Quand les forestiers innovent ensemble

Dossier : Le changement climatique ............................ 2e partie : Les MesuresMagazine N°680 Décembre 2012
Par Olivier PICARD

REPÈRES

REPÈRES
En 2006, après les tem­pêtes de 1999 et la cani­cule de 2003, le milieu fores­tier prend plei­ne­ment conscience que le chan­ge­ment cli­ma­tique est là, avec des évé­ne­ments extrêmes catas­tro­phiques, qui des­si­ne­ra le visage de la forêt de demain. Phé­no­mène lent mais inexo­rable ? Une alter­nance d’événements catas­tro­phiques et de périodes calmes ? Des dif­fé­rences d’impacts selon les régions ? Le pas­sage de Klaus en 2009, les années sèches d’après 2003 confirment la sen­si­bi­li­té des forêts fran­çaises aux per­tur­ba­tions d’origine climatique

La forêt, tel un boxeur, reçoit des coups, résiste, récu­père, mais un coup sup­plé­men­taire la met K.-O. Les arbres encaissent les coups, visibles sur les cernes du bois, et une fois les réserves épui­sées, finissent par dépé­rir puis mou­rir. Ils peuvent aus­si mou­rir au pre­mier coup si celui-ci est intense. À ce jour, on ne sait pas tout expliquer.

Cinq thèmes de travail

Forts de ces constats, les fores­tiers publics et pri­vés ont été très actifs sur ce thème, en repé­rant les prin­ci­pales ques­tions qui se posent pour pré­pa­rer les forêts à ces changements.

Un coup sup­plé­men­taire met la forêt K.-O.

Cinq thèmes ont été iden­ti­fiés : les sta­tions fores­tières (concept fores­tier qui asso­cie un sol, un cli­mat, une essence, une topo­gra­phie, un peu­ple­ment), la vul­né­ra­bi­li­té des forêts, la géné­tique, la syl­vi­cul­ture et la crois­sance, et enfin l’économie.Ils ont fait l’objet d’une soixan­taine de ques­tions aux chercheurs.

De leur côté, la Forêt publique et la Socié­té fores­tière de la Caisse des dépôts et consi­gna­tions ont mené des actions équivalentes.

En 2007, le minis­tère de l’Agriculture confie une mis­sion à Ber­nard Roman-Amat pour pré­pa­rer les forêts au chan­ge­ment cli­ma­tique. Ce der­nier conseille la créa­tion de plu­sieurs réseaux mixtes tech­no­lo­giques (RMT). Fina­le­ment, un seul d’entre eux, avec plu­sieurs axes de tra­vail, est pri­vi­lé­gié par les par­te­naires fores­tiers. Coor­don­né par l’Institut tech­nique fores­tier (IDF), il voit le jour à l’automne 2008.

La force d’un réseau

La pre­mière fina­li­té du réseau est la mise au point d’outils d’aide à la déci­sion per­met­tant au ges­tion­naire de réduire la vul­né­ra­bi­li­té des peu­ple­ments aux évo­lu­tions cli­ma­tiques atten­dues. Le réseau Aforce est label­li­sé pour trois ans par la Direc­tion géné­rale de l’enseignement et de la recherche (DGER). Le finan­ce­ment est assu­ré par le minis­tère en charge des Forêts, dont dépend la ges­tion forestière.

Côté recherche
Des appels à pro­jets de recherche lan­cés par l’Agence natio­nale de la recherche (ANR) ou à l’échelle euro­péenne ont été consa­crés aux impacts et à l’adaptation des forêts au chan­ge­ment cli­ma­tique (VMCS, Agro­bio­sphère, etc.), per­met­tant de finan­cer des pro­jets por­tant sur la vul­né­ra­bi­li­té des éco­sys­tèmes au chan­ge­ment cli­ma­tique (Cli­ma­tor, Dryade, Qdiv, Drought +, etc.).

