Relier le plateau de Saclay par tous les moyens possibles
Le département joue un rôle déterminant dans l’aménagement du plateau et dans ses connexions avec son environnement économique, humain et urbain. Une génération plus avant, le plateau était isolé. Ce n’est absolument plus le cas et la réussite est flagrante.
Quel est votre parcours ? Pourquoi ce poste aujourd’hui ?
Je suis entré à l’École en 1994. À l’X, motivé par l’incroyable professeur Jean Salençon, j’étudie surtout la mécanique et je pense à partir dans la recherche. Je rejoins cependant le corps des Ponts et Chaussées et m’oriente alors vers le service public, avec un DEA d’urbanisme. De l’X, je retiens l’importance du dialogue entre l’expertise scientifique et l’expérience de terrain, afin de pouvoir fournir une juste appréciation technique. Je commence ensuite une carrière d’ingénieur de la fonction publique, avec de nombreux postes en administrations déconcentrée et centrale dans les domaines des transports, de l’aménagement et du logement. Actuellement je travaille au conseil départemental de l’Essonne, plus précisément je suis directeur adjoint « territoires et mobilités ». Auparavant j’étais sous-directeur « aménagement durable », qui exerce la tutelle de l’Établissement public d’aménagement du plateau de Saclay (Epaps).
Repères
La gouvernance de l’Établissement public d’aménagement (EPA) Paris-Saclay est constituée d’un conseil d’administration qui compte 20 membres appartenant à l’État, aux collectivités territoriales ou étant des personnalités qualifiées. Le conseil d’administration est dirigé par un président. L’EPA dispose d’un directeur général. Les différentes instances sont régulées par une agence comptable. L’agence comptable est chargée de contrôler le respect du code des marchés et des règles de la comptabilité publique. Il existe également un contrôle général, économique et financier. L’EPA Paris-Saclay dispose d’une équipe de 80–90 personnes mobilisées pour traduire en actions opérationnelles et en initiatives les orientations fixées par le conseil d’administration.
Quelles sont vos missions aujourd’hui ?
J’encadre les équipes du conseil départemental dans les domaines du transport et du logement, mais aussi du numérique par exemple, avec le déploiement de la fibre optique. Cela représente 140 personnes. En termes de projet, nous travaillons actuellement au réaménagement de la RN 20, nous avons également lancé un grand programme d’aide à la rénovation énergétique des logements et concevons le plan vélo du département. Concernant la fibre optique, dans certaines parties du département, notamment vers le sud, le câblage n’est pas pris en charge par des opérateurs privés, alors c’est à nous de le mettre en place. Pour les projets déjà réalisés, on peut passer aux transports en commun en site propre, comme les lignes 91.06 ou 91.10 qui partent de Massy-Palaiseau et desservent le plateau par des voies réservées.
Pour parler du plateau, quel est le rôle du conseil départemental dans l’aménagement du plateau ?
Nous sommes partie prenante du conseil d’administration de l’Établissement public d’aménagement du plateau de Saclay et nos élus sont des élus de ce territoire, par exemple le maire de Gif-sur-Yvette, Michel Bournat, qui est vice-président du conseil départemental de l’Essonne. Nous accompagnons le projet en maîtrise d’ouvrage : on va construire des écoles, des casernes, et des routes sont à aménager… Enfin, nous participons au « lobbying », en mettant en avant les intérêts du territoire face aux autres partenaires. La ligne 18 a été au centre de notre action ; il s’agissait de s’assurer que la ligne desserve correctement le plateau, qui a quand même pour ambition d’être un hub mondial de recherche.
Certains militants pensent que la ligne n’aide pas les habitants du plateau, mais sert uniquement à l’urbanisation ; qu’en pensez-vous ?
Si l’on souhaite avoir de vrais quartiers urbains sans voitures dans tous les sens, avec des accès aux services et à la métropole, la ligne 18 est complètement justifiée. On ne peut pas opposer les gens à ce projet. Ce dernier desservira des gens qui vont vivre et travailler sur le plateau ! Les nouveaux quartiers du projet sont des quartiers de gare, denses, qui vont accueillir des milliers d’usagers (60 000 usagers à l’horizon 2026 sur le campus urbain).
Y a‑t-il un risque que l’aménagement du plateau soit déconnecté de ses fonctions et de ses habitants initiaux ? C’est un plateau agricole, à la base…
C’est à l’Epaps de répondre à ces questions. On peut quand même noter la présence de zones agricoles protégées, ce qui marque une particularité du plateau.
“La ligne 18 a été au centre de notre action pour desservir correctement le plateau.”
Quelle est votre vision à long terme pour le plateau ? Qu’est-ce qui doit évoluer ?
Ce qui va suivre n’engage que moi. Personnellement, X94, j’ai connu le plateau avec Polytechnique. Point. Pendant les grèves de 1995, on se sentait vraiment coupé du monde. Aujourd’hui, l’aménagement du campus et du plateau n’a rien à voir avec son état d’il y a vingt-cinq ans. Je ne sais pas si tout le monde mesure la réussite collective de l’État, des collectivités, des universités et des entreprises. Monter en si peu de temps un pôle mondial de recherche, avec de belles entreprises françaises, dans un cadre urbain moderne de qualité, c’est vraiment un projet extraordinaire. Je dirais que le plateau manque encore un peu de vie sociale, mais cela est amené à se développer naturellement. Le point clé : c’est un plateau. L’accessibilité, la connexion avec la métropole doivent être renforcées et mobiliser notre attention. J’imagine que vous montez souvent les marches de Lozère ?
À vrai dire, le bus 91.06 nous amène directement sur le campus désormais…
Je vois… En tout cas la situation géographique est un vrai sujet de travail. Par exemple, il va falloir renforcer la capacité de la RN 118 en ouvrant des voies pour les bus. Le sujet des transports sera une réflexion permanente : il faudra toujours les développer en proportion de l’activité du plateau.