Recrudescence de l’inflation et réponse politique : faits et enjeux
Le niveau actuel de l’inflation, inconnu depuis trente ans, conduit à un débat légitime sur l’effet de l’inflation sur le coût de la vie, sur les finances publiques ou encore sur la croissance économique. À la différence de la dette publique, l’inflation est d’abord une expérience concrète pour tous, et nouvelle pour les générations récentes. Elle demande en même temps une gestion macroéconomique. La mesure même de l’inflation amène déjà des débats légitimes.
L’inflation ne mesure pas directement le coût de la vie, mais l’évolution d’un panier moyen de biens. Nous ne faisons pas tous l’expérience de la même inflation, car les structures de consommation diffèrent suivant le revenu, le lieu de résidence ou encore le statut de locataire ou de propriétaire. Amorcée en sortie de crise sanitaire, exaspérée par le conflit ukrainien, l’inflation actuelle provient de la diffusion d’une hausse des prix de biens importés : gaz, pétrole, de nombreuses matières premières industrielles et alimentaires. La question essentielle est bien le policy mix qui permet de répondre à cette situation.
La première réponse à la crise énergétique en France a été budgétaire, avec la mise en place du bouclier tarifaire. Celui-ci était inédit, et utile pour ne pas réduire brutalement le niveau de vie des ménages, mais il ne peut être permanent. Un bouclier tarifaire pérennisé, coûteux pour les finances publiques, demanderait de fortes hausses d’impôts futures pour stabiliser la dette publique. Car il ne faut pas compter sur un effacement magique de la dette par le truchement de l’inflation : la hausse des prix alimente certes les recettes publiques, mais elle joue également sur les dépenses, dont beaucoup sont indexées.
“Nous entrons peut-être dans un nouveau régime d’inflation plus volatile.”
Tout aussi délicate est l’orientation de la politique monétaire ; face à une hausse des prix d’origine domestique, le durcissement s’impose ; face à une inflation importée, les banques centrales ne peuvent rester passives, ne serait-ce que pour affirmer leur détermination à assumer leur mandat et à revenir aux objectifs d’inflation cible, mais l’exercice est plus délicat car le risque existe d’ajouter un effet récessif excessif à un phénomène qui ponctionne déjà le revenu national.
Ces questions sont certes anciennes, mais elles doivent être replacées dans le contexte actuel, qui est marqué par la multiplicité des risques, liés à la crise financière, à un contexte de pandémie qui n’est pas complètement dissipé, au retour de préoccupations de souveraineté du fait de la montée des tensions géopolitiques. À ces risques s’ajoute, sur le long terme, la nécessaire transition vers une économie bas carbone qui va changer la structure des prix relatifs.
La gestion des crises, malheureusement récurrentes, doit conserver l’orientation tendancielle d’une hausse du prix relatif des biens carbonés, tout en gardant une inflation contenue. Nous entrons donc peut-être dans un nouveau régime d’inflation plus volatile, dont ce dossier contribue à dessiner la nature, grâce à sept contributions de spécialistes reconnus.
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