Rassembler
Rassembler
Beaucoup d’X sont des collectionneurs de livres. Ils les rassemblent pour leurs travaux, dans l’activité ou la discipline qui est la leur, ils les rassemblent pour préparer leurs propres ouvrages. Et quand ils les amassent, ils se laissent pousser peu à peu vers la bibliophilie. Des noms ? Non. Car ils sont discrets, et je ne veux pas trahir ceux que je connais.
Cette bibliothèque de l’École polytechnique est riche de l’effort continu, pendant deux siècles, de ses responsables et de ses amis. Lancée dès la création de l’École, bénéficiant tout de suite, grâce à Monge, de nombreux ouvrages acquis lors de la campagne d’Italie, puis enrichie aussi bien par les budgets annuels de l” École que par des donations exceptionnelles ; elle représente aujourd’hui une collection à la fois vivante et scientifiquement précieuse avec quelques traits dominants, l’histoire des sciences, l’histoire de l’enseignement, l’histoire de l’École.
L’histoire des polytechniciens
Mais une autre dimension présente également un attrait majeur pour les X, c’est l’histoire des polytechniciens eux-mêmes et leurs écrits. Dans ce domaine, les collections de la Bibliothèque sont très hétérogènes. De nombreux ouvrages de » grands anciens » n’y sont pas conservés et c’est tout à fait regrettable.
Pour » donner l’exemple « , et à l’occasion de son cinquantenaire, la promotion 56 a organisé le recensement et la réunion des ouvrages édités qui ont été réalisés par ses élèves. Il va de soi que les trois cents élèves de la 56 ont apporté, par leur vie et leur carrière, bien autre chose que cette » cristallisation intellectuelle ponctuelle » fournie par vingt-cinq auteurs identifiés. Mais avec ses ouvrages techniques, économiques, politiques, éthiques, l’échantillonnage d’auteurs est en soi intéressant.
Bien plus intéressante encore serait la poursuite continue de cette initiative. Les camarades des autres promotions peuvent évidemment reprendre une démarche globale groupée et la Sabix sera contente de les aider dans cette opération de rassemblement et de description des ouvrages. Mais les auteurs eux-mêmes devraient aussi, plus souvent, penser à leur bibliothèque, quand ils envoient leurs exemplaires à la presse pour des critiques et des recensions.
La tribu polytechnicienne
J’ajoute qu’il est tout à fait émouvant, en consultant des ouvrages prestigieux dans les » réserves « , de trouver des signatures de grands polytechniciens et des dédicaces parfois simples, parfois touchantes, envers leur école. Il est aussi plaisant de voir que, rangeant les armoires de leurs parents ou grands-parents, des fils et filles de polytechniciens repensent à l’École et s’efforcent de vérifier si sa bibliothèque possède certains écrits signés d’un membre de la » tribu « .
Et je peux m’amuser à retrouver et relire dans le Livre du Centenaire et au détour d’un article sur les X ayant publié des oeuvres : » Cette liste aurait été certainement plus longue et plus complète si les anciens élèves avaient eu la bonne pensée d’envoyer leurs œuvres à la bibliothèque de l’École qui leur sert de lieu commun. »