Château de Montautre

Rénovation du château de Montautre par un X, récit d’une passion

Dossier : ExpressionsMagazine N°796 Juin 2024
Par Serge LACAZE (84)

Ini­tia­le­ment simple pro­jet fami­lial de rési­dence secon­daire, l’acquisition du châ­teau de Mon­tautre par la famille Lacaze s’est trans­for­mée en une aven­ture his­to­rique et cultu­relle au ser­vice de l’animation d’un ter­ri­toire rural mécon­nu, au cœur du Limou­sin, à la fron­tière entre la Creuse et la Haute-Vienne.

Cela fai­sait à peine quinze minutes que nous étions arri­vés à Mon­tautre que nous échan­gions déjà entre nous, en bas du don­jon, des regards évo­ca­teurs. Notre fille, mon épouse et moi, sommes conquis : voi­là bien ce lieu à la fois humain, authen­tique et his­to­rique que l’on cher­chait depuis longtemps.

Entrée dans la haute cour de Montautre.
Entrée dans la haute cour.

Coup de foudre en Limousin

En effet, depuis plus d’un an, nous tour­nons en France, à visi­ter des demeures his­to­riques de toutes espèces : manoirs, fermes for­ti­fiées, petits châ­teaux. Et, ce jour-là, c’est un vrai coup de cœur. Le lieu est magique par son atmo­sphère, son iso­le­ment du monde et son authen­ti­ci­té ; magique aus­si par sa capa­ci­té à satis­faire les attentes – jusque-là contra­dic­toires – de cha­cun des membres de la famille : pour elle, un pôle de regrou­pe­ment fami­lial et ami­cal à l’atmosphère inti­miste ; pour lui, un site riche de ses vieilles pierres et de son his­toire ; et pour les filles, un lieu où ras­sem­bler leurs (nom­breux) amis sans risque de déran­ger le voisinage.

C’est donc ain­si que quelques mois plus tard le châ­teau de Mon­tautre, XVe siècle, ce lieu qui ne satis­fai­sait aucun de nos cri­tères de recherche (trop grand pour qu’on puisse le gérer, trop loin de Paris pour y accé­der faci­le­ment, trop cher pour qu’on puisse l’acheter) deve­nait notre pro­prié­té et allait nous embar­quer dans une pas­sion­nante aven­ture his­to­rique et humaine. Cette aven­ture s’est dérou­lée en deux étapes : appri­voi­ser Mon­tautre et déve­lop­per Montautre.


Repères

  • 50 000 châ­teaux en France pour 35 000 communes.
    1 000 châ­teaux sont en vente à chaque ins­tant et 500 ventes sont conclues par an.
  • 1 000 châ­teaux sont clas­sés monu­ments his­to­riques et 5 000 châ­teaux sont ins­crits à l’inventaire sup­plé­men­taire des monu­ments historiques.

Basse-cour de Montautreet châtelet d’entrée.
Basse-cour et châ­te­let d’entrée.

Apprivoiser Montautre : trop grand

Même si l’entretien des prés et bois du domaine peut être faci­le­ment exter­na­li­sé, tous nos week-ends ne suf­fi­ront pas à s’occuper des jar­dins, ceux de la basse-cour et de la haute cour du châ­teau médié­val, et celui de la ter­rasse XVIIe. Il faut aus­si une pré­sence sur place, pour ne pas lais­ser sans occu­pant un lieu déjà iso­lé de tout (pas de construc­tion à 1,5 km à la ronde). Non, Mon­tautre n’est vrai­ment pas adap­té à un usage de rési­dence secon­daire, il faut y résider.

