉDIA 

La pros­pec­tive peut être défi­nie comme une démarche volon­ta­riste qui consiste à anti­ci­per les consé­quences pour demain des déci­sions à prendre aujourd’­hui. Elle se place dans le champ des futurs pos­sibles et peut uti­li­ser des don­nées d’analyse.

La pros­pec­tive est évi­dem­ment une aide à la déci­sion : prendre aujourd’­hui les » bonnes » déci­sions en ayant étu­dié les enjeux et les risques de toutes les déci­sions sus­cep­tibles d’être prises. Mais pas de mélange des genres : il faut veiller à ne pas mélan­ger les ana­lyses pros­pec­tives et la prise de déci­sions. Les acteurs de la pros­pec­tive doivent pro­po­ser dif­fé­rentes solu­tions condui­sant à dif­fé­rents futurs pos­sibles. Mais, le choix revient aux décideurs.

La pros­pec­tive est aus­si une aide au débat qui se nour­rit des réac­tions des uns et des autres aux ana­lyses faites. En matière de pros­pec­tive, il n’y a pas de véri­té. La pros­pec­tive n’est ni de la pré­vi­sion ni de la pré­dic­tion. Si une chose est sûre, c’est que le monde futur sera dif­fé­rent de tout ce qu’on peut imaginer.

Par­mi les qua­li­tés néces­saires à une bonne pros­pec­tive, citons-en trois :

  • la confiance entre les dif­fé­rents intervenants ;
  • leur ouver­ture d’es­prit et la prise en compte de dif­fé­rentes cultures ;
  • l’ab­sence de contraintes ou de tabous, en tout cas, dans une pre­mière étape de réflexion qui se doit d’être très libre.

Le dispositif actuel : la théorie

S’a­gis­sant des ques­tions de défense, le cadre poli­tique en amont est don­né par le Livre blanc sur la défense, réac­tua­li­sé régu­liè­re­ment, de façon publique (en ce sens, le rap­port annexé à la loi de pro­gram­ma­tion mili­taire 1996–2002 est exem­plaire) ou non. Il four­nit l’é­clai­rage stratégique.

Depuis 1996, les actions de pros­pec­tive sont arti­cu­lées autour du Plan pros­pec­tif à trente ans (PP30), base dont découlent des actions concrètes de pré­pa­ra­tion du futur, plans d’é­tudes, poli­tique inter­na­tio­nale du minis­tère ou poli­tique tech­no­lo­gique en matière d’ar­me­ment. Les inter­ve­nants sont mul­tiples au sein du minis­tère de la Défense, cha­cun par­ti­cu­liè­re­ment légi­time sur un sec­teur par­ti­cu­lier (citons la Délé­ga­tion aux affaires stra­té­giques sur les ques­tions géos­tra­té­giques, les états-majors, en par­ti­cu­lier l’é­tat-major des armées, pour les aspects opé­ra­tion­nels et la Délé­ga­tion géné­rale pour l’ar­me­ment sur les thèmes tech­no­lo­giques) mais tous non seule­ment peuvent mais doivent contri­buer à enri­chir la réflexion générale.

Le PP30

Le PP30 exa­mine les évo­lu­tions des maté­riels de défense sur les trente pro­chaines années. C’est un docu­ment clas­si­fié, dif­fu­sé à envi­ron 500 exem­plaires au sein du minis­tère de la Défense. Sa rédac­tion est col­lé­giale, pilo­tée par le col­lège des archi­tectes de sys­tèmes de forces de la Délé­ga­tion géné­rale pour l’ar­me­ment et les offi­ciers de cohé­rence opé­ra­tion­nelle des états-majors qui s’ap­puient tous sur le réseau des » pen­seurs » de la défense.

Des robots terrestres pour guider les avions
Des robots ter­restres gui­de­ront-ils des avions de com­bat vers leur cible ? © © BLANCHARD/BD/MÉDIA 

» Pour­quoi trente ans ? » est une ques­tion sou­vent posée. Trente ans est la durée de vie moyenne des équi­pe­ments de défense. Donc, dans trente ans, tous les sys­tèmes actuels auront été rem­pla­cés ou seront sur le point de l’être. Mais sur­tout, il fal­lait trou­ver une durée suf­fi­sam­ment longue pour échap­per à la ten­ta­tion de faire se suc­cé­der un avion de com­bat à un avion de com­bat ou un char à un char. À trente ans, l’ex­tra­po­la­tion, sur­tout linéaire, n’est plus de mise.