Le sémi­naire de mi-par­cours, tenu en sep­tembre 2010, a mobi­li­sé une cen­taine de per­sonnes autour des pro­jets menés par les par­te­naires du réseau. Le réseau s’y est révé­lé comme ins­tal­lé dans le pay­sage fores­tier, et les pre­miers effets de ses actions se font déjà sen­tir : inté­gra­tion de nou­velles mesures adap­ta­tives dans les docu­ments de ges­tion, mise à jour du choix des essences dans les cata­logues et guides de sta­tions, etc.

Il semble qu’il ait aus­si, comme en témoignent cer­tains, des effets indi­rects et qu’il contri­bue à créer de nou­veaux réflexes autour de l’adaptation des forêts au chan­ge­ment climatique.

Un défi impor­tant pour le réseau Aforce est de s’assurer un finan­ce­ment pour les années à venir, mais aus­si d’en diver­si­fier les sources, en impli­quant davan­tage les par­te­naires. C’est donc par la ren­contre, le dia­logue, les échanges lors des ate­liers entre les besoins des ges­tion­naires et l’offre de connais­sances des cher­cheurs que s’élabore le pro­gramme d’actions du réseau Aforce. Au-delà du besoin de s’entendre sur la construc­tion d’un lan­gage com­mun, il s’agit que cher­cheurs et fores­tiers se comprennent.

Prudence, variabilité, incertitudes

En novembre 2011, l’Inra, le GIP Eco­for (Grou­pe­ment d’intérêt public Éco­sys­tèmes fores­tiers) et le RMT se sont asso­ciés pour orga­ni­ser un sémi­naire de res­ti­tu­tion des pro­jets de recherche sur la vul­né­ra­bi­li­té des forêts au chan­ge­ment climatique.

Les condi­tions cli­ma­tiques à venir vont être bien moins favo­rables qu’aujourd’hui

Le constat de cette jour­née est triple : pru­dence, varia­bi­li­té et incer­ti­tudes. Rien de révo­lu­tion­naire ? Les condi­tions cli­ma­tiques à venir vont être bien moins favo­rables qu’aujourd’hui. De plus, même si l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère a eu, jusqu’à pré­sent, un effet posi­tif sur la crois­sance, elle ne suf­fi­ra pas, à terme, lorsque le manque d’eau annon­cé sera plus sévère l’été. Les cher­cheurs mettent notam­ment en garde sur la récur­rence des séche­resses et les effets néfastes des alter­nances entre excès et manque d’eau. Les sols à faible réserve en eau doivent faire l’objet d’une sur­veillance particulière.

Les résul­tats des pro­jets s’accordent sur l’importance des effets du chan­ge­ment cli­ma­tique sur les pins, le chêne pédon­cu­lé et le chêne ses­sile. C’est pour le hêtre que les résul­tats sont les plus diver­gents. Il reste encore des incon­nues à lever. Dans tous les cas, pour ces essences, seules des ten­dances d’évolution sont données.

Adapter les essences au climat

Pour anti­ci­per ces impacts, les prin­ci­pales recom­man­da­tions évo­quées au cours de la jour­née ont été d’adapter les essences au cli­mat futur en tenant compte du dépla­ce­ment des aires, de recher­cher la meilleure adé­qua­tion essences-sol en tenant compte de la réserve en eau, de pri­vi­lé­gier des espèces moins exi­geantes en eau, notam­ment feuillues, et enfin de réduire les den­si­tés et de contrô­ler les ravageurs.

Les cer­ti­tudes ont été dis­tin­guées des incer­ti­tudes qui ne peuvent encore être levées. Il reste à pré­sent à s’emparer de ces résul­tats pour aller jusqu’au bout du trans­fert et appor­ter ain­si aux ges­tion­naires les outils pour mieux prendre en compte le risque cli­ma­tique : mieux connaître les exi­gences des essences fores­tières, leurs limites cli­ma­tiques ; mieux prendre en compte la vul­né­ra­bi­li­té dans les guides de syl­vi­cul­ture et dans les direc­tives ; pro­gres­ser dans le diag­nos­tic de la vul­né­ra­bi­li­té et for­mer à sa mise en oeuvre.

