Puissance de l’ellipse. Dé-coïncider d’avec le Cercle.
Pour ceux qui ont le sentiment de tourner en rond dans un monde secoué par des crises multiples où chacun affiche de façon péremptoire des opinions contradictoires sur les causes et les remèdes, la lecture de Puissance de l’ellipse de Marc Guillaume sera une évasion vivifiante.
Au départ, le coauteur autrefois de L’Anti-économique affirme que l’humanité est conique. Un cône sectionné à l’horizontale donne un cercle, cette figure bornée, où le centre domine la périphérie, le vrai chasse le faux, reflétant l’univers étriqué des êtres qui ne se veulent que rationnels. Quand on aborde le cône par une coupe oblique tout change, et le lecteur, le penseur, l’acteur découvrent « la puissance de l’ellipse ».
L’ellipse a deux foyers, l’autre et moi qui peuvent s’allier (l’amitié et l’amour), mais aussi s’opposer, ce qui permet à la médiation d’intervenir. L’auteur, qui a pratiqué la médiation, fait l’éloge de cette pratique, trop peu utilisée en France, pour réconcilier des vérités contradictoires sans aller jusqu’au jugement tranchant des tribunaux.
L’ellipse ne dit pas tout, puisqu’on parle d’un langage elliptique, ce qui ouvre le vaste champ de la poésie et laisse courir l’imagination. L’ellipse n’aime pas les classements et les jugements catégoriques. En sus du vrai et du faux, elle accepte à équidistance le « ni vrai ni faux ». Elle refuse « la morne immensité des routines circulaires des relations sociales » et, grâce à ses deux foyers de réflexion et d’intuition, elle incite au doute et fonde la Recherche.