Quinze ans d’amitié en musique
Entre grands classiques, redécouverts avec fraîcheur et jolies trouvailles réveillées des limbes de l’oubli, il émane du concert annuel d’X-Musique cette ambiance atemporelle, si particulière, où certains des participants retrouvent, des décennies après, le trac du petit musicien en herbe attendant son public, toujours dans un esprit convivial et bon enfant.
Au fil des ans, j’ai ainsi connu de vifs plaisirs à mordre en noble compagnie dans un Brandebourgeois, un quintette de Medtner (épique, plus encore le soir du concert !), une sonate à deux violons de J.-S. Bach, deux Tzigane de Ravel avec ma sœur Thiên-Nga mais aussi, comme simple auditeur, à tremper l’oreille dans les inénarrables variations sur les Lavandières du Portugal ou à voir naître, en direct, une partition de François Nicolas (67).
Les concerts ne sont pourtant que le visage public du groupe. X‑Musique, pour moi, c’est d’abord une maison chaleureuse, pleine de sons, de partitions improbables pour groupes improvisés, le temps d’un dimanche après-midi. Ce sont des séances studieuses avec la famille Guilbert et leurs amis de trente ans, entrecoupées par la sonnette d’entrée, astucieusement reliée à une lampe ancienne ; des fous rires et des moments de magie, le chat des lieux blotti dans ma boîte à violon mais allergique au son de l’instrument, de Milhaud drolatique en Franck poignant.
Quinze années d’amitié représentent une belle période d’existences partagées, avec ses joies, avec ses épreuves aussi, qui font taire les mots. Alors, seul le souvenir vibrant de toutes les musiques recréées ensemble peut prétendre rendre justice à la persistance des sentiments.