Après le coup de cœur, la rai­son reprend donc le des­sus. Com­pre­nant que la vente est en train de capo­ter, le ven­deur – un Hol­lan­dais qui avait ache­té le châ­teau en l’an 2000 aux des­cen­dants de la famille l’ayant occu­pé depuis le XVe siècle – nous pro­pose une solu­tion : le rêve de beau­coup de Hol­lan­dais est jus­te­ment de deve­nir ges­tion­naire de châ­teau… en France ! Il y a même aux Pays-Bas un jeu de télé­réa­li­té qui y est consa­cré ! Mis en contact avec la filière, nous fai­sons affaire avec Kit­ty et Adri, un couple d’une soixan­taine d’années, enchan­tés de quit­ter le plat pays pour rejoindre le Limou­sin. Nous pou­vons les loger dans une aile des com­muns amé­na­gée en appar­te­ment confor­table avec trois chambres, où ils peuvent rece­voir famille et amis. En échange, ils garan­tissent leur pré­sence et l’entretien du domaine.

Fina­le­ment, pas trop grand.

Trop loin

Avant d’arriver à Mon­tautre, nous avions fait de nom­breux détours pour visi­ter six autres domaines en Poi­tou et en Cha­rente… sans réa­li­ser que ce par­cours com­pli­qué nous avait ame­nés dans un lieu situé à dix minutes de la gare SNCF de La Sou­ter­raine (dix trains par jour directs depuis Paris-Aus­ter­litz, en 2 h 30) et à dix minutes de l’A20, auto­route gra­tuite, à trois heures de Paris.

Fina­le­ment, pas trop loin.

Trop cher

Le cou­rant était bien pas­sé avec les anciens pro­prié­taires ; ils avaient com­pris que notre pro­jet serait res­pec­tueux d’un lieu qu’ils aimaient beau­coup et auquel ils avaient consa­cré 18 ans de leur vie pour le rendre habi­table : ils ont accep­té de bais­ser le prix… et, à peine sor­ti du rem­bour­se­ment de l’emprunt de notre appar­te­ment pari­sien, on a replon­gé pour un emprunt sur 15 ans !

Fina­le­ment, encore un peu trop cher, mais on gère.

Développer Montautre : le saut

Quatre années passent à s’imprégner des lieux et de son envi­ron­ne­ment. Mon­tautre, comme rési­dence secon­daire, est idéal pour de longs week-ends, des ras­sem­ble­ments fami­liaux… et plus encore pour des confi­ne­ments. Le prin­temps 2020 fut ain­si magni­fique… pour nous !

Sur­vient alors pour moi l’occasion (non recher­chée !) de quit­ter l’automobile et de chan­ger de vie après 33 années pas­sion­nantes et intenses dans le groupe Renault. Je fais le saut, même si Cathe­rine, mon épouse, recon­ver­tie récem­ment en tapis­sière d’ameublement, doit res­ter à Paris où sont à la fois son ate­lier et sa clientèle.

Hache polie de Montautre (âge du bronze).
Hache polie de Mon­tautre (âge du bronze).

Une véritable enquête historique

L’agent immo­bi­lier nous avait bien par­lé d’un site gal­lo-romain, et plu­sieurs pierres curieuses étaient bien visibles dans la basse-cour, mais on était loin d’imaginer les décou­vertes his­to­riques suc­ces­sives qu’allait nous réser­ver le site du châ­teau de Mon­tautre après son acquisition.

Situé en bor­dure d’un pla­teau, le lieu a été occu­pé dès le Néo­li­thique, sans doute à cause de sa posi­tion domi­nante sur la val­lée de la Semme et de la pré­sence de trois sources natu­relles qui jaillissent au pied du châ­teau. La décou­verte de nom­breux silex dont flèches, racloirs et scies par le pré­his­to­rien local Roger Cré­dot, puis par deux étu­diantes en archéo­lo­gie qui tra­vaillent sur notre site, atteste de la pré­sence d’un vil­lage néo­li­thique depuis au moins six mille ans.

Deux parmi les cinq colonnes (supposées venir) du temple de Mercure.
Deux par­mi les cinq colonnes (sup­po­sées venir) du temple de Mercure.

