RATP Dev : des métiers passionnants et un impact concret sur notre environnement !
La décarbonation de la mobilité n’est pas seulement une question de technologies et d’innovation, c’est avant tout une question d’usages. Telle est la conviction du groupe RATP et de sa filiale RATP Dev qui accompagnent la décarbonation de la mobilité de plusieurs grandes villes dans le monde. Métro et tram, bus électrique ou à hydrogène sont autant de pistes que le groupe explore pour atteindre une neutralité carbone aujourd’hui nécessaire. Le point avec Henri Pottier (X05), Directeur Asie-Pacifique de RATP Dev depuis 4 ans.
Alors que la transition énergétique et la décarbonation des usages s’accélèrent, la mobilité représente un enjeu stratégique pour nos sociétés. Quel regard un acteur comme RATP porte sur le contexte actuel ?
Il y a, tout d’abord, une certaine urgence. Il nous faut accélérer la décarbonation et la lutte contre le réchauffement climatique. Opérateur de transport depuis 120 ans présent dans 15 pays, nous sommes un partenaire mondial et un conseiller de premier plan sur toutes les questions liées à la mobilité durable. Notre objectif est d’offrir des solutions de transport durables qui répondent aux défis du changement climatique et aux besoins des villes intelligentes. La densification est l’unique moyen de rendre notre mobilité plus frugale et le transport public est une solution incontestée. Cependant, nous devons prendre le problème par le bon bout et constituer les réseaux de transport en commençant par les axes les plus capacitifs. Nous évoluons dans des marchés extrêmement différents. Dans la zone Asie-Pacifique par exemple, certaines villes ouvrent leur premier métro tandis que d’autres ont quelques décennies d’avance et nous sollicitent pour des enjeux de renouvellement d’actifs ou de pénétration plus profonde du réseau avec des solutions « dernier kilomètre ». Notre vision d’exploitant long terme nous permet de proposer des solutions pérennes technologiquement et fonctionnellement également plébiscitées par la fréquentation des voyageurs.
Vous avez réalisé une importante partie de votre parcours professionnel dans ce secteur de la mobilité notamment au sein de RATP Dev. Pourquoi ce choix ?
Dès l’École, via l’organisation de la Semaine du Développement Durable et les binets associés, j’ai souhaité contribuer de manière concrète à la décarbonation de notre société et à la promotion de comportements plus durables. Je me suis tourné vers la mobilité, car elle présente l’avantage d’être évidente, quotidienne et qu’elle offre un gisement constant d’amélioration.
Et dans le cadre de ma carrière, j’ai pu en découvrir toute la transversalité et l’universalité : une profonde technicité via la maîtrise des outils industriels comme le métro sans conducteur et leur pérennité fonctionnelle à travers plusieurs décennies malgré des obsolescences de plus en plus rapides ; un volet social important via la gestion et l’accompagnement des 600 employés de ma région ; un enjeu économique via le financement de l’infrastructure et du service de transport public comme nous avons pu le réaliser à Sydney récemment avec le financement de 4.5Mds d’AUD pour une nouvelle ligne de métro ; une dimension sociétale et politique via l’importance de certains grands projets structurants comme l’extension de la ligne 9 du métro de Séoul ou la célébration des 120 ans du tramway de Hong Kong l’an prochain et enfin une exposition géopolitique imposant la nécessité de maîtriser nos chaînes d’approvisionnement complexes et la durabilité de choix de technologies sensibles.
En parallèle, l’impact de mon métier est immédiat et quotidien. En Asie-Pacifique, nous contribuons à la mobilité de 500 000 passagers journaliers. Seul un service irréprochable permet de maintenir leur confiance et de leur faire choisir le transport public. C’est finalement de cela que je suis le plus fier et qui justifie tout le travail réalisé par mes équipes.
La RATP est l’une des entreprises les plus innovantes du secteur des transports publics, la seule à ce jour à avoir automatisé sans interruption des lignes de métro comme les lignes 1 et 4 à Paris. Cette réputation est à la fois un atout à l’international, mais surtout une exigence d’excellence pour moi et mes équipes.
En 2021, RATP a affirmé de nouveau ses engagements en matière de neutralité carbone. Comment cela se traduit-il ?
Le groupe RATP s’est engagé à réduire de 20 % sa consommation d’énergie et de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre par passager/kilomètre entre 2015 et 2025. Pour ce faire, nous explorons plusieurs pistes : nous étendons la vie de nos actifs, trains et métros ; nous optimisons leurs systèmes mécaniques (moteurs…) ; nous anticipons les nouvelles tendances technologiques qui vont redessiner les contours de la mobilité (bus électriques, bus à hydrogène…) ; nous utilisons les technologies du digital et le Big Data pour mieux piloter, suivre et optimiser les consommations énergétiques…
Sur la question de l’électrification des flottes, la RATP a véritablement joué le rôle de « market maker ». Si les premières annonces du groupe dès 2014 sur le basculement total de son parc en électrique à horizon 2025 avaient été accueillies avec un certain scepticisme, c’est aujourd’hui l’objectif que se sont fixés les opérateurs du monde entier. À Londres, nous sommes ainsi, depuis 2022, le premier opérateur avec zéro émission directe. Il en sera de même à Paris dès 2025 !