Un rai­son­ne­ment par sys­tème de forces a été adop­té. Une ana­lyse menée armée par armée ne per­met plus de prendre en compte les besoins capa­ci­taires néces­sai­re­ment inter­ar­mées ni les approches trans­verses, tech­no­lo­giques en par­ti­cu­lier. Une grille de lec­ture par sys­tème de forces a donc été défi­nie et est uti­li­sée. Un sys­tème de forces cor­res­pond à une grande mis­sion ou à une grande fonc­tion (elles sont au nombre de huit)1 et per­met d’exa­mi­ner la cohé­rence au niveau global.

L’exa­men par sys­tème de forces est com­plé­té par trois types de pros­pec­tive trans­verse, trai­tant res­pec­ti­ve­ment des aspects géos­tra­té­giques, tech­no­lo­giques et opé­ra­tion­nels (modes de com­bat futurs).

Prospective et préparation du futur

Une île flottante comme base de départ des opérations
L’île flot­tante sera-t-elle la base de départ des opé­ra­tions de pro­jec­tion de demain ?© © BLANCHARD/BD/MÉDIA 

Le PP30 est le docu­ment de base des actions du minis­tère de la Défense pour la pré­pa­ra­tion du futur en matière de maté­riel de défense. C’est non seule­ment un outil d’aide au débat et à la réflexion, mais c’est aus­si un outil d’aide à la déci­sion. De lui découlent toutes les actions concrètes de pré­pa­ra­tion du futur, tant les pro­grammes d’é­tudes (qu’elles soient à carac­tère tech­no­lo­gique, les études amont, ou à carac­tère plus opé­ra­tion­nel, les études tech­ni­co-opé­ra­tion­nelles) que les stra­té­gies tech­no­lo­giques et sec­to­rielles (autre­fois qua­li­fiées de poli­tique industrielle).

Les réflexions du PP30 ne sont donc pas décou­plées de la réa­li­té. Non seule­ment parce qu’il traite des trente pro­chaines années (de toutes les trente pro­chaines années, y com­pris l’an­née en cours, la pro­gram­ma­tion mili­taire, les tra­vaux de pla­ni­fi­ca­tion et les évo­lu­tions déjà déci­dées), mais aus­si parce que c’est un ins­tru­ment réel d’o­rien­ta­tion et de pilo­tage d’ac­tions concrètes et de mise en place et d’af­fec­ta­tion de crédits.

La prospective sur la prospective

Uti­li­sant la liber­té de réflexion qui sied non seule­ment à un exer­cice pros­pec­tif mais aus­si à cette revue, ris­quons-nous à la pros­pec­tive sur la pros­pec­tive de défense. Ce qui suit ne sont que quelques pistes per­son­nelles visant à amé­lio­rer une situa­tion qui, sans fausse modes­tie, est déjà bonne. Quelle autre admi­nis­tra­tion cherche à prendre son des­tin en main en rai­son­nant à échéance de trente ans ? Quelle autre enti­té, publique ou pri­vée, peut voir sans mani­fes­ta­tions exces­sives son bud­get et ses per­son­nels réduits dans les pro­por­tions des chocs subis par la défense ? Et pour sim­ple­ment prendre l’exemple de l’ar­mée de terre, qui est consciente qu’elle est pas­sée d’une armée de conscrip­tion de 225 000 hommes, atten­dant le » grand jour » dans ses casernes, en entraî­ne­ment ou en for­ma­tion, à une armée de 135 000 pro­fes­sion­nels en situa­tion de sur­chauffe due à un taux d’in­ter­ven­tion exté­rieure considérable ?

Fantassin du futur
Démons­tra­teur du fan­tas­sin du futur. © SIRPA TERRE

FÉLIN :
un exemple concret de démarche pros­pec­tive réussie

Le pro­jet de sys­tème com­bat­tant vise à mettre en ser­vice, à l’ho­ri­zon 2006, un équi­pe­ment des­ti­né à amé­lio­rer les capa­ci­tés du fan­tas­sin en matière d’ob­ser­va­tion, de com­mu­ni­ca­tion, d’a­gres­sion, de mobi­li­té et de pro­tec­tion. Le sys­tème, inté­gré, évo­lu­tif et modu­lable, a été bap­ti­sé FÉLIN (Fan­tas­sin à équi­pe­ments et liai­sons intégrés).

