Quand l’avenir nous échappe, ce qui se profile derrière la crise
La pandémie de 2020 peut être vue comme la répétition générale de catastrophes à venir. Comment analyser et vivre cette situation sans précédent ? Pour cela, l’auteur développe une pensée « apocalyptique », au sens étymologique du dévoilement ou de la révélation, soit d’un moment de vérité.
Selon le concept d’identité narrative de Paul Ricœur, le sentiment d’être soi est lié à la possibilité de faire récit de sa vie. L’humanité ne peut exister qu’en se racontant, il lui faut un horizon d’attente. Il reste donc à inventer le récit d’un temps fracturé.
Il faut relever un défi politique qui est aussi philosophique et spirituel : ce qui est en jeu c’est notre capacité à inventer une vie sociale compatible avec notre niche écologique. Rien ne pourra nous dispenser d’adopter un mode de vie plus sobre. La démocratie actuelle doit être dépassée. D’une part, il faudrait remédier au court-termisme de la démocratie représentative. D’autre part, le jeu politique se cristallise trop souvent autour d’antagonismes sur des enjeux identitaires. De nouvelles institutions seraient à promouvoir comme un sénat du futur pour représenter les générations à venir. Nous avons besoin d’une autre vision du bien-être. Il faudrait remplacer le progrès économique par le souci des « communs » comme but reconnu de l’action politique.
La réflexion s’appuie sur la relecture de nombreux philosophes (René Girard, Norbert Elias, Charles Taylor, Paul Ricœur, Hannah Arendt, Jean-Pierre Dupuy (60), auteur de l’ouvrage Pour un catastrophisme éclairé en 2002).