Action col­lec­tive
Il faut insis­ter sur l’action col­lec­tive, dans un cadre de tra­vail souple et léger qui laisse une part impor­tante à la créa­ti­vi­té, la réac­ti­vi­té et à l’initiative. Rien n’est écrit à l’avance, la méthode s’élabore au fur et à mesure de l’avancée des pro­jets, avec pour prin­cipe de base de construire et pro­po­ser des outils opé­ra­tion­nels aux ges­tion­naires, en accé­lé­rant le trans­fert des résul­tats de la recherche vers les praticiens.
Per­for­mance vs résistance
L’amplitude des effets du chan­ge­ment cli­ma­tique reste encore dif­fi­cile à anti­ci­per. Les retards d’éclaircie sont, par exemple, pré­sen­tés comme néfastes et encore plus l’absence de ges­tion. Par ailleurs, il a été consta­té pour plu­sieurs essences (sapin, hêtre et dou­glas) que les indi­vi­dus pré­sen­tant une bonne per­for­mance de crois­sance au jeune âge étaient par­mi les plus vul­né­rables en cas d’aléas extrêmes. Cela conduit à s’interroger sur les fac­teurs de sélec­tion : faut-il pri­vi­lé­gier per­for­mance ou résistance ?

Des actions spécifiques

Des actions spé­ci­fiques ont été déve­lop­pées par le RMT Aforce : appel à pro­jets, appel à idées, ate­liers, sémi­naires, site Inter­net, forum, et une orga­ni­sa­tion qui per­met d’impliquer les par­te­naires en fonc­tion de leurs com­pé­tences dans les cinq thèmes de tra­vail du réseau.

Le RMT Aforce pro­pose chaque année des appels à pro­jets per­met­tant le sou­tien d’initiatives de recherche et déve­lop­pe­ment sélec­tion­nées en tenant compte des pré­oc­cu­pa­tions et des inter­ro­ga­tions des ges­tion­naires. Il a jusqu’à ce jour per­mis la réa­li­sa­tion de quinze pro­jets dont cer­tains sont encore en cours.

Ces pro­jets portent cha­cun sur l’une des cinq thé­ma­tiques de tra­vail du réseau : 1) évo­lu­tion des sta­tions fores­tières, 2) vul­né­ra­bi­li­té des peu­ple­ments, 3) ges­tion, valo­ri­sa­tion et conser­va­tion des res­sources géné­tiques, 4) crois­sance et syl­vi­cul­ture des peu­ple­ments, 5) éva­lua­tion éco­no­mique des déci­sions de gestion.

Par­mi les thèmes trai­tés par les pro­jets sélec­tion­nés, prio­ri­té a été don­née à l’alimentation en eau des sols comme fac­teur pri­mor­dial d’évolution des sta­tions, comme fac­teur de vul­né­ra­bi­li­té des essences forestières.

Interactions entre les acteurs forestiers

Objec­tifs pour 2012 et 2013
En 2012 et 2013, Aforce concentre ses moyens sur la mise en place de trois groupes de tra­vail mul­tior­ga­nismes, ani­més par un duo recherche et gestion :
GT1 : diag­nos­tic sta­tion­nel et choix des essences ;
GT2 : ges­tion de l’eau dans la syl­vi­cul­ture des peu­ple­ments existants ;
GT3 : créa­tion et renou­vel­le­ment des peuplements.
Ces groupes ont pour voca­tion de pro­duire des recom­man­da­tions concrètes et des élé­ments d’aide à la déci­sion et à l’action pour les agents du déve­lop­pe­ment, ges­tion­naires et déci­deurs et sur­tout de don­ner les clés pour évi­ter les prin­ci­pales erreurs. Leur enjeu est de taille : créer de nou­veaux com­por­te­ments de ges­tion pré­ven­tive pour limi­ter le risque.

