Renouveler le modèle universitaire

Renouveler le modèle universitaire

Dossier : ÉducationMagazine N°801 Janvier 2025
Par Svenia BUSSON

Les uni­ver­si­tés connaissent une crise exis­ten­tielle face aux muta­tions du mar­ché du tra­vail. Leur modèle est sou­mis à la com­pa­rai­son avec des expé­riences qui réus­sissent par­ti­cu­liè­re­ment dans l’innovation péda­go­gique. Cette com­pa­rai­son doit les ame­ner à envi­sa­ger non une concur­rence mor­ti­fère, mais des coopé­ra­tions qui renou­vel­le­ront leur attractivité.

Le fos­sé entre les com­pé­tences ensei­gnées dans l’enseignement supé­rieur et les attentes des employeurs est un pro­blème majeur qui mérite une atten­tion urgente. Si 96 % des direc­teurs d’université amé­ri­caine sont convain­cus que leurs ins­ti­tu­tions pré­parent effi­ca­ce­ment les étu­diants au mar­ché du tra­vail, seuls 11 % des employeurs par­tagent cet avis. Ce déca­lage fla­grant met en lumière une inadé­qua­tion pro­fonde entre l’offre édu­ca­tive et les réa­li­tés pro­fes­sion­nelles. Par ailleurs, l’avenir s’annonce encore plus com­plexe : 85 % des emplois de 2030 n’existent pas encore aujourd’hui.

Dans un tel contexte, com­ment les sys­tèmes édu­ca­tifs peuvent-ils se trans­for­mer pour répondre à ces défis ? Les méthodes actuelles sont-elles encore adap­tées à un monde où la pen­sée ana­ly­tique, la créa­ti­vi­té, la rési­lience ou l’apprentissage conti­nu deviennent des com­pé­tences essen­tielles ? Quelles sont les muta­tions néces­saires pour ali­gner l’enseignement supé­rieur sur les exi­gences du monde pro­fes­sion­nel de demain ? Cette réflexion est indis­pen­sable pour pré­pa­rer une géné­ra­tion capable de pros­pé­rer dans un mar­ché du tra­vail en constante évolution.

Le fossé entre l’enseignement supérieur et le monde du travail

Les entre­prises recherchent des talents capables de répondre à des ques­tions com­plexes, mais les for­ma­tions tra­di­tion­nelles peinent à pré­pa­rer les étu­diants à cette réa­li­té. Par exemple, les com­pé­tences dites « trans­ver­sales » ou « non tech­niques » – telles que la pen­sée ana­ly­tique, la créa­ti­vi­té, l’agilité et la rési­lience – figurent par­mi les plus pri­sées par les employeurs. Selon le World Eco­no­mic Forum, ces com­pé­tences font par­tie du top 10 des apti­tudes essen­tielles pour l’avenir. Pour­tant, elles ne sont sou­vent qu’insuffisamment déve­lop­pées dans les par­cours uni­ver­si­taires tra­di­tion­nels. D’un autre côté, les com­pé­tences tech­niques ensei­gnées dans de nom­breux pro­grammes deviennent rapi­de­ment obso­lètes face à l’évolution accé­lé­rée des tech­no­lo­gies et des outils pro­fes­sion­nels. Un diplô­mé peut ain­si se retrou­ver en déca­lage avec les attentes du mar­ché dès sa sor­tie de l’université.

Cette inadé­qua­tion se tra­duit direc­te­ment dans les sta­tis­tiques d’emploi. De nom­breux diplô­més éprouvent des dif­fi­cul­tés à trou­ver un poste cor­res­pon­dant à leur qua­li­fi­ca­tion ou à s’adapter rapi­de­ment aux exi­gences du mar­ché. Para­doxa­le­ment, dans des sec­teurs où les com­pé­tences sont en forte demande, comme l’informatique ou la cyber­sé­cu­ri­té, les employeurs déplorent un manque de talents opé­ra­tion­nels immé­dia­te­ment dis­po­nibles. Ce constat pose une ques­tion cru­ciale : l’enseignement supé­rieur, tel qu’il est aujourd’hui struc­tu­ré, est-il encore capable de rem­plir son rôle de pas­se­relle vers le mar­ché du tra­vail ? La réponse néces­site une réflexion sur des chan­ge­ments pro­fonds dans les pro­grammes, les méthodes et les for­mats éducatifs.

