Quand le grand Paris prend forme sur et sous la ville
Construire ou reconstruire sans gêner les activités urbaines, plonger dans des profondeurs nouvelles sans encombre, concevoir et exécuter au meilleur coût, sans oublier de protéger l’environnement et en continuant à être un acteur engagé socialement sur les territoires… Tels sont les défis qu’un concepteur-constructeur comme VINCI Construction doit relever à l’occasion du Grand Paris. Interview de son président, Jérome Stubler (86).
La réussite du Grand Paris repose sur la grande expertise des acteurs qui y contribuent. Comment répondez-vous à cette exigence ?
Nous travaillons sur les réponses que nous pouvons apporter aux enjeux d’urbanisation avec de nouvelles approches en matière de (re)construction de la ville, sur et sous la ville. Notre organisation en trois piliers complémentaires avec un réseau d’entreprises locales, des entreprises de grands projets et des entreprises de spécialités nous permet de proposer les offres les plus intégrées possibles. Notre métier repose depuis toujours sur un invariant : la nécessité de mener à bien un chantier dans les meilleures conditions de sécurité, de délai et de coût. Cela implique de respecter quelques fondamentaux : une préparation pointue, des équipes tournées vers l’excellence et un accompagnement au long cours de nos clients. Qu’il s’agisse de faire naître une gare emblématique comme celle de Noisy-Champs, de riper un ouvrage ou de monitorer l’avancement d’un tunnelier, nous démontrons aux maîtres d’ouvrage du Grand Paris que nos méthodes de conception et notre productivité dans l’exécution ne cessent de s’améliorer. Aspirant à développer un véritable partenariat de confiance avec l’ensemble de nos parties prenantes, nous mettons la transparence, le dialogue et la responsabilité au cœur de nos principes.
Sur un plan opérationnel, à quel niveau intervenez-vous et quel est votre périmètre d’action ?
Pour nous, la construction est une étape dans le cycle de vie d’un ouvrage. Il faut ajouter, au départ, son financement et sa conception et préparer ensuite sa maintenance.
De plus en plus souvent, nos clients font appel à nous dès la phase initiale d’étude pour concevoir ensemble l’ouvrage au travers d’un dialogue direct et productif. Il en résulte davantage de coopération, une meilleure maîtrise des coûts et une phase d’étude plus intéressante pour les deux parties.
Dans le cadre du Grand Paris, de nombreux projets nous impliquent pour la construction bien sûr, mais également pour la maintenance à long terme, pour assurer leur viabilité et leur rentabilité à long terme.
Les travaux souterrains impliquent des contraintes majeures, comment appréhendez-vous cette complexité ?
VINCI Construction intervient à tous les points cardinaux du réseau de transport du Grand Paris Express, ainsi que sur le prolongement de la ligne E du RER (Éole). Ces projets impliquent 85 % de travaux souterrains, qui nécessitent un savoir-faire très spécifique que VINCI Construction maîtrise particulièrement : du creusement des tunnels en passant par la construction de stations ou la réalisation d’ouvrages enterrés…
Je peux citer deux exemples des contraintes rencontrées : sur le tunnel de la ligne 15 du Grand Paris Express qui relie la gare de Fort d’Issy–Vanves–Clamart (92) à celle de Villejuif Louis-Aragon (94), la densité impressionnante des carrières a nécessité un rétablissement géologique sur 80 zones différentes, en limitant au maximum les nuisances et les désagréments pour le bâti et les riverains. Plus au nord, sur le prolongement de la ligne 12, les parois moulées ont dû être congelées pour garantir l’étanchéité par rapport à la nappe phréatique.
Pour faire face à ces contextes aussi variés que difficiles, VINCI Construction investit en R&D en mettant au point de nombreuses innovations. Je citerai CAP 3D, un système breveté reliant le tunnelier au BIM. Développé avec le CEA, le tunnelier construit le modèle 3D de l’ouvrage automatiquement à partir des 300 capteurs mesurant les paramètres mécaniques et géotechniques.
Mais je pourrais aussi évoquer l’hydrofraise à gripper inventée par Soletanche Bachy ou encore un système d’analyse automatisée des terres polluées.
À quels autres enjeux êtes-vous confrontés ?
Les enjeux de la mobilité urbaine et de l’amélioration du cadre de vie, fondamentaux pour les Franciliens, nous concernent au quotidien. Nous y apportons des solutions concrètes en construisant des logements plus abordables, mieux adaptés aux besoins et au budget des primo-accédants.
Nous contribuons à la création d’emplois en Île-de-France. C’est la démonstration du profond sens social de nos métiers, facteur de fierté pour toutes nos équipes.
Le Fonds de dotation Chantiers & Territoires Solidaires, co-créé par VINCI Construction, encourage et soutient des projets d’intérêt général situés à proximité des chantiers du Grand Paris sur lesquels les entreprises du Groupe travaillent.
Quelles sont les ambitions de VINCI Construction ?
La croissance est au rendez-vous avec un chiffre d’affaires qui a augmenté de 400 millions d’euros en un an et cela avec plus de 30 000 projets livrés en 2018.
Notre activité s’internationalise toujours davantage, avec une croissance externe significative en Océanie et des projets iconiques. Je retiens la construction du métro léger de la ville nouvelle de Lusail au Qatar, la consolidation de sols sous-marins à l’aéroport de Hong Kong, deux ponts à haubans au Vietnam, l’échangeur de Ouagadougou au Burkina Faso…
Ces grands projets ne doivent cependant pas occulter le nombre important de petites opérations qui forment un socle qui nous rend plus présents et plus utiles au quotidien.
Quels sont les axes que vous avez choisi de privilégier ?
Les années à venir seront passionnantes à plus d’un titre. Nous participons humblement mais fermement à la révolution énergétique. Pour ce faire, nous concevons et construisons des bâtiments toujours plus économes en énergie.
Nous accompagnons aussi le mouvement de la révolution verte en réinstallant la biodiversité sur nos territoires, y compris en milieu urbain, en assainissant les terres polluées, ou encore en proposant une offre de génie écologique. En parallèle, nous intégrons le numérique dans les chantiers pour davantage d’instantanéité, de fluidité et de sécurité. Le BIM améliore significativement la préparation des chantiers, tout en réduisant les modifications en phase de construction. VINCI Construction jouera toujours son rôle d’acteur mondial de la construction et de leader européen pour concevoir et réaliser les ouvrages adaptés au monde de demain.
Dans le cadre du prolongement du RER E vers l’ouest de Paris, VINCI Construction réalise la gare souterraine de La Défense et ses tunnels adjacents. Cette nouvelle gare prendra place sous le CNIT. Les équipes ont réalisé un geste technique hors du commun consistant à mener à bien la reprise en sous- œuvre de la structure du CNIT pour permettre le creusement en taupe de la station cathédrale.