La pré­pa­ra­tion de ce sys­tème a fait l’ob­jet d’é­tudes pros­pec­tives à par­tir de 1986, menées avec l’é­quipe de Michel Godet du Conser­va­toire natio­nal des arts et métiers. La réflexion, axée ini­tia­le­ment sur la pro­tec­tion du com­bat­tant, a été réorien­tée vers la pro­blé­ma­tique glo­bale de l’ef­fi­ca­ci­té du fan­tas­sin. Les outils pros­pec­tifs uti­li­sés ont été l’a­na­lyse struc­tu­relle et l’a­na­lyse mor­pho­lo­gique. La mise en œuvre de ces méthodes par une équipe ima­gi­na­tive et plu­ri­cul­tu­relle a été la clé du suc­cès : un pro­gramme vient d’être lan­cé visant à équi­per, dans un pre­mier temps, 10 000 fan­tas­sins à par­tir de 2006.


Dans un pre­mier temps, le dis­po­si­tif actuel pour­rait être com­plé­té, par exemple, en pour­sui­vant la mise en rela­tion (la mise en réseau) des dif­fé­rents bureaux, ser­vices ou indi­vi­dus qui font de la pros­pec­tive au sein du minis­tère de la Défense, et ils sont nom­breux. S’a­gis­sant de la tech­no­lo­gie, il convien­drait d’a­voir une démarche ambi­tieuse de démons­tra­teurs2 : dans un monde plus incer­tain et plus com­plexe qu’a­vant, il serait sain d’ex­plo­rer davan­tage de situa­tions, de pos­si­bi­li­tés, tech­no­lo­gi­que­ment mais aus­si opé­ra­tion­nel­le­ment, pour pas­ser ensuite, s’a­gis­sant des maté­riels, au déve­lop­pe­ment et à la pro­duc­tion lors­qu’on sait mieux ce qu’on veut et accé­lé­rer la réa­li­sa­tion de ces phases indus­trielles. Une » petite » remarque mérite d’être faite : ceci néces­si­te­ra sans doute de revoir la régu­la­ri­té de la répar­ti­tion des cré­dits aux dif­fé­rents états-majors au fil des bud­gets3 : durant trois ans un effort doit peut-être être fait sur un avion de com­bat pour l’ar­mée de l’air, avant d’aug­men­ter consi­dé­ra­ble­ment les bud­gets pour un pro­gramme de sous-marin, puis d’in­ten­si­fier les efforts bud­gé­taires pour les maté­riels terrestres.

Des pro­grès peuvent aus­si être atten­dus d’un élar­gis­se­ment du panel des inter­ve­nants aux réflexions pros­pec­tives de défense, orga­ni­sées au sein du minis­tère, en France mais aus­si en Europe, et d’un élar­gis­se­ment des thèmes trai­tés (éco­no­mie, res­sources humaines…). Ceci est déjà en cours.

Les conflits du futur seront-ils entièrement automatisés ?
Les conflits du futur seront-ils entiè­re­ment auto­ma­ti­sés et à dis­tance ? © BLANCHARD/BD/MÉDIA

Cel­lule de prospective

Par­tant de quelques prin­cipes simples :
► néces­si­té d’une pros­pec­tive inno­vante et sans tabou,
liber­té de réflexion,
confiance mutuelle entre les inter­ve­nants,
plu­ri­cul­tu­ra­li­té,
réflexion profonde,

une orga­ni­sa­tion pos­sible d’une cel­lule de pros­pec­tive au sein du minis­tère de la Défense peut être pro­po­sée. Cette cel­lule ne se sub­sti­tue­rait pas aux struc­tures exis­tantes. Elle les com­plé­te­rait. De façon à ne pas dés­équi­li­brer l’é­qui­libre actuel (glo­ba­le­ment pro­duc­tif) entre ces struc­tures et à bien appré­hen­der l’en­semble des aspects et domaine à prendre en compte, cette cel­lule serait rat­ta­chée direc­te­ment au ministre ou à son cabi­net (qui s’en­ga­ge­rait à ne pas l’u­ti­li­ser pour trai­ter des urgences). 

Elle serait com­po­sée d’une quin­zaine de per­sonnes, pro­fes­sion­nels déjà expé­ri­men­tés issus des dif­fé­rents orga­nismes du minis­tère (ingé­nieur, avia­teur, marin, ter­rien, gen­darme, admi­nis­tra­tif, juriste…) et de dif­fé­rentes cultures exté­rieures (diplo­mate, cher­cheur, économiste…). 