Plus mar­quants encore sont les ves­tiges d’un monu­ment gal­lo-romain impor­tant que la tra­di­tion rap­porte comme étant un temple dédié à Mer­cure, sans que cela ait pu être confir­mé. Les témoi­gnages de cette époque sont en tout cas nom­breux ; cer­tains ont une ori­gine antique avé­rée (meule, coffres funé­raires, borne mil­liaire, stèle, beau mor­ceau de cor­niche, pierres de petit appa­reil, tuiles plates, pièces de mon­naie, haut de colonne…), d’autres sont encore au stade de ves­tiges antiques poten­tiels (colonnes mono­lithes, cuve de gra­nit monu­men­tale, pierres taillées diverses…). Les décou­vertes suc­ces­sives ont sus­ci­té l’intérêt de la DRAC (direc­tion régio­nale des affaires cultu­relles) et de l’expert limou­geaud Jean-Pierre Lous­taud avec qui nous avons pu défi­nir un pro­gramme de fouilles pré­vu à l’automne 2024.

« Les découvertes successives ont suscité l’intérêt de la DRAC avec qui nous avons pu définir un programme de fouilles prévu à l’automne 2024. »

En paral­lèle avec les inves­ti­ga­tions et décou­vertes néo­lithiques et gal­lo-romaines, je menais l’enquête pour retrou­ver les fameuses archives du châ­teau. Pré­sentes au châ­teau et répu­tées encore intactes au début du XXe siècle, elles étaient pro­prié­té de l’unique famille, les Mon­din de Mon­tautre, qui a occu­pé le châ­teau en ligne directe du XVe siècle à l’an 2000. Après deux ans d’investigations mul­tiples (archives dépar­te­men­tales, offices nota­riaux, ventes aux enchères…) et plu­sieurs rebon­dis­se­ments, elles sont retrou­vées, dans leur inté­gra­li­té, en région pari­sienne chez un des­cen­dant des Mon­din de Mon­tautre. Il est tout à fait dis­po­sé à me ren­con­trer et à me prê­ter, sans m’avoir jamais ren­con­tré, ses huit caisses d’archives du châ­teau et de sa famille pour que je les rem­porte à Montautre.

La rare­té, la qua­li­té de conser­va­tion, la cohé­rence et la com­plé­tude d’un tel volume d’archives démar­rant en 1403 allaient être un for­mi­dable levier pour le dévelop­pement d’une dyna­mique autour de Montautre.

Un parchemin parmi 8 000, lettre du roi Charles IX au seigneur de Montostre.
Un par­che­min par­mi 8 000, lettre du roi Charles IX au sei­gneur de Montostre.

Tout d’abord grâce à l’intérêt d’historiens et d’experts de toute sorte, pas­sion­nés par un fonds d’une telle rare­té et ravis d’apporter leur exper­tise pour la numé­ri­sa­tion aus­si bien que pour l’étude paléo­gra­phique et his­to­rique des documents.

Ensuite par un effet de noto­rié­té de proche en proche. Les archives ont per­mis la construc­tion d’une visite gui­dée par­ti­cu­liè­re­ment bien docu­men­tée, incar­née, avec des anec­dotes de vie mais aus­si des liens directs et expli­cites avec la grande his­toire de France (au XVIe siècle, Fran­çois Mon­din de Mon­tautre est mon­té à la cour de Fran­çois Ier, Gabriel Mon­din de Mon­tautre a com­bat­tu sous les ordres du futur Hen­ri III, à la fin du XVIIe siècle un autre Fran­çois Mon­din de Mon­tautre a diri­gé le régi­ment de Limoges pour Louis XIV).

Une entreprise de sauvetage et de restauration du patrimoine sous le signe de l’authenticité

Le couple amé­ri­ca­no-hol­lan­dais qui nous a pré­cé­dés avait ache­té à la famille his­to­rique qui n’avait plus fait de tra­vaux depuis un siècle. Ils ont donc eu pour objec­tif de rendre le châ­teau habi­table en y ins­tal­lant le chauf­fage et en y amé­na­geant chambres et salles de bain.