Si les pro­fes­sion­nels fores­tiers consti­tuent la cible prio­ri­taire, cepen­dant les for­ma­tions ini­tiales avec l’enseignement tech­nique et le milieu agri­cole font par­tie des publics cibles du réseau.

L’originalité du RMT Aforce est d’avoir impli­qué de manière impor­tante l’enseignement tech­nique afin de nouer des contacts entre les cher­cheurs et les ensei­gnants, et les ensei­gnants et les fores­tiers. Il s’agit de faire entrer les impacts du chan­ge­ment cli­ma­tique dans les pro­grammes des ensei­gne­ments tech­niques, pour la for­ma­tion des futurs conseillers des fores­tiers dans les années à venir.

Le RMT Aforce a orga­ni­sé une for­ma­tion des ensei­gnants tech­niques en octobre 2012. Il reste cepen­dant un gros tra­vail de com­mu­ni­ca­tion pour faire connaître les résul­tats des pro­jets et des dif­fé­rentes actions du réseau auprès des cibles que sont les fores­tiers de ter­rain, les conseillers, les experts, les tech­ni­ciens. Le réseau appor­te­ra une atten­tion toute par­ti­cu­lière à ce que les infor­ma­tions soient cor­rec­te­ment trans­mises aux ensei­gnants tech­niques qui assurent la for­ma­tion des futurs conseillers tech­niques des pro­prié­taires forestiers.

Soutenir l’enseignement

Le réseau sou­tient, par ailleurs, toute action sus­cep­tible de faire pro­gres­ser le trans­fert des connais­sances et d’aider à la mobi­li­sa­tion de l’information. Il a, par exemple, orga­ni­sé, au cours des trois der­nières années, cinq ate­liers. Le but de ces der­niers était d’informer sur les outils dis­po­nibles ou inno­va­tions trans­fé­rables au déve­lop­peur, de faire pro­gres­ser la réflexion sur les axes de tra­vail du réseau et d’encourager l’incubation de nou­veaux projets.

Impacts du changement climatique sur les forêts

Nouer des contacts entre cher­cheurs et ensei­gnants, et forestiers

Des dis­po­si­tifs existent sous l’égide de l’IGN, de l’ONF, du Dépar­te­ment San­té des forêts (minis­tère en charge des Forêts), qui per­mettent de four­nir des don­nées natio­nales. Sous l’impulsion des plans cli­mat ter­ri­to­riaux, les régions se lancent dans des ini­tia­tives régio­nales avec des objec­tifs et des méthodes sans harmonisation.

Le but de cet ate­lier est de ras­sem­bler les res­pon­sables de ces obser­va­toires pour échan­ger les méthodes, les objec­tifs et pro­po­ser un mini­mum d’indicateurs com­muns pour dis­po­ser d’une base de com­pa­rai­son concer­nant la forêt, recher­cher une cohé­rence glo­bale entre les actions.

L’arbre hors forêt face au changement climatique

À la demande des par­te­naires agri­coles du réseau, une ren­contre entre fores­tiers et agro­nomes fera le point des ini­tia­tives d’introduction et de ges­tion de l’arbre dans le monde agri­cole et iden­ti­fie­ra les ques­tions et les sujets sur les­quels les fores­tiers peuvent appor­ter leur exper­tise pour éclai­rer les agro­nomes, et vice ver­sa. À l’issue de cet ate­lier, il sera envi­sa­gé de mon­ter des pro­jets de R&D.