La nécessité d’un changement pédagogique

Pour réduire le fos­sé entre les com­pé­tences ensei­gnées et celles recher­chées par les employeurs, l’enseignement supé­rieur doit impé­ra­ti­ve­ment repen­ser ses méthodes péda­go­giques. L’approche tra­di­tion­nelle, sou­vent cen­trée sur la trans­mis­sion pas­sive des connais­sances, montre ses limites dans un monde où l’adaptabilité, la pen­sée cri­tique et la col­la­bo­ra­tion priment.

Les péda­go­gies actives, qui placent l’étudiant au cœur de son appren­tis­sage, offrent des pers­pec­tives pro­met­teuses pour répondre à ces défis. Ces approches, comme l’apprentissage par pro­jet, les études de cas ou le tra­vail col­la­bo­ra­tif, per­mettent de déve­lop­per non seule­ment des com­pé­tences tech­niques, mais aus­si des apti­tudes trans­ver­sales essen­tielles. Par exemple : l’apprentissage par pro­jets confronte les étu­diants à des pro­blé­ma­tiques concrètes, simi­laires à celles qu’ils ren­con­tre­ront en entre­prise, tout en sti­mu­lant leur capa­ci­té à résoudre des pro­blèmes de manière créa­tive et auto­nome ; les études de cas ancrent les connais­sances théo­riques dans des scé­na­rios réels, favo­ri­sant une com­pré­hen­sion plus pro­fonde et une prise de déci­sion éclai­rée ; le tra­vail col­la­bo­ra­tif déve­loppe des com­pé­tences rela­tion­nelles comme la com­mu­ni­ca­tion, l’écoute active et la ges­tion de conflits, toutes cru­ciales dans un envi­ron­ne­ment pro­fes­sion­nel. De nom­breux éta­blis­se­ments supé­rieurs pour­raient pré­tendre mettre en œuvre ces pra­tiques péda­go­giques. C’est mal­heu­reu­se­ment mal fait ou trop peu fait.

Hyper Island en Suède place la collaboration et le travail sur des défis réels proposés par des entreprises au cœur de ses programmes.
Hyper Island en Suède place la col­la­bo­ra­tion et le tra­vail sur des défis réels pro­po­sés par des entre­prises au cœur de ses programmes.

Des exemples inspirants

Des exemples ins­pi­rants montrent pour­tant qu’il est pos­sible d’appliquer ces méthodes avec suc­cès. Hyper Island en Suède, par exemple, place la col­la­bo­ra­tion et le tra­vail sur des défis réels pro­po­sés par des entre­prises au cœur de ses pro­grammes. De même, la CODE Uni­ver­si­ty en Alle­magne adopte une approche cen­trée sur l’apprentissage par la pra­tique, où les étu­diants tra­vaillent sur des pro­jets concrets liés avec des besoins réels du marché.

Ces ins­ti­tu­tions démontrent que l’intégration de péda­go­gies actives, bien conçue, peut non seule­ment amé­lio­rer les com­pé­tences des étu­diants, mais aus­si ren­for­cer leur employa­bi­li­té. Pour que ces approches deviennent plus cou­rantes, les uni­ver­si­tés doivent aller au-delà de la simple trans­mis­sion de savoirs théo­riques et jouer un rôle plus direct dans la pré­pa­ra­tion à l’emploi. Cela implique plu­sieurs déci­sions. For­mer les étu­diants à l’apprentissage tout au long de la vie, en leur incul­quant une curio­si­té intel­lec­tuelle et une capa­ci­té d’adaptation aux nou­veaux outils et méthodologies.

“Certaines institutions ont déjà fait le choix de l’innovation pédagogique.”

Ren­for­cer les liens avec les entre­prises pour ali­gner les pro­grammes sur les com­pé­tences réel­le­ment deman­dées sur le mar­ché. Inté­grer des modules pra­tiques dès les pre­mières années d’études, afin de mieux pré­pa­rer les étu­diants aux attentes concrètes des employeurs. Cer­taines ins­ti­tu­tions ont déjà fait le choix de l’innovation péda­go­gique. Par exemple, les écoles d’ingénieurs qui intègrent des hacka­thons ou des pro­jets en entre­prise dès la pre­mière année, ou les écoles de com­merce qui favo­risent les simu­la­tions de négo­cia­tion en contexte réel. Ces ini­tia­tives, bien qu’encore trop iso­lées, montrent qu’un chan­ge­ment est pos­sible et qu’il peut béné­fi­cier direc­te­ment aux étu­diants. En adop­tant ces approches actives et col­la­bo­ra­tives, l’enseignement supé­rieur pour­rait trans­for­mer des diplô­més uni­ver­si­taires en pro­fes­sion­nels opé­ra­tion­nels, capables de s’épanouir dans un mar­ché du tra­vail en constante évolution.