Ce domaine avait une qua­li­té rare, de plus en plus dif­fi­cile à trou­ver : rien n’a été sac­ca­gé. Tout a été soi­gneu­se­ment pré­ser­vé ou adap­té au mini­mum, sans trans­for­ma­tion lourde. Vieux plan­chers (XVIIe), sols en tomettes (XVe et XVIe), vitraux ser­tis au plomb, car­reaux de vitre en verre cou­lé (XVIIIe), portes exté­rieures à clous retour­nés (XVIIe) et portes inté­rieures à clenche (XIXe) : tout res­pire l’authenticité même si, évi­dem­ment, quelques fausses notes étaient venues s’ajouter, plus ou moins adroi­te­ment, en répa­ra­tions ultérieures.

Donc : pré­ser­ver l’authenticité du site et ses maté­riaux anciens, car cela fait à la fois sa valeur his­to­rique et son charme, tout en cor­ri­geant les petits ana­chro­nismes accu­mu­lés au fil des répa­ra­tions de for­tune ou entre­prises de sauvetage.

La pre­mière opé­ra­tion d’ampleur est celle des menui­se­ries du logis sei­gneu­rial : remise en « confor­mi­té his­to­rique » de trois fenêtres sur la façade XVIIe avec petits car­reaux en verre cou­lé, por­tail clou­té avec double ciné­ma­tique pour le châ­te­let d’entrée, porte clou­tée avec judas pour la biblio­thèque, vitraux losan­gés ser­tis au plomb pour la fenêtre à meneaux avec ses volets inté­rieurs, contre­vents en châ­tai­gner avec assem­blage tra­di­tion­nel sur la façade XVIIe.

“L’obtention rapide de labels de la Fondation du patrimoine nous a permis d’ouvrir une souscription publique.”

La seconde opé­ra­tion d’ampleur est vite appa­rue d’elle-même, et des plus urgentes : le mur de la cha­pelle était en train de s’écrouler, entraî­nant avec lui la par­tie nord du logis des gardes. La tou­relle qui ser­vait de sacris­tie était elle-même rapié­cée de façon mul­tiple, cimen­tée çà et là, et sur­tout étayée à la hâte : sau­ver l’ensemble était une prio­ri­té… qui est appa­rue lors d’un week-end Kès 84 !

Tourelle menacée d’écroulement.
Tou­relle mena­cée d’écroulement.

Le châ­teau n’étant pas encore (c’est pré­vu dans trois ans envi­ron) ni ins­crit ni clas­sé, nous ne pou­vions béné­fi­cier d’aucune sub­ven­tion. L’obtention rapide de labels de la Fon­da­tion du patri­moine nous a per­mis, à défaut d’obtenir un finan­ce­ment (contrai­re­ment à la croyance bien éta­blie), d’ouvrir une sous­crip­tion publique. Notre objec­tif est que 20 % du mon­tant des tra­vaux de la seconde tranche soit finan­cé par ses dons. Le reste sera à prendre sur nos éco­no­mies, même si cer­tains avan­tages fis­caux adou­cissent un peu la facture.

Les pro­jets ulté­rieurs, encore en réflexion, res­tent nom­breux : res­ti­tu­tion de la tour maî­tresse du logis des gardes, ses machi­cou­lis, son pignon et sa che­mi­née, tout en refai­sant la toi­ture en ardoise de Tra­vas­sac. Conso­li­da­tion du châ­te­let d’entrée pour pou­voir reti­rer les tirants métal­liques qui entre­toisent le bâti­ment, recons­truc­tion du mur de sou­tè­ne­ment de la ter­rasse XVIIe avec mise en place d’un drai­nage, res­tau­ra­tion du don­jon, de la magni­fique chambre de la cita­delle en son som­met, et retrait du ciment mis par­tiel­le­ment au sol, réou­ver­ture des meur­trières et res­ti­tu­tion des enduits à la chaux, remise en eau du bas­sin et remise en ser­vice du lavoir et de la pêcherie…

