Vue simulée du projet du Mont-Saint-Michel

Restaurer le Mont-Saint-Michel dans son paysage maritime

Dossier : Océans et littoralMagazine N°575 Mai 2002Par Philippe UNTERREINER (83)

Le volet hydraulique du projet

Le volet hydraulique du projet

L’en­semble des amé­na­ge­ments hydrau­liques per­met­tra aux cou­rants de marée et du Coues­non de recréer aux abords du Mont un envi­ron­ne­ment natu­rel de grèves constam­ment redes­si­né par les marées qui consti­tue le pay­sage mari­time et mou­vant de la baie. Les essais sur modèles en labo­ra­toire ont per­mis de déga­ger pro­gres­si­ve­ment une solu­tion durable sans inci­dence sur la sédi­men­ta­tion glo­bale de la petite baie. Elle s’ar­ti­cule autour de trois axes majeurs : démo­li­tion des par­kings actuels sur les grèves (15 hec­tares), cou­pure sur 1 km de l’ac­tuelle digue-route rem­pla­cée par un pont-pas­se­relle et res­tau­ra­tion de la puis­sance hydrau­lique du Coues­non grâce à un nou­veau bar­rage apte à géné­rer des chasses.


Vues simu­lées du pro­jet. © OKTAL-DF

Un large espace de grèves se refor­me­ra entre le conti­nent et le Mont. L’ef­fet en sera déjà per­cep­tible au terme de quelques années de ges­tion régu­lière des chasses. Il se main­tien­dra à long terme des fonds mari­times aux abords du Mont et pro­vo­que­ra l’ar­rêt de la pro­gres­sion des herbus.

Le bar­rage consti­tue l’un des élé­ments clés du pro­jet. Il per­met­tra de gérer le lit du Coues­non en son amont comme un » réser­voir natu­rel de chasses « , maxi­mi­sant le rem­plis­sage de ce der­nier tout en évi­tant sa sédi­men­ta­tion et en étant capable de géné­rer des chasses à marée basse, les plus effi­caces pos­sibles. Le bar­rage exis­tant, équi­pé de portes qui se ferment au flot mon­tant, est inadap­té. Il sera rem­pla­cé par un nou­vel ouvrage qui vien­dra s’ins­crire sur toute la lar­geur du Coues­non cana­li­sé. Le fleuve ne sera plus étran­glé à son embouchure.

Une nouvelle approche du Mont

Les espaces de grève aujourd’­hui occu­pés par les sta­tion­ne­ments et la digue-route seront res­ti­tués à la nature. Les sta­tion­ne­ments seront recons­truits sur le conti­nent. Pour faire la tra­ver­sée jus­qu’au Mont, les visi­teurs emprun­te­ront une par­tie de la digue-route requa­li­fiée dans les her­bus puis le pont-pas­se­relle, soit à pied soit à bord d’une navette, un train sur pneu­ma­tiques à éner­gie non polluante.

Ce par­cours d’ap­proche ouvri­ra la vue sur la petite baie jus­qu’au rocher de Tom­be­laine. À l’ex­tré­mi­té du pont-pas­se­relle, un terre-plein sur­mon­té d’un gué per­met­tra d’at­teindre l’en­trée des rem­parts. Quelques heures par an, pen­dant les plus forts coef­fi­cients de marée, ce pas­sage sera tota­le­ment sub­mer­gé, don­nant alors l’im­pres­sion d’une insu­la­ri­té. Ces nou­veaux ouvrages seront inté­grés dans le pay­sage et les rem­parts dégagés.

Mesurer soigneusement les effets du projet

Vue simulée du projet du Mont-Saint-MichelLe Mont-Saint-Michel s’ins­crit dans un espace natu­rel tout à fait excep­tion­nel. Entre la mer et la terre, la baie pos­sède des éco­sys­tèmes aus­si variés que précieux.

Une démarche de qua­li­té a été enga­gée pour accom­pa­gner le pro­jet. En 1997, une étude de cadrage préa­lable a per­mis de faire le point, tant sur les savoirs acquis que sur les lacunes de connais­sances, et de poser les grands enjeux envi­ron­ne­men­taux du pro­jet. À par­tir de 1998, dix inves­ti­ga­tions envi­ron­ne­men­tales, ciblées en fonc­tion des amé­na­ge­ments, ont été menées.

Afin de connaître l’ef­fet des amé­na­ge­ments sur l’en­vi­ron­ne­ment de la baie, une étude d’im­pact a été réa­li­sée. Ses résul­tats ont per­mis de confir­mer l’ap­port posi­tif du pro­jet pour l’en­vi­ron­ne­ment sur le long terme, une fois les tra­vaux achevés.

L’é­tude conduite sur les habi­tats et les espèces à pro­té­ger au titre de la direc­tive euro­péenne conclut de façon posi­tive sur la res­tau­ra­tion de fonc­tions éco­lo­giques, aujourd’­hui per­tur­bées par la cir­cu­la­tion, le par­king sur les grèves et la digue-route. Une atten­tion toute par­ti­cu­lière sera por­tée au pha­sage des tra­vaux, afin de limi­ter les per­tur­ba­tions en période de repro­duc­tion et de nidification. 

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1. Le pro­jet est enga­gé dans le cadre d’un par­te­na­riat entre l’É­tat (minis­tères char­gés de l’A­mé­na­ge­ment du Ter­ri­toire et de l’En­vi­ron­ne­ment, de la Culture et de l’É­qui­pe­ment) et le Syn­di­cat mixte, maître d’ou­vrage, regrou­pant la Région Basse-Nor­man­die, le dépar­te­ment de la Manche et les com­munes du Mont-Saint-Michel, de Beau­voir et de Pontorson.
L’U­nion euro­péenne, la Région Bre­tagne, le dépar­te­ment d’Ille-et-Vilaine et l’A­gence de l’Eau Seine-Nor­man­die apportent leur concours finan­cier au Syn­di­cat mixte.
L’É­tat a dési­gné un chef de pro­jet (Jean-Pierre More­lon 19952001, Fran­çois Mal­homme en 2002) pour le pilo­tage inter­mi­nis­té­riel. La Mis­sion Mont-Saint-Michel inter­vient pour le compte de l’É­tat et des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales pour la conduite opé­ra­tion­nelle. Le coût du pro­jet est chif­fré à 129 mil­lions d’eu­ros HT.

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