Le modèle des bootcamps

Face à la rigi­di­té des cur­sus tra­di­tion­nels, des for­mats ori­gi­naux se sont impo­sés pour répondre aux besoins immé­diats du mar­ché de l’emploi. Les boot­camps, tels qu’Udacity, Iron­hack ou Ico­no­class, sont conçus pour ensei­gner des com­pé­tences concrètes et direc­te­ment appli­cables en quelques mois. Ces for­ma­tions inten­sives, sou­vent cen­trées sur des com­pé­tences en ten­sion, séduisent tant les appre­nants que les employeurs, pour leur effi­ca­ci­té et leur pertinence. 

Contrai­re­ment aux pro­grammes longs des uni­ver­si­tés, ils se concentrent sur l’essentiel : un appren­tis­sage rapide et inten­sif, orien­té vers l’emploi. Ce for­mat répond par­fai­te­ment à l’accélération des cycles tech­no­lo­giques et aux exi­gences crois­santes de l’économie numé­rique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en moyenne, les boot­camps affichent un taux de pla­ce­ment de 90 %, une sta­tis­tique qui témoigne de leur attrac­ti­vi­té pour les employeurs. Les boot­camps pré­sentent plu­sieurs avan­tages qui les dis­tinguent des for­ma­tions uni­ver­si­taires traditionnelles.

« Les bootcamps sont conçus pour enseigner des compétences concrètes et directement applicables en quelques mois. »

Adap­ta­tion rapide au mar­ché : les conte­nus sont régu­liè­re­ment mis à jour pour reflé­ter les der­nières ten­dances tech­no­lo­giques ou métho­do­lo­giques, ce qui les rend immé­dia­te­ment per­ti­nents. For­ma­tion ciblée et inten­sive : contrai­re­ment aux diplômes longs, les boot­camps ne s’encombrent pas de cours théo­riques hors sujet. L’apprentissage est conden­sé et prag­ma­tique. Coût réduit et retour sur inves­tis­se­ment rapide : en seule­ment quelques mois et pour un coût modé­ré, un étu­diant peut se for­mer et accé­der à des métiers bien rému­né­rés. Par exemple, un jeune diplô­mé en vente peut inté­grer une entre­prise après une for­ma­tion Ico­no­class pour une frac­tion du coût d’un mas­ter en école de commerce. 

Les uni­ver­si­tés pour­raient s’inspirer de ces modèles pour répondre aux besoins du mar­ché : explo­rer des for­mats hybrides ou modu­laires per­met­tant de com­bi­ner l’expertise uni­ver­si­taire avec des appren­tis­sages plus ciblés ; pro­po­ser des pro­grammes plus courts, ali­gnés sur les com­pé­tences les plus deman­dées ; col­la­bo­rer avec des boot­camps pour cocréer des par­cours sur mesure ou cer­ti­fier les com­pé­tences acquises. Les for­ma­tions tra­di­tion­nelles, avec leurs cycles longs de cinq ans ou plus, peinent à suivre le rythme des trans­for­ma­tions rapides du mar­ché. Pour­quoi s’endetter pour un MBA ou un mas­ter si un boot­camp peut offrir un poste en seule­ment trois mois ? Les ins­ti­tu­tions uni­ver­si­taires doivent repen­ser leur modèle pour évi­ter de deve­nir obso­lètes face à la mon­tée des alter­na­tives plus flexibles et ciblées.

L’émergence des challenger universities

Dans le pay­sage édu­ca­tif en muta­tion, un nou­veau modèle d’institutions gagne en visi­bi­li­té : les chal­len­ger uni­ver­si­ties. Ces éta­blis­se­ments, sou­vent créés en rup­ture avec les pra­tiques tra­di­tion­nelles, pro­posent une vision radi­ca­le­ment dif­fé­rente de l’enseignement supé­rieur. En misant sur l’innovation, la flexi­bi­li­té et l’expérience étu­diante, ces uni­ver­si­tés chal­lengent les modèles clas­siques tout en répon­dant aux attentes des jeunes géné­ra­tions et des employeurs. 

