Un investisseur à la croisée du monde de la biotech et du venture capital
Remora Biotech est un Venture Builder qui développe et finance des innovations thérapeutiques au stade early-stage grâce à une approche intégrée et entrepreneuriale. Jean-Marc Le Doussal (X82), PhD, Fondateur et CEO de Remora Biotech, nous en dit plus.
Pouvez-vous nous présenter Remora Biotech ?
Remora Biotech est une société d’investissement gérée par des entrepreneurs expérimentés dans la biotech que j’ai lancée en 2011 à Lausanne (Suisse) et en 2023 en France avec mon associé David Bechard. Aujourd’hui, Remora se positionne comme un Venture Builder qui s’intéresse essentiellement à des innovations thérapeutiques dans le domaine de l’immunothérapie.
Au cours des dernières années, le monde de la santé s’est significativement segmenté et spécialisé, ce qui demande une expertise scientifique pointue dont les fonds d’investissement généralistes ne disposent pas. En Europe, il existe bien sûr des fonds d’investissement spécialisés en biotech, mais trop peu en early stage qui nécessite une organisation particulière.
Pourquoi avez-vous choisi de vous positionner sur la phase de conception ou early stage ?
Si ces étapes initiales de conception d’un candidat médicament sont les plus créatrices de valeur, elles sont aussi plus difficiles à maîtriser par des acteurs purement financiers, car elles sont peu planifiables.
Généralement les centres de recherche académique développent des idées d’innovations thérapeutiques qui sont ensuite reprises et développées par des entrepreneurs, financés par des Venture Capital afin d’en faire la démonstration chez l’Homme.
Dans cette démarche, l’entrepreneur est très souvent isolé. Il doit mener de front plusieurs chantiers : construire et structurer une équipe, trouver des financements, poursuivre la recherche et le développement industriel du produit… Avec mon associé, nous sommes nous-mêmes des serial entrepreneurs dans le domaine de la biotech et avons été confrontés à cette complexité. Si le succès est parfois au rendez-vous, ce processus d’innovation « de novo » n’est satisfaisant ni pour les entrepreneurs ni pour les investisseurs.
“Nous avons conçu Remora Biotech comme une plateforme d’innovation dont la vocation est de professionnaliser ces étapes critiques. Notre modèle s’appuie ainsi sur une mutualisation des moyens et des compétences.”
À partir de ce constat, nous avons conçu Remora Biotech comme une plateforme d’innovation dont la vocation est de professionnaliser ces étapes critiques. Notre modèle s’appuie ainsi sur une mutualisation des moyens et des compétences qui s’articule autour de trois éléments clés : des équipes expertes (développement pharmaceutique, industrialisation, règlementation, propriété intellectuelle…) et structurées ; des moyens avec deux laboratoires basés à Nantes et à Marseille spécialisés dans la recherche et développement de candidats-médicaments d’immunothérapie, et bien sûr le financement que nous assurons en fonds propres avec nos co-investisseurs et aide à l’innovation. Dans notre modèle, la dimension humaine est clé. Si l’actif reste bien évidemment l’élément critique, nous accordons beaucoup d’importance aux personnes et aux compétences avec qui nous travaillons et nouons des partenariats. Nous nous inscrivons véritablement dans une approche de co-design des thérapies avec les universités et les hôpitaux.
Depuis la création de la société en 2011, nous avons créé et développé un portefeuille de 10 biotechs (Remora Ventures) en Suisse et en France.
Comment ce positionnement se traduit-il ?
Nous nous positionnons véritablement comme des Venture Builders, qui conçoivent des nouvelles thérapies avec des scientifiques et des médecins champions dans leur domaine, et créent les entreprises (Remora Ventures) dédiées à leur développements. C’est un positionnement à la croisée de la biotech et du Venture Capital.
Pour réussir, nous intégrons tous les maillons de la chaîne de valeur early stage. Nous finançons ainsi 100 % des projets (entre 4 à 6 millions d’euros par projet en moyenne) jusqu’à leur preuve de concept préclinique„ étape à laquelle nous pouvons ouvrir le capital à des Venture Capitalists ou à des industriels. Nous privilégions d’ailleurs de nouer des partenariats avec les industriels avant même d’aller en essai clinique en nous se focalisant sur des candidats médicaments particulièrement attractifs et pertinents pour l’industrie pharma.
À date, nous avons vendu deux ventures ; nous en avons une autre qui est profitable ; et nous sommes en discussions avancées de partenariats sur d’autres actifs. Nous alimentons en permanence notre pipeline avec d’autres projets pour faire croître et renouveler notre portefeuille, distribuer des produits de cessions à nos actionnaires, et nous auto-financer en partie.
En quoi votre approche est-elle différenciante ?
En Europe, nous sommes parmi les pionniers de ce modèle émergent de Venture Builder intégré. De plus, nous avons fait le choix de capitaliser sur notre expérience du domaine de l’immunothérapie, qui connaît un momentum unique, depuis quelques années, et se profile comme une thérapie potentiellement définitive du cancer et de certaines maladies immunologiques, notamment avec des technologies comme l’ARN et les thérapies cellulaires. C’est aussi un des segments les plus lucratifs pour les biotech early stage. À plus long terme, nous nous intéressons aussi à la thérapie du vieillissement.
“Notre business modèle limite aussi le risque pour l’investisseur en capitalisant sur des savoir-faire existants, dans une démarche plutôt incrémentale, et en proposant un portefeuille d’actifs diversifié à différents stades de développement. Notre objectif est de donner à l’investissement en biotech early stage un profil de risque typique des entreprises en croissance.”
Ce positionnement nous permet de professionnaliser et de dé-risquer les innovations thérapeutiques early stage afin de faciliter leur acquisition par des industriels ou leur financement par des investisseurs plus généralistes.
Notre business modèle limite aussi le risque pour l’investisseur en capitalisant sur des savoir-faire existants, dans une démarche plutôt incrémentale, et en proposant un portefeuille d’actifs diversifié à différents stades de développement. Notre objectif est de donner à l’investissement en biotech early stage un profil de risque typique des entreprises en croissance.
Et pour conclure ?
Nous gérons aujourd’hui près de 100 millions d’actifs. Nous ouvrirons dans les prochains mois notre capital à hauteur de 25 millions d’euros pour investir dans la croissance de notre portefeuille de thérapies innovantes et atteindre ainsi une taille critique qui nous permettra, si les conditions sont favorables, de faire notre entrée en Bourse.