R.A.S. À RADDAKE
Depuis ses années d’études à l’X puis à l’ENA, Erik Egnell s’est toujours passionné pour l’écriture de textes proposant des éclairages nouveaux, minutieux et subtils, basés sur des faits historiques.
Dans R.A.S. à Raddake, écrit au cours d’un séjour professionnel en Afrique de l’Ouest, il s’essaye à un sujet très original : il s’agit d’un récit de ce qui pourrait être une prise de pouvoir dans un État de l’Afrique de l’Ouest (Raddake, alias Dakar, alias le Sénégal) par la confrérie musulmane des Tourides. Les connaisseurs auront reconnu les Mourides, si influents au Sénégal qu’ils sont l’un des marqueurs de l’identité de ce pays et de leur ethnie majoritaire, les Wolofs.
L’un des attraits que j’ai ressentis pour ce livre fut cette quête de ce que pourrait être un avenir africain, basé sur la foi musulmane certes, mais basé aussi sur une importance essentielle accordée au travail, sur l’acceptation d’une organisation religieuse et sécularisée très hiérarchisée, et finalement sur la confiance dans un progrès matériel compatible avec un cadre spirituel très formalisé.
Le propos est sérieux. Le ton est plus enjoué : la description des rapports entre les milieux diplomatiques, français et américain, ceux de la Coopération, des entrepreneurs français locaux, des cadres africains est subtile. L’intrigue se noue très vite, sous une forme presque policière. Le dénouement n’apparaîtra que dans les dernières pages, sur fond de sagesse africaine. Voici un livre à apprécier dans ses détails, en prenant son temps, au rythme de cette Afrique qui nous interpelle tous.