Réinventer l’assurance pour mieux servir les assurés
Le modèle d’affaires de la société créée par Raphaël Berger est celui très classique d’un courtier d’assurances, mais l’offre est beaucoup plus personnalisée grâce aux développements technologiques. On peut regrouper les assurés en petites communautés pour se protéger de manière solidaire, par exemple ceux qui ont un mode de vie semblable ou ceux qui ont le même comportement.
Qu’est ce qui est appelé à changer dans le secteur de l’assurance ?
L’assurance en est au tout début de sa transformation numérique. C’est un secteur qui s’appuie encore sur des modes de fonctionnement souvent datés : réseaux de distributions traditionnels, gestion faiblement automatisée, tarification fondée sur des modèles actuariels que le big data a souvent rendu obsolètes.
UN COURTIER MODERNE
Le modèle d’affaires d’Otherwise est celui d’un courtier d’assurances (immatriculé auprès de l’Orias). Partenaire des assureurs, la société est rémunérée pour son rôle de commercialisation et de gestion sous la forme d’une commission en pourcentage des cotisations réglées par les assurés.
Cette transformation est une réelle opportunité pour le secteur : elle pourrait être une réponse à l’insatisfaction croissante des assurés qui voient les tarifs augmenter d’année en année sans constater aucune amélioration du service rendu et sont perdus face à la complexité des contrats comme à la difficulté à obtenir un remboursement.
Cette transformation répond aussi à des évolutions dans les comportements : émergence de l’économie du partage et de l’économie à la demande, changement des modes de consommation à l’ère des réseaux sociaux.
D’où le développement de l’« Insurtech » qui, à l’instar de la « Fintech », s’appuie sur les développements technologiques pour mieux répondre aux attentes des clients.
De nombreuses start-up voient ainsi le jour depuis environ cinq ans avec l’ambition de dépoussiérer le secteur, attirées par un potentiel de marché gigantesque et portées par un intérêt croissant des investisseurs.
On parle d’assurance comportementale : de quoi s’agit-il ?
L’assurance comportementale désigne le champ des produits d’assurance qui tiennent compte du comportement des assurés dans leur fonctionnement contractuel, notamment au travers de l’utilisation d’objets connectés.
“ L’assurance comportementale se développe dans de multiples segments de marché ”
L’assurance comportementale se développe dans de multiples segments de marché. On trouve ainsi en assurance automobile des offres dites Pay how you drive, où le client bénéficie d’un tarif modulé en fonction de son comportement au volant.
De plus en plus d’offres se développent aussi en assurance santé qui s’appuient sur les bracelets connectés et autres programmes de coaching bien-être.
L’enjeu de l’assurance comportementale est bien de proposer des services et une tarification plus personnalisés, pour intensifier et améliorer la relation client.
L’assurance n’est-elle pas collaborative par essence ?
L’assurance collaborative fait également partie des grands axes d’innovation du secteur. Son principe est de regrouper des assurés en petits groupes à taille humaine, réunis pour se protéger de manière solidaire.
Chaque année une partie des cotisations permet au groupe de constituer une cagnotte destinée à prendre en charge leurs prestations d’assurance. Les sommes qui n’auront pas été utilisées seront restituées de manière équitable à chacun des membres du groupe. Les assurés se connaissent et sont incités à adopter un comportement responsable au bénéfice de tous.
À ses origines, l’assurance était effectivement collaborative. Elle reste aujourd’hui fondée sur un principe de mutualisation, mais elle a perdu ce qui lui garantissait l’expérience authentiquement collaborative : la dimension humaine et la responsabilisation.
En quoi Otherwise innove dans ce cas ?
Otherwise innove en réinventant l’assurance. D’abord, Otherwise propose une assurance simple et zéro papier. Cela peut paraître indispensable, mais peu d’acteurs le proposent aujourd’hui. L’assuré effectue ainsi toutes les démarches de manière dématérialisée.
“ Otherwise permet de récupérer jusqu’à 50 % des cotisations d’assurance ”
Ensuite, Otherwise propose une assurance qui « rembourse à tous les coups ». Quand vous avez des sinistres, Otherwise vous rembourse, c’est la priorité. Mais s’il y a peu de sinistres, Otherwise vous reverse la partie de la cotisation qui n’a pas servi.