Ces uni­ver­si­tés se dis­tinguent par leur approche nova­trice et leur capa­ci­té à s’adapter aux besoins actuels. Voi­ci quelques traits com­muns. Tech­no­lo­gie au cœur de l’expérience édu­ca­tive : des outils numé­riques per­for­mants pour l’apprentissage en ligne, des pla­te­formes col­la­bo­ra­tives et des simu­la­tions immer­sives per­mettent de moder­ni­ser l’approche péda­go­gique. Un pro­gramme inter­disciplinaire et flexible : les étu­diants peuvent sou­vent per­son­na­li­ser leur cur­sus en com­bi­nant plu­sieurs dis­ci­plines, favo­ri­sant ain­si une approche holis­tique et per­ti­nente face à la com­plexi­té du monde pro­fes­sion­nel. Une expé­rience étu­diante repen­sée : les méthodes d’enseignement intègrent des pro­jets réels, des stages obli­ga­toires et des inter­ac­tions régu­lières avec des men­tors issus du monde professionnel.

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Des exemples inspirants

Miner­va Uni­ver­si­ty : cette uni­ver­si­té cali­for­nienne pro­pose une approche glo­bale, avec des cam­pus dans plu­sieurs grandes villes du monde, et un modèle d’enseignement exclu­si­ve­ment en ligne, com­bi­nant rigueur et com­pé­tences pra­tiques. Make School : située à San Fran­cis­co, elle se concentre sur les com­pé­tences en infor­ma­tique et desi­gn, inté­grant des stages en entre­prise direc­te­ment dans le cur­sus. Lon­don Inter­dis­ci­pli­na­ry School : elle pro­pose un pro­gramme axé sur la réso­lu­tion de pro­blèmes réels, en s’appuyant sur une inter­dis­ci­pli­na­ri­té pous­sée et des par­te­na­riats avec des entre­prises et ONG. 

Les chal­len­ger uni­ver­si­ties ne se contentent pas de pro­po­ser un ensei­gne­ment : elles réin­ventent l’écosystème édu­ca­tif et montrent des résul­tats impres­sion­nants. Un coût réduit : en ratio­na­li­sant leurs infra­struc­tures et en misant sur des for­mats hybrides, elles par­viennent à dimi­nuer signi­fi­ca­ti­ve­ment les frais de sco­la­ri­té par rap­port aux uni­ver­si­tés clas­siques. Une employa­bi­li­té accrue : grâce à des pro­grammes conçus en col­la­bo­ra­tion avec les entre­prises, les diplô­més sont sou­vent opé­ra­tion­nels dès leur sor­tie, ce qui réduit leur temps d’intégration sur le mar­ché de l’emploi.

« Collaboration plutôt que compétition. »

Quelles sont les impli­ca­tions pour les uni­ver­si­tés tra­di­tion­nelles ? Les chal­len­ger uni­ver­si­ties ne repré­sentent pas seule­ment une concur­rence ; elles incarnent un appel à l’innovation pour les ins­ti­tu­tions éta­blies. Les uni­ver­si­tés tra­di­tion­nelles pour­raient tirer des ensei­gne­ments pré­cieux de ces modèles. Col­la­bo­ra­tion plu­tôt que com­pé­ti­tion : en nouant des par­te­na­riats avec ces éta­blis­se­ments, elles pour­raient élar­gir leur offre et accé­der à des métho­do­lo­gies inno­vantes. Inté­gra­tion des pra­tiques tech­no­lo­giques : inves­tir davan­tage dans les outils numé­riques et les péda­go­gies hybrides pour­rait moder­ni­ser leur approche. 

Flexi­bi­li­té accrue dans les cur­sus : pro­po­ser des pro­grammes modu­laires ou inter­dis­ci­pli­naires pour atti­rer les étu­diants en quête de per­son­na­li­sa­tion. Les chal­len­ger uni­ver­si­ties n’ont pas voca­tion à rem­pla­cer les ins­ti­tu­tions clas­siques, mais elles montrent la voie vers un ensei­gne­ment supé­rieur plus agile, per­ti­nent et acces­sible. En col­la­bo­rant avec ces nou­veaux acteurs ou en inté­grant cer­taines de leurs pra­tiques, les uni­ver­si­tés tra­di­tion­nelles peuvent non seule­ment res­ter per­ti­nentes, mais aus­si ren­for­cer leur impact dans un monde en muta­tion rapide.

