Quand la data et l’IA deviennent un levier de performance et un outil d’aide à la décision pour les assureurs
Qantev combine le meilleur du monde de l’assurance santé et des technologies, notamment l’IA et la data, pour permettre aux assureurs de valoriser leurs données au service de leur performance, croissance et développement. Hadrien de March (X10), cofondateur et CTO de Qantev, nous en dit plus dans cet entretien.
Qantev est une aventure entrepreneuriale et humaine qui s’appuie sur les compétences et les expertises de deux cofondateurs. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En 2018, j’ai fondé Qantev avec Tarik Dadi. Il faisait partie des premiers data scientists du Data Innovation Lab d’Axa, un des plus grands groupes d’assurance à l’échelle mondiale. Le Lab se démarquait par son positionnement avant-gardiste sur le créneau de la data science, un domaine encore en cours de structuration à l’époque. Dans le cadre de ses différentes missions à travers le monde, Tarik a très vite pointé du doigt une problématique majeure du secteur de l’assurance santé en comparaison à d’autres branches telles que l’assurance automobile : un retard considérable en matière de transformation digitale ainsi que l’absence de données structurées. A l’issue de cette première expérience, il a décidé de rejoindre Natixis Assurances au poste de Directeur de la data science et c’est à ce moment que nos chemins se sont croisés.
Parmi les problématiques qui intéressaient particulièrement Tarik, on retrouvait l’enjeu de l’optimisation des réseaux de prestataires de soins qui constituait un sujet de niche. En France, où la santé est un marché public, les fournisseurs sont les hôpitaux. Dans les pays où l’assurance santé relève du secteur privé, les assureurs créent ces réseaux de fournisseurs de soins. Cette démarche permet de négocier des avantages préférentiels avec les différents fournisseurs de soins et de proposer, in fine, la meilleure offre de soins possible. Dans ce cadre, la difficulté consiste à réussir à sélectionner les bons fournisseurs de soins pour structurer ce réseau.
De mon côté, à l’école, j’avais réalisé ma thèse sur le sujet du transport optimal qui s’appuie sur l’optimisation de probabilités. J’ai ainsi développé les seuls algorithmes capables de résoudre ce problème d’optimisation des réseaux de soins et de fournir aux assureurs les données qui guideront et objectiveront leurs choix.
Qantev représente le fruit de nos expériences et compétences respectives. À partir de là, nous avons convaincu un premier acteur majeur de l’assurance santé, le groupe Allianz, et avons commencé à travailler sur leur marché au Moyen-Orient.
Qantev mise donc sur l’IA pour accompagner la digitalisation des assureurs qui n’en est encore qu’à ses débuts. Comment cela se traduit-il ?
Depuis nos débuts, Qantev a beaucoup évolué et propose aujourd’hui une plateforme logicielle basée sur l’IA à destination des assureurs santé et vie, deux segments qui partagent de nombreuses similitudes. Cette plateforme comprend notre solution historique de gestion des réseaux de soins permettant l’optimisation et l’identification des meilleurs hôpitaux et médecins à recommander aux assurés afin qu’ils puissent accéder aux meilleurs soins à un coût raisonnable. Cette démarche permet aussi aux assurés d’obtenir un prix plus maîtrisé pour leur police d’assurance santé.
Nous mettons également à leur service des technologies aboutissant à la « data foundation » : à partir de la donnée de l’assureur, nous structurons, nettoyons, et enrichissons des bases de données sur lesquels se reposent nos solutions d’intelligence artificielle qui s’adressent aux différentes équipes métiers et ont vocation à optimiser leur travail au quotidien : il s’agit d’automatiser et améliorer la gestion des demandes de remboursement, accélérer les processus de remboursement, réduire les erreurs… Cette technologie est également capable de détecter les anomalies et de limiter la fraude.