Les assurés peuvent ainsi bien se couvrir : ils en auront forcément pour leur argent. Alors qu’on ne récupérera rien avec un assureur traditionnel, Otherwise permet de récupérer jusqu’à 50 % des cotisations d’assurance.
Enfin, Otherwise propose une assurance humaine et collaborative. À la souscription, les assurés rejoignent un groupe de personnes qui ont toutes un mode de vie semblable. Nous proposons depuis le début d’année une complémentaire santé collaborative, et nous travaillons déjà à construire d’autres produits d’assurance qui verront le jour dans les prochains mois.
Peut-on parler d’ubérisation ?
Il est probablement abusif de parler d’ubérisation avec l’assurance collaborative. La plupart des plateformes opèrent en tant que courtier : elles ont fait le choix de travailler en partenariat avec les assureurs, notamment pour répondre à des contraintes réglementaires importantes. L’assurance collaborative n’a ainsi pas vocation à rendre les assureurs traditionnels obsolètes comme Uber vis-à-vis des taxis.
La référence à l’économie du partage me paraît plus adaptée. L’assurance collaborative repose sur une notion d’« autoassurance collective » où le partage d’une ressource (le risque) est porteur de bénéfices pour tous.
Est-ce que cela concerne les entreprises autant que les particuliers ?
Aujourd’hui, nous proposons une mutuelle santé individuelle, et nous nous adressons donc à des individus, aussi bien à des particuliers qu’à des professionnels indépendants.
Le modèle est néanmoins tout à fait adapté à l’échelle d’une entreprise ou d’un regroupement d’entreprises. Nous travaillons ainsi à développer des produits qui cibleront le marché des entreprises.
Comment réagissent les grands groupes français ?
Depuis le démarrage du projet, nous avons rencontré plusieurs dizaines d’assureurs, d’abord à notre initiative puis à la leur quand nous nous sommes rendus visibles par la profession.
Globalement, nous recevons un accueil très favorable de leur part. Cet engouement nous permet d’ailleurs de jouer notre rôle de courtier, et de sélectionner le meilleur partenaire sur chacun de nos produits.
Et à l’international ?
Otherwise innove en réinventant l’assurance.
© KASPARS GRINVALDS / FOTOLIA.FR
L’assurance collaborative se développe aussi à l’international, comme : Lemonade aux États-Unis, qui a levé plus de 60 millions de dollars depuis sa création, et Friendsurance qui se déploie en Allemagne depuis 2012.
Pour ce qui est d’Otherwise, nous commençons par consolider notre présence en France mais nous avons des ambitions fortes à l’international.
Pourquoi avoir choisi d’entreprendre ?
J’ai commencé ma carrière au sein d’une start-up un peu particulière, puisque c’était un fonds d’investissement spécialisé dans les infrastructures. J’ai ensuite rejoint Areva : j’en suis devenu directeur de la stratégie en 2012 et j’y ai notamment mis en place un programme d’innovation.
J’ai quitté Areva en 2015 avec la conviction qu’acculturer un grand groupe à la culture start-up est un exercice de longue haleine surtout dans une situation économique difficile et que ma vocation était d’aller créer ma propre entreprise pour trouver l’agilité, la rapidité qui fait défaut aux grands groupes.
Et en venant d’un grand groupe, est-ce plus compliqué ?
Je trouve au contraire que venir d’un grand groupe présente beaucoup d’avantages pour entreprendre. D’abord, cela m’a permis de construire un réseau professionnel solide. Ce passage par un grand groupe renforce la crédibilité de notre équipe donc de notre projet.
Il permet aussi de développer une bonne compréhension des enjeux politiques des grandes organisations et d’être plus efficace dans le développement des relations avec ce type de partenaires.
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Question à R. Berger sur Otherwise
R.Berger affirme : « À la souscription, les assurés rejoignent un groupe de personnes qui ont toutes un mode de vie semblable. » A quel public Otherwise est-il réservé ? Comment l’assureur opère-t-il sa sélection ? Cela aurait mérité un développement.