Restitution des projets du réseau

Réorien­ter la sylviculture
Au niveau tech­nique, on a quelques idées à confir­mer pour réorien­ter la syl­vi­cul­ture, axées sur la réduc­tion du stress hydrique aus­si bien au moment de la plan­ta­tion et des entre­tiens que de la conduite des peu­ple­ments. Il semble judi­cieux de pri­vi­lé­gier, par exemple, les peu­ple­ments à den­si­té faible (futaie claire) ou de favo­ri­ser les mélanges d’essences ou de pro­ve­nances (à la plan­ta­tion ou en enri­chis­se­ment de peu­ple­ments exis­tants) bien qu’ils soient plus dif­fi­ciles à conduire, pour « ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier ».

Il s’agit de faire part des résul­tats des quinze pro­jets finan­cés par le réseau : l’ouverture du réseau (exten­sion du par­te­na­riat vers l’aval notam­ment et amé­lio­ra­tion des liens avec la recherche et avec l’enseignement) et la conso­li­da­tion de son posi­tion­ne­ment sur la thé­ma­tique de l’adaptation des forêts au chan­ge­ment cli­ma­tique. Enfin, le réseau est rete­nu comme par­te­naire d’actions pré­vues dans le Plan natio­nal d’adaptation au chan­ge­ment cli­ma­tique, ce qui consti­tue une recon­nais­sance de son rôle et une garan­tie de sa pérennité.

Quelles stratégies d’adaptation ?

Face à ces phé­no­mènes com­plexes, incer­tains, le syl­vi­cul­teur doit faire preuve de dis­cer­ne­ment et s’assurer qu’il com­prend ce qu’il se passe dans sa par­celle : Quel est le cli­mat ? Quelle a été son évo­lu­tion ces der­nières décen­nies ? Quel est l’état sani­taire des arbres ? Quelle est la sta­tion ? Les essences sont-elles en station ?

Le besoin de connaissances est crucial

Le syl­vi­cul­teur peut se sen­tir dému­ni face à une évo­lu­tion aus­si rapide à l’échelle des rythmes fores­tiers. Le besoin de connais­sances est cru­cial dans de nom­breux domaines. Le diag­nos­tic actuel et « pros­pec­tif » des sta­tions1 com­prend le cli­mat actuel et son évo­lu­tion au cours des der­nières décen­nies, l’état sani­taire des arbres, l’état du sol et de la sta­tion. Celui-ci est deve­nu indis­pen­sable avant de déci­der de l’installation de nou­velles essences ou du main­tien d’essences en place. Com­ment les fac­teurs limi­tants de la crois­sance vont-ils évo­luer en un siècle sous la pres­sion du climat ?

Deux nou­veaux partenaires
En 2012, le réseau s’est asso­cié deux nou­veaux par­te­naires : l’APCA et la Ber­ge­rie natio­nale de Ram­bouillet (un des cinq éta­blis­se­ments du Sys­tème natio­nal d’appui à l’enseignement agri­cole). Il béné­fi­cie éga­le­ment, depuis fin 2011, d’un nou­veau sou­tien finan­cier consé­quent de la part de France Bois Forêt, qui vient s’ajouter aux contri­bu­tions des par­te­naires et aux sub­ven­tions du Minis­tère en charge de l’Agriculture et de la CDC recherche climat.

L’autécologie des essences est un second point à pré­ci­ser, notam­ment pour réorien­ter les pro­grammes d’amélioration géné­tique. Quelles sont les essences les plus résis­tantes au stress hydrique ? La ten­ta­tion est grande d’appeler à la res­cousse des essences exo­tiques, notam­ment rési­neuses, mais dont les carac­té­ris­tiques sont encore lar­ge­ment incon­nues. Pra­ti­quer une syl­vi­cul­ture dyna­mique, avec réduc­tion des révo­lu­tions, lorsque c’est pos­sible, tous les cin­quante ans, pour main­te­nir des peu­ple­ments sains, stables, plus résis­tants à la séche­resse mais aus­si aux tem­pêtes et aux attaques de para­sites, est une ten­dance qui semble se déga­ger mais qui n’emporte pas l’adhésion de tous.