Nous avons aussi développé une technologie d’OCR (Optical Character Recognition) propriétaire et uniquement spécialisée dans les documents que les assureurs reçoivent. Cette dernière est adossée à la dernière génération d’IA permettant d’extraire des informations manuscrites et de les standardiser afin de compléter et d’enrichir la base de données. Par exemple, sur des écritures illisibles de praticiens, nous atteignons un taux de précision de l’ordre de 96 %, alors que les algorithmes de Google ou Microsoft vont plafonner à un taux de performance compris entre 80 et 85 %. Au-delà de l’automatisation et de l’accélération du traitement de ces sujets, nous mettons un point d’honneur à faire en sorte que l’Humain conserve un rôle décisif dans cette chaîne de valeur et puisse garantir que les résultats soient corrects.
En quoi votre approche est-elle différenciante en comparaison des autres acteurs qui proposent des solutions technologiques adossées à l’IA ?
Nos différenciants clés restent notre connaissance approfondie du monde de l’assurance santé et notre maîtrise des technologies de l’IA qui nous procurent un véritable avantage concurrentiel, très apprécié par nos clients. Cela nous permet aussi d’apporter des solutions pertinentes et directement ancrées dans la réalité et les besoins des assureurs. Dans le cas d’usage de détection des fraudes, des abus ou de gaspillages, nous allons développer nos propres algorithmes d’IA pour remonter ces anomalies. Pour développer ces algorithmes qui ciblent un cas de figure concret, la compétence technique et technologique ne suffit pas. Elle doit s’accompagner d’une fine connaissance non seulement du secteur adressé, de ses processus et de ses workflows, mais aussi des métiers de la santé. Ce sont ces synergies qui, in fine, débouchent sur des algorithmes, des modules et des solutions qui vont permettre d’atteindre de hauts niveaux d’automatisation, de performance et de productivité. Pour ce faire, nous avons noué de nombreux partenariats de recherche avec des laboratoires ou des centres de recherche prestigieux comme le Centre de Mathématiques Appliquées (CMAP).
A l’heure actuelle, nous entendons beaucoup parler d’IA et notamment d’IA générative. Ces technologies qui fonctionnent différemment des logiciels que nous utilisions auparavant ne sont pas déterministes. Il est en effet impossible de prédire ce qu’elles vont accomplir et donc difficile de les mettre en place dans une industrie traitant de la santé humaine. Forts de ce constat, chez Qantev, nous avons très tôt exploré comment développer des technologies d’IA générative qui peuvent être utilisées dans notre contexte tout en limitant les risques. Aujourd’hui, nous sommes l’une des rares entreprises technologiques proposant ce type de modèle en production chez de très grands assureurs, et cela dans leurs processus les plus critiques.
“Chez Qantev, nous avons très tôt exploré comment développer des technologies d’IA générative qui peuvent être utilisées dans notre contexte tout en limitant les risques. Aujourd’hui, nous sommes l’une des rares entreprises technologiques proposant ce type de modèle en production chez de très grands assureurs, et cela dans leurs processus les plus critiques.”
Aujourd’hui, vous accélérez votre développement à l’international. Où en êtes-vous et quelles sont les prochaines étapes pour votre entreprise ?
Au sein de Qantev, nous sommes plus d’une cinquantaine de collaborateurs basés principalement à Paris. En parallèle, nous avons ouvert notre bureau à Hong Kong pour servir nos clients dans 5 pays de la région où nous faisons l’expérience d’une très grosse croissance. Nous nous développons aussi dans les Amériques, où il existe une forte appétence pour nos solutions. Nous restons bien sûr aussi actifs dans la région EMEA. Aujourd’hui, nous cherchons à renforcer notre empreinte en Europe, aux États-Unis et en Asie Pacifique.
Pour poursuivre votre développement, quels sont les profils et compétences que vous recherchez ?
Nous recherchons des ingénieurs sur tous les métiers de l’ingénierie logicielle, cloud et data. Nous renforçons également notre management et recrutons des profils de chef de projet stratégique ainsi que des profils avec une dimension commerciale (commercial, ingénieur commercial).