Les collaborations et partenariats : une stratégie pour la transformation

Pour rele­ver les défis majeurs de l’enseignement supé­rieur, les col­la­bo­ra­tions stra­té­giques appa­raissent comme une solu­tion essen­tielle. Elles per­mettent aux ins­ti­tu­tions uni­ver­si­taires de tirer par­ti des exper­tises externes, de moder­ni­ser leurs méthodes péda­go­giques et de mieux ali­gner leurs pro­grammes sur les exi­gences du mar­ché de l’emploi. Les Online Pro­gram Mana­gers (OPMs) jouent un rôle clé dans cette trans­for­ma­tion. Ces par­te­naires spé­cia­li­sés accom­pagnent les uni­ver­si­tés dans le déve­lop­pe­ment de for­ma­tions en ligne per­for­mantes et acces­sibles. Grâce à eux, les établis­sements peuvent tou­cher un public plus large, notam­ment à l’international, et moder­ni­ser leurs outils péda­go­giques en inté­grant des conte­nus numé­riques interactifs.

“Les collaborations stratégiques apparaissent comme une solution essentielle.”

La col­la­bo­ra­tion entre 2U et des ins­ti­tu­tions pres­ti­gieuses comme Har­vard et Ber­ke­ley montre com­ment ces par­te­na­riats peuvent allier inno­va­tion tech­no­lo­gique et excel­lence uni­ver­si­taire tout en maî­tri­sant les coûts. Les boot­camps, avec leur agi­li­té et leur foca­li­sa­tion sur les com­pé­tences opé­ra­tion­nelles, sont une autre piste de col­la­bo­ra­tion pro­met­teuse. Ces pro­grammes inten­sifs, orien­tés vers des métiers en ten­sion comme la pro­gram­ma­tion ou la vente, com­plètent par­fai­te­ment les for­ma­tions aca­dé­miques traditionnelles. 

En s’associant avec des boot­camps, les uni­ver­si­tés peuvent enri­chir leur offre péda­go­gique, créer des par­cours hybrides et accroître l’employabilité de leurs étu­diants. Par exemple, l’université de Penn­syl­va­nie col­la­bore avec Tri­lo­gy Edu­ca­tion Ser­vices pour inté­grer des modules ciblés dans des domaines en forte demande, tels que la cyber­sé­cu­ri­té et l’analyse de don­nées. Ces par­te­na­riats avec des acteurs externes ne se limitent pas à une simple mise à jour des pro­grammes. Ils per­mettent éga­le­ment de ren­for­cer la per­ti­nence des diplômes en com­bi­nant la rigueur aca­dé­mique des uni­ver­si­tés avec l’approche prag­ma­tique de leurs par­te­naires. En pro­po­sant des com­pé­tences direc­te­ment moné­ti­sables et en favo­ri­sant une tran­si­tion rapide vers l’emploi, ces alliances répondent aux attentes des étu­diants comme des employeurs.

Une chance à saisir

L’enseignement supé­rieur se trouve à un car­re­four déci­sif. Le déca­lage entre les com­pé­tences ensei­gnées et les attentes du mar­ché du tra­vail, cou­plé à l’accélération des trans­for­ma­tions éco­no­miques et tech­no­lo­giques, oblige les ins­ti­tu­tions à repen­ser leur rôle et leur fonc­tion­ne­ment. Le sta­tu quo n’est plus une option. Pour rele­ver ce défi, une trans­for­ma­tion pro­fonde s’impose. Cela passe par l’adoption de péda­go­gies actives et inno­vantes, l’intégration de for­mats flexibles comme ceux pro­po­sés par les boot­camps et l’ouverture à des modèles édu­ca­tifs dis­rup­tifs tels que les chal­len­ger uni­ver­si­ties. En paral­lèle, les par­te­na­riats stra­té­giques avec des acteurs externes – qu’il s’agisse d’entreprises, de ges­tion­naires de pro­grammes en ligne ou d’organismes spé­cia­li­sés – offrent une occa­sion unique de réin­ven­ter l’expérience éducative. 

Ce chan­ge­ment est non seule­ment une réponse aux attentes des employeurs, mais éga­le­ment une chance de mieux pré­pa­rer les étu­diants à s’épanouir dans un monde du tra­vail en constante évo­lu­tion. Les com­pé­tences telles que l’apprentissage tout au long de la vie, la rési­lience et l’agilité doivent deve­nir les piliers de tout par­cours édu­ca­tif, afin de for­mer une géné­ra­tion capable de rele­ver les défis du futur. Enfin, cette trans­for­ma­tion ne doit pas être per­çue comme une menace pour l’enseignement supé­rieur tra­di­tion­nel, mais comme une chance. Une chance de deve­nir un véri­table cata­ly­seur de pro­grès, en pré­pa­rant les étu­diants à excel­ler dans des emplois qui, pour beau­coup, n’existent pas encore aujourd’hui. L’heure est venue pour les uni­ver­si­tés et les écoles de prendre leur place dans ce futur en constante réinvention. 

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