Un outil d’animation du territoire

Mon­tautre est tota­le­ment iso­lé sur son pro­mon­toire, en bor­dure de pla­teau, domi­nant l’ouest de la Creuse. Il est consti­tué du châ­teau au plan car­ré tra­di­tion­nel (logis sei­gneu­rial et logis des gardes se font face, sépa­rés par la haute cour), avec en amont des com­muns en U qui pro­tègent une basse-cour. Le site est com­plé­té d’une ferme située à l’entrée du châ­teau (la métai­rie de la Porte) et d’un ancien mou­lin en contre­bas, au niveau de la rivière. Il dépend de Fro­men­tal, une com­mune rurale de 500 habi­tants à la fron­tière de la Creuse et la Haute-Vienne dont le bourg est à plus de 5 km du château.

Évi­dem­ment, nous pen­sions que les Pari­siens qui débarquent et achètent le châ­teau du coin seraient atten­dus au tour­nant. Or l’accueil a été for­mi­dable : de la secré­taire de mai­rie, pre­mière per­sonne contac­tée, au maire, en pas­sant par le conseil muni­ci­pal, les habi­tants et voi­sins de la com­mune et des com­munes voi­sines, tout le monde nous a accueillis avec bien­veillance et volon­té de nous aider. De notre côté, l’ouverture aux asso­cia­tions, aux enfants de l’école du vil­lage, le repas annuel orga­ni­sé pour les anciens métayers du domaine ont mon­tré notre volon­té de par­ta­ger ce lieu avec lequel beau­coup d’habitants ont un lien affectif.

« Partager ce lieu avec lequel beaucoup d’habitants ont un lien affectif. »

La créa­tion dès notre arri­vée d’une gazette dif­fu­sée par cour­riel, Le petit jour­nal des amis de Mon­tautre, a per­mis de fédé­rer une com­mu­nau­té infor­melle de tous ceux qui ont visi­té le châ­teau, en sont tom­bés amou­reux et sou­haitent res­ter infor­més de nos avan­cées archéo­logiques et his­to­riques. Ce groupe, plus de 1 000 per­sonnes aujourd’hui, forme clai­re­ment les sup­por­ters du « pre­mier cercle », ceux qui ont été les pre­miers à répondre posi­ti­ve­ment à notre pre­mier grand évé­ne­ment, une jour­née gau­loise inti­tu­lée « Par Tou­ta­tis, les Gau­lois sont à Montautre ».

Ban­quet gau­lois, visite du site archéo­logique, ate­liers d’artisans gau­lois tenus par une asso­cia­tion de recons­ti­tu­tion his­to­rique, confé­rence du grand expert local étaient au menu et nous avons dû affi­cher com­plet. Le suc­cès de cette mani­fes­ta­tion nous conduit à mul­ti­plier les ini­tia­tives : petits spec­tacles dans la salle des gardes, escape game, concert en exté­rieur, séances de « lec­tures au châ­teau », réunions d’associations, par­ti­ci­pa­tion à la « nuit des châ­teaux », les idées ne manquent pas et de nom­breux béné­voles viennent pro­po­ser leur aide pour l’organisation, la ges­tion des entrées, le par­king, la sécu­ri­té, l’animation équestre. Le conseil muni­ci­pal contri­bue en prê­tant ses chaises ; la mai­rie voi­sine, un écran et un pro­jec­teur ; les ser­vices muni­ci­paux passent la débrous­sailleuse sur le che­min avant les évé­ne­ments, etc.

Réunion dans la salle des gardes.
Réunion dans la salle des gardes.

