Quand la Data révolutionne la grande distribution
Entretien croisé avec Enrique Garcia Lopez (90), Directeur Exécutif E‑commerce et Data clients, et Jean-Christophe Brun, Directeur de la plateforme Data, au sein de Carrefour. Ils nous expliquent comment la data transforme en profondeur l’activité du groupe.
Carrefour a fait de la transformation digitale une de ses priorités au même titre que la transition alimentaire. Qu’en est-il ?
E.G.L. : La transformation digitale de Carrefour s’articule autour de 3 axes :
- Le développement du e‑commerce alimentaire avec pour objectif d’atteindre un CA de 5 milliards sur l’ensemble de nos pays en 2022 ;
- Une application plus large du digital au parcours des clients notamment en magasin pour faciliter l’expérience achat ou de paiement par exemple ;
- Devenir une entreprise data-centric.
Pour y parvenir, nous devons aussi nous engager dans une profonde transformation technologique.
En tant que “data rich company“, quels sont les sujets qui vous mobilisent autour du Big Data et de l’IA ?
J.C.B. : Nous sommes positionnés sur une activité, la distribution, qui est au cœur de l’économie et au croisement des clients, des produits, des fournisseurs et des territoires non seulement en France, mais dans tous les pays où nous sommes implantés.
Nous disposons ainsi de données qui méritent une exploitation optimale et qui nous ouvrent des perspectives pour mieux répondre à nos enjeux et aux exigences de nos clients et collaborateurs, notamment en termes de personnalisation de nos offres et services ou d’optimisation de nos opérations.
En capitalisant sur l’IA et les algorithmes, nous pouvons notamment améliorer significativement la gestion de la Supply Chain et des prévisions de ventes pour éviter les ruptures ou les surstocks. L’IA nous permet aussi de prévenir les aléas en proposant par exemple des produits de substitution en cas de rupture en nous basant sur une meilleure connaissance des clients et de leurs besoins. C’est aussi le moyen de développer une stratégie de pricing dynamique pour proposer le meilleur prix et optimiser les marges ou d’améliorer nos assortiments pour mieux répondre aux attentes de nos clients.
Quelles sont les principales initiatives “data-oriented“ mises en place dernièrement ?
J.C.B. : Nous nous sommes d’abord focalisés sur la collecte et le traitement de la donnée quelle que soit son origine.
Dans cette démarche, nous nous appuyons sur notre plateforme Big et Fast Data (Phénix) qui rassemble des data ingénieurs et des data scientists qui vont collecter et traiter cette donnée pour en sortir une véritable valeur ajoutée sur laquelle nous pourrons ensuite capitaliser grâce aux algorithmes, à l’IA ou au Machine Learning. Nous avons aussi mis en place un Lab pour renforcer nos compétences et nos capacités au travers de partenariats. Dans ce cadre, nous travaillons avec Google qui met à notre disposition toute la puissance de ses technologies dans le domaine de la data. Cela se traduit par le développement d’algorithmes, mais aussi par l’optimisation de notre capacité de calculs au travers de notre plateforme Phénix.
Dans cette optique de partenariat, nous avons aussi créé avec l’école Polytechnique la Chaire Next Gen RetAIl.
Enfin, des initiatives sont aussi mises en place en interne pour accompagner nos différents métiers à s’approprier la data et à la mettre au service de leur processus (supply chain, marchandise, marketing, finance, e‑commerce, magasins…).
Quelles opportunités peut offrir Carrefour dans ce domaine aux ingénieurs ?
E.G.L. : À la sortie de l’école, la distribution n’est pas forcément un secteur auquel les diplômés pensent. Pourtant c’est une industrie de processus et de précision, riche en données analytiques et idéale pour les ingénieurs qui seront amenés à travailler sur des projets concrets. C’est aussi une industrie en pleine mutation et un univers passionnant. Je les invite vivement à voir de plus près ce qui se passe chez Carrefour.