Ses mis­sions seraient fixées par un comi­té de pilo­tage for­mé du chef d’é­tat-major des armées, du délé­gué géné­ral pour l’ar­me­ment et du direc­teur char­gé des affaires stra­té­giques sous la forme de thèmes à trai­ter dans un délai pro­pice à la réflexion, de l’ordre de six mois (les sys­tèmes anti­mis­siles, la fusion de l’aé­ro­na­vale et de l’ar­mée de l’air, l’in­té­gra­tion dans l’O­tan…) ou des fiches de réac­tions per­son­nelles de deux ou quatre pages. Pour les cin­quante autres pour cent du temps, la cel­lule s’au­to­sai­si­rait de sujets qu’elle choi­si­rait, par exemple des sujets » sen­sibles » *, ou conser­ve­rait un espace de liber­té (for­ma­tion, par­ti­ci­pa­tion à des sémi­naires ou col­loques, écri­ture de livres…). Ses membres devraient être assu­rés, d’une part, d’une durée suf­fi­sante d’af­fec­ta­tion (trois ans par exemple) et, d’autre part, d’un poste inté­res­sant à l’is­sue de son affec­ta­tion à cette cel­lule (pas de pres­sion du corps d’o­ri­gine limi­tant » l’innovation »).
_______________________________
* Réforme du décret de 1982. Et si un SNLE ne rentre pas, un jour ? Et si un pays majeur quitte bru­ta­le­ment l’U­nion euro­péenne ? Et si les USA se retirent de l’O­tan ? Et si l’exis­tence d’armes non létales conduit à inter­dire les armes létales ? Et si un pays décou­vrait une arme infor­ma­tique » impa­rable » ? Et si…


Il fau­drait ren­for­cer l’u­ti­li­sa­tion de war­games, y com­pris au niveau poli­tique, minis­té­riel y com­pris. C’est ce qu’ont com­pris depuis long­temps les Anglo-Saxons, avec des exer­cices du type » the day after » en par­ti­cu­lier. Ceci néces­si­te­ra, au niveau fran­çais, un chan­ge­ment de culture.

Enfin, beau­coup peut être atten­du d’une inten­si­fi­ca­tion (d’au­cuns diraient d’une créa­tion) d’une démarche pros­pec­tive réel­le­ment déran­geante et déca­pante, sans tabou. Se mettre dans une démarche ex nihi­lo, sans cher­cher à extra­po­ler la situa­tion actuelle est déjà en germe dans les réflexions du PP30. Mais il faut aller plus loin. L’en­ca­dré qui suit pro­pose une orga­ni­sa­tion pos­sible pour démar­rer cette pros­pec­tive réel­le­ment explo­ra­toire. Faute de quoi, la réflexion stra­té­gique de défense sera pilo­tée voire confis­quée par des enti­tés exté­rieures au minis­tère de la Défense. Celui-ci se doit de res­ter force de proposition !

Cet article doit beau­coup à de nom­breuses dis­cus­sions avec Yves Boyer (FRS) et le GCA d’An­selme (DGA/SASF). L’au­teur s’ex­prime néan­moins à titre personnel.

1. Dis­sua­sion, com­man­de­ment, com­mu­ni­ca­tions, conduite et ren­sei­gne­ment, mobi­li­té, frappe dans la pro­fon­deur, maî­trise du milieu aéro­ter­restre, maî­trise du milieu aéro­ma­ri­time, maî­trise du milieu aéro­spa­tial, pré­pa­ra­tion et main­tien de la capa­ci­té opérationnelle.
2. Tels un engin blin­dé à roues de contact, un essaim de micro­sa­tel­lites d’a­lerte ou…
3. Et donc de remettre à plat le décret de 1982 qui, en par­ti­cu­lier, défi­nit les mis­sions des chefs d’état-major.


 

Commentaire

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Ano­nymerépondre
8 novembre 2011 à 16 h 26 min

Certes mais…

Bon­jour, Le fait est que la lec­ture de cet article m’a lais­sé quelque peu perplexe.