Les réseaux de sur­veillance seront aus­si à ren­for­cer, tant au niveau phy­to­sa­ni­taire que vis-à-vis des incen­dies (infra­struc­tures à pré­voir). Tous ces axes sont débat­tus dans le cadre du RMT Aforce.

Un moment charnière pour la forêt

La forêt fran­çaise est aujourd’hui dans une situa­tion char­nière, à la fois comme cible du chan­ge­ment cli­ma­tique et comme moyen de l’atténuer. Plu­sieurs de nos essences ances­trales sont mena­cées à l’horizon du siècle, des cer­ti­tudes tech­niques sont à recon­si­dé­rer, des recherches sont à réorienter.

Le syl­vi­cul­teur doit s’assurer qu’il com­prend ce qu’il se passe dans sa parcelle

Après un grand dyna­misme de reboi­se­ment jusqu’à la fin des années 1980 sou­te­nu par le Fonds fores­tier natio­nal, le souf­flé est retom­bé sous l’effet de la réduc­tion des inves­tis­se­ments et de catas­trophes à répétition.

Les évo­lu­tions cli­ma­tiques, bru­tales à l’échelle des cycles fores­tiers, lui por­te­ront-elles le coup de grâce ou seront-elles l’occasion de redy­na­mi­ser la filière ? Depuis son lan­ce­ment en 2008, Aforce a mis en place diverses actions visant à aider les ges­tion­naires à pré­pa­rer les forêts au chan­ge­ment climatique.

Il s’est ain­si inté­gré peu à peu dans le pay­sage fores­tier, et les pre­miers effets de ses actions sont visibles. Il contri­bue à créer de nou­veaux réflexes autour de l’adaptation des forêts. L’action du réseau est col­lec­tive et béné­fi­cie d’une com­plé­men­ta­ri­té recherche et déve­lop­pe­ment. La sou­plesse de son cadre de tra­vail lui per­met d’être réac­tif et por­teur d’initiatives nouvelles.

Développer les échanges

Des connais­sances pour de bons diagnostics
Le rôle du RMT est de contri­buer à accé­lé­rer le trans­fert des connais­sances vers les fores­tiers, pour qu’ils posent les bons diag­nos­tics de leurs forêts et défi­nissent des stra­té­gies d’adaptation efficaces.

C’est au tra­vers des échanges nom­breux et fruc­tueux ayant lieu lors des ate­liers et sémi­naires, entre les besoins des ges­tion­naires et l’offre de connais­sance des cher­cheurs, que s’élabore le pro­gramme d’action du réseau. Ses appels à pro­jets sont une nou­velle voie de trans­fert appré­ciée tant par les ges­tion­naires que par la recherche et qui ne trouvent pas d’équivalent ailleurs. Le renou­vel­le­ment de la label­li­sa­tion du réseau pour une période de deux ans (2012−2013) est une oppor­tu­ni­té pour lui de pour­suivre ses actions.

Des efforts par­ti­cu­liers vont être appor­tés pour fina­li­ser le trans­fert, ren­for­cer et ouvrir son par­te­na­riat, et pro­duire pour le déve­lop­pe­ment les recom­man­da­tions et ingré­dients néces­saires à gui­der la déci­sion de ges­tion. Il conti­nue­ra, par ailleurs, à pro­duire de nou­velles connais­sances et synthèses.

Jusqu’à pré­sent, le réseau avait mis l’accent sur la pre­mière phase du trans­fert pour récu­pé­rer les ensei­gne­ments des résul­tats de la recherche. Il doit à pré­sent pas­ser à la deuxième phase pour réus­sir à gui­der plus effi­ca­ce­ment le ges­tion­naire dans ses choix.

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1. Une sta­tion est une éten­due de ter­rain béné­fi­ciant de condi­tions homo­gènes de cli­mat, sol, topo­gra­phie et végétation.

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