Un modèle économique à consolider

Aucun châ­teau n’est un busi­ness model pro­fi­table. Qu’il soit pro­prié­té de l’État ou domaine pri­vé, les coûts de res­tau­ra­tion, de main­te­nance ou de vie quo­ti­dienne (chauf­fage, jar­din…) sur­passent tou­jours les recettes. Le minis­tère de la Culture a un bud­get pour finan­cer les monu­ments publics. Com­ment faire pour les monu­ments privés ?

L’association Demeure His­to­rique, fon­dée par Joa­chim Car­val­lo, le pro­prié­taire du châ­teau de Vil­lan­dry il y a cent ans cette année, s’est créée autour de l’idée d’encou­rager l’ouverture des châ­teaux pri­vés au public, puis d’y atta­cher des busi­ness models de façon à assu­rer leur péren­ni­té. En effet, l’expérience montre que la vie d’un châ­teau est ryth­mée par une alter­nance de phi­lan­thropes qui consacrent leur éner­gie et leur for­tune à res­tau­rer un châ­teau, puis des périodes d’abandon, par­fois fatales, car les suc­ces­seurs n’ont pas les moyens de l’entretenir. Déve­lop­per une acti­vi­té atta­chée à la demeure per­met à la fois de par­ta­ger ces lieux et de géné­rer des res­sources dont l’objectif est sou­vent d’équilibrer les coûts d’entretien et d’exploitation.

Ma recon­ver­sion pro­fes­sion­nelle consiste donc à enga­ger Mon­tautre dans cette direc­tion de busi­ness finan­çant entre­tien et exploi­ta­tion : visites gui­dées, chambres d’hôte, table d’hôtes, évé­ne­ments (concerts, spec­tacles), sémi­naires d’entreprise, escape game. La pre­mière année (2023) a été défi­ci­taire, la seconde devrait être posi­tive, mais seule la troi­sième année devrait per­mettre de me ver­ser un petit salaire.

L’authenticité, la tranquillité et la formidable biodiversité séduisent les hôtes de Montautre.
L’authenticité, la tran­quilli­té et la for­mi­dable bio­di­ver­si­té séduisent les hôtes de Montautre.

Conclusion : tranquillité, authenticité, biodiversité

Ce sont bien l’authenticité, la tran­quilli­té liée à l’éloignement total de toute construc­tion humaine et la for­mi­dable bio­di­ver­si­té per­mise par l’absence totale de pol­lu­tion (il n’y a que forêt et prés pour l’élevage alen­tour) qui séduisent tant les hôtes. Que ce soit sur Boo­king, Airbnb, Expe­dia, Tri­pad­vi­sor, Google, les notes et avis sont una­nimes : Mon­tautre est défi­ni­ti­ve­ment le lieu pour ceux qui recherchent tran­quilli­té, authen­ti­ci­té, biodiversité.

Quoi de mieux que ces trois valeurs pour celui ou celle qui cherche à se ressourcer ?


Pour en savoir plus

Commentaire

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Pas­cal LABLANQUIErépondre
26 août 2024 à 23 h 10 min

Ben dis-donc, c’est passionnant !
J’au­rais aimé en savoir plus : tu ne dis pas clai­re­ment la date à laquelle vous avez ache­té ce châ­teau ? Quelle est l’o­ri­gine de votre famille : vos parents fai­saient quels métier ? Rêvaient ils aus­si de vivre dans un châ­teau ? Ou bien y vivaient-ils ? Au départ com­ment vous est venue cette envie d’un châ­teau ? Rêves d’en­fants ? Quel fut le prix total pour l’a­chat, au final ? Et la somme totale que vous y avez inves­tie jus­qu’à aujourd’­hui ; cela pour don­ner une idée à ceux qui vou­draient s’en­ga­ger dans cette aventure.
Moi aus­si j’au­rais bien aimé faire cela : trou­ver un châ­teau, le res­tau­rer et y habi­ter ! Mais pour cela il faut dis­po­ser d’un pognon de dingue ! Ce n’est certes pas à la por­tée d’un cher­cheur du CNRS !

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