Je cite :

« Dans un pre­mier temps, le dis­po­si­tif actuel pour­rait être com­plé­té, par exemple, en pour­sui­vant la mise en rela­tion (la mise en réseau) des dif­fé­rents bureaux, ser­vices ou indi­vi­dus qui font de la pros­pec­tive au sein du minis­tère de la Défense, et ils sont nom­breux ». Cela existe. Cela s’ap­pelle le CCRP (comi­té de cohé­rence de la recherche stra­té­gique et de la pros­pec­tive de défense) et ras­semble la DGA, l’E­MA, le SGA, la DEMS, le tout sous la pré­si­dence de la DAS. Il joue jus­te­ment ce rôle. Son bilan vient d’être approu­vé par le ministre.

« Le Livre blanc sur la défense, réac­tua­li­sé régu­liè­re­ment, de façon publique (en ce sens, le rap­port annexé à la loi de pro­gram­ma­tion mili­taire 1996–2002 est exem­plaire) ou non. Il four­nit l’é­clai­rage stra­té­gique »…il y a un mélange des genres entre un docu­ment d’es­sence inter­mi­nis­té­riel qui est char­gé de défi­nir une stra­té­gie glo­bale en matière de sécu­ri­té et de défense, et le rap­port de pros­pec­tive géos­tra­té­gique inti­tu­lé Hori­zons stra­té­giques, asso­ciant bon nombre d’or­ga­nismes de la Défense. et qui, LUI, four­nit l’é­clai­rage stra­té­gique au ministère.

« Depuis 1996, les actions de pros­pec­tive sont arti­cu­lées autour du Plan pros­pec­tif à trente ans (PP30) ». C’est faux. Le PP30 ne concerne que la pros­pec­tive tech­ni­co-opé­ra­tion­nelle. Depuis 2008 le docu­ment a même per­du son 1er cha­pitre, qui four­nis­sait l’é­clai­rage géos­tra­té­gique. « Des pro­grès peuvent aus­si être atten­dus d’un élar­gis­se­ment du panel des inter­ve­nants aux réflexions pros­pec­tives de défense, orga­ni­sées au sein du minis­tère, en France mais aus­si en Europe, et d’un élar­gis­se­ment des thèmes trai­tés (éco­no­mie, res­sources humaines…). Ceci est déjà en cours. ». Vous le men­tion­nez, c’est effec­ti­ve­ment déjà en cours. Et ce depuis quelques années. Le minis­tère ne s’est pas inter­dit de réflé­chir aux enjeux stra­té­giques du réchauf­fe­ment cli­ma­tiques ou à la crise éco­no­mique et finan­cière. En la matière, le panel d’in­ter­ve­nant est déjà très large, tant ins­ti­tu­tion­nels que pri­vés, fran­çais et étran­gers. « Cette cel­lule ne se sub­sti­tue­rait pas aux struc­tures exis­tantes. Elle les com­plé­te­rait. De façon à ne pas dés­équi­li­brer l’é­qui­libre actuel (glo­ba­le­ment pro­duc­tif) entre ces struc­tures et à bien appré­hen­der l’en­semble des aspects et domaine à prendre en compte, cette cel­lule serait rat­ta­chée direc­te­ment au ministre ou à son cabi­net (qui s’en­ga­ge­rait à ne pas l’u­ti­li­ser pour trai­ter des urgences). Elle serait com­po­sée d’une quin­zaine de per­sonnes, pro­fes­sion­nels déjà expé­ri­men­tés issus des dif­fé­rents orga­nismes du minis­tère (ingé­nieur, avia­teur, marin, ter­rien, gen­darme, admi­nis­tra­tif, juriste…) et de dif­fé­rentes cultures exté­rieures (diplo­mate, cher­cheur, éco­no­miste…). Ses mis­sions seraient fixées par un comi­té de pilo­tage for­mé du chef d’é­tat-major des armées, du délé­gué géné­ral pour l’ar­me­ment et du direc­teur char­gé des affaires stra­té­giques sous la forme de thèmes à trai­ter dans un délai pro­pice à la réflexion, de l’ordre de six mois (les sys­tèmes anti­mis­siles, la fusion de l’aé­ro­na­vale et de l’ar­mée de l’air, l’in­té­gra­tion dans l’O­tan…) ou des fiches de réac­tions per­son­nelles de deux ou quatre pages. » : ce que vous décri­vez cor­res­pond au fonc­tion­ne­ment en cours du CCRP. Mer­ci de cette ini­tia­tive donc, mal­gré quelques ajus­te­ments nécessaires.…

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