Nous menons des expérimentations autour du bus à hydrogène, comme à La Roche-sur-Yon depuis 2021, afin de mieux comprendre cette technologie, d’en développer une certaine maîtrise et de déterminer sa pertinence sur le long terme.
Dans cette course à la mobilité décarbonée, quels sont les enjeux et les freins qui persistent ?
On retrouve bien évidemment un enjeu financier. Les grands projets nécessitent d’importants investissements pour une ville ou une région. Sur cet enjeu, le Groupe a très tôt cherché à innover. Dans cette logique, il a levé un milliard d’euros via des obligations vertes pour des projets de rénovation de trains et de dépôts, l’achat de bus propres… Nous aidons aussi nos partenaires, les villes ou les régions, à obtenir également des financements pour lever ce frein et déployer des projets et de nouvelles infrastructures.
En parallèle, nous nous intéressons de plus en plus aux « derniers kilomètres » qui séparent un passager de l’accès au réseau. Ces derniers kilomètres vont très souvent décider ou non un passager à utiliser les transports publics. Si nous sommes d’ores et déjà le plus gros opérateur multimodal, nous devons, toutefois, développer notre maillage afin justement d’intégrer ces derniers kilomètres. Cela passe, par exemple, par l’intégration des systèmes de mobilité douce afin de permettre aux passagers de s’affranchir du recours à leur voiture personnelle dans leur quotidien.
Et enfin, il s’agit aussi d’attirer toutes les personnes qui n’utilisent pas encore les services du transport public en maximisant le réseau existant.
Les ingénieurs de RATP Dev sont aujourd’hui en première ligne pour accompagner ces évolutions technologiques et sociétales. Dans ce cadre, quelles sont les opportunités de carrière et d’évolution que votre entreprise peut leur offrir ?
Effectivement, RATP Dev façonne la mobilité de demain. Étant à la croisée de tous les contributeurs du transport, nous cherchons des ingénieurs dans des domaines extrêmement divers et offrons des carrières épanouissantes qui développent des compétences multiples.
Notre métier traditionnel attire toujours autant d’ingénieurs dans les domaines de l’exploitation et de la maintenance et cela afin d’assurer le transport de nos 14 millions de passagers au quotidien. Ces métiers poussent vers l’excellence et requièrent une très grande rigueur afin d’assurer la sécurité et le confort de nos passagers.
Plus récemment, nos besoins se sont diversifiés avec la digitalisation. Nous générons une masse phénoménale de données via les trajets de nos passagers ou la remontée fonctionnelle de nos systèmes. Nous accélérons dans l’exploitation de ces données avec des ingénieurs spécialisés en gestion de la donnée avec une forte composante Big Data. Cette digitalisation s’accompagne d’une augmentation du risque cyber sur lequel nous sommes soumis aux exigences parmi les plus élevées.
En tant qu’ingénieur, à mon sens, notre défi fondamental est d’être le garant de systèmes multigénérationnels dont les technologies sous-jacentes ont des cycles de vie de seulement quelques années. La complexification et la digitalisation sont à la fois une opportunité d’amélioration et d’optimisation, mais surtout un défi de long terme pour nos ingénieurs qui anticipent l’obsolescence, la compatibilité future et la migration technologique de nos actifs. Cela requiert finalement une maîtrise de la technologie au moins aussi grande que celle des constructeurs ; cela nous permet, par exemple, d’étendre la durée de vie d’une rame de métro de 30 ans à 60 ans, et ainsi en amoindrir significativement l’impact carbone sur un cycle de vie.
Finalement, nous offrons le meilleur de deux mondes : l’exigence et le sens du concret du service public avec l’autonomie et la prise d’initiative du secteur privé. C’est ce qui attire de plus en plus de jeunes ingénieurs dans nos équipes.
Le mot de la fin ?
Au cours des 15 dernières années, j’ai pu vivre dans des villes extraordinaires comme Hong Kong, Singapour, Séoul, Macao et profiter des projets d’infrastructure pour découvrir les enjeux de mobilité d’autres grandes capitales comme Sydney, Melbourne, Manille ou Riyad. Un parcours riche et humain que je recommande à ceux qui souhaitent combiner un métier passionnant et un impact concret sur notre environnement !