Quelques millénaires de transition énergétique
En route pour la transition énergétique : tel aurait pu être, au fond, le slogan d’à peu près n’importe quel monarque, chef de clan ou président depuis qu’il existe des hommes, puisque, aussi loin que remonte notre connaissance, dompter l’énergie a été au cœur des envies humaines.
Cet intérêt n’est pas étonnant quand on se rappelle que l’énergie est, par définition même, la transformation de toute chose. Faire entrer une nouvelle énergie dans le champ de notre influence, c’est donc, un peu ou beaucoup, modifier notre environnement, et donc notre destin.
Domestiquer la combustion, il y a un million d’années environ, nous a fourni un premier avantage décisif sur l’environnement, et plus précisément sur nos prédateurs (qui n’aiment pas le feu) et nos proies (parfois chassées avec des incendies).
Puis, il y a dix mille ans, nous avons domestiqué la photosynthèse, c’est-à-dire une des interactions entre matière et rayonnement. De l’agriculture est née une foule de choses aujourd’hui encore au cœur de nos vies : la sédentarisation, la propriété foncière, le commerce, les villes, l’administration, la fiscalité, la comptabilité, etc.
L’exploitation des énergies mécaniques déjà présentes autour de nous (force du vent, force de l’eau) a fait franchir un pas supplémentaire à l’industrie et au commerce, puis c’est à nouveau la combustion qui a été au centre de l’avancée la plus marquante des derniers siècles : la machine à vapeur et le moteur à combustion interne.
Sans ces derniers, qui ont permis de démultiplier par plusieurs centaines la capacité de transformation physique par individu, aucune société dite « moderne » n’aurait vu le jour, et il n’est pas sûr que former des polytechniciens aurait alors servi à grand-chose. La « fée électricité » n’est que le dernier maillon d’une longue histoire.
Nous espérons que ce numéro, qui paraît à l’heure où l’énergie fait l’objet d’un débat national, permettra à tout le moins de faire comprendre qu’il s’agit d’un enjeu complexe et majeur. Mais, après tout, n’est-ce pas pour s’occuper au mieux de problèmes abominablement compliqués que les polytechniciens sont censés être formés ?
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