Quand un arbre raconte le monde
Les extraordinaires aventures du plus vieil arbre de Paris. Il aurait plus de 400 ans. Planté en 1600 ou 1601 par Jean Robin, jardinier d’Henri IV, il se trouve square René-Viviani, à côté de Notre-Dame. Il ne paie pas de mine, avec ses troncs entrelacés, certains étayés. Pourtant Franck Lirzin, au sortir d’un livre1 sur Paris face aux canicules futures, est tombé en arrêt devant lui et s’est demandé quelle pouvait être son histoire.
Quatre siècles, ce n’est pas rien : il a dû en voir des choses ! D’où vient-il ? De la région américaine de Virginie, d’où des colons anglais ont rapporté quelques graines à la cour d’Angleterre. Après moult péripéties, les graines ont été offertes à Jean Robin par Henry Brooke, baron Cobham, immensément riche et bête (il a servi de modèle à Shakespeare pour Falstaff). Jean Robin, génie de son temps, a réussi, après de multiples essais, à faire pousser ce Robinier (ou faux acacia) et le protégea contre toutes les intrigues.
Franck Lirzin a voulu écrire l’histoire de cet arbre, ou plutôt une histoire du monde à travers ce qu’il a pu vivre et voir. Après avoir mobilisé une documentation impressionnante, il publie un roman dans lequel c’est l’arbre lui-même qui raconte. Il nous fait ainsi parcourir l’histoire de France, et même du monde, et ouvre de nouvelles perspectives sur les rapports à établir entre les hommes et les arbres. Le récit est passionnant, avec un style magnifique, sans l’affèterie ni la condescendance auxquelles cèdent trop souvent les auteurs qui veulent montrer qu’ils ont de la culture. Du grand art.
1. Franck Lirzin, Paris face au changement climatique : comment adapter la ville au changement climatique. Éditions de l’Aube, juin 2022.