Retour en Indochine du Sud – Artilleurs des rizières – 1946–1951
Après Commando Bergerol Indochine 1946–1953, Diên Biên Phu Artilleurs dans la fournaise et La Campagne d’Italie 1943- 1944 – Artilleurs et fantassins français, trois ouvrages dont La Jaune et la Rouge a rendu compte dans ses livraisons de mai 1989, août-septembre 1993 et juin-juillet 1996, le général de Brancion, artilleur, historien des artilleurs, a récemment achevé ce quatrième ouvrage.
Il est dédié “ à la mémoire des artilleurs français, cambodgiens, vietnamiens tombés sur la terre indochinoise (…) ” avec mention “ du meilleur d’entre eux, le Général Charles Chanson ”. “ Artilleurs des rizières ” c’est l’affectueux surnom donné début 1946 par le général Leclerc à “ ses ” artilleurs à qui il fait tenir une région-clé, le secteur des Vaïcos, qui s’étend au nord de Mytho et du Mékong et à l’ouest de Saïgon. On se souvient du télégramme du 8 juin 1946 du général Leclerc : “ Bravo pour l’opération du 7 ! Je vais remplacer mes fantassins par des artilleurs.”
Comme les trois ouvrages précédents, il s’agit d’un document nourri, circonstancié, d’une chronique précise et détaillée. 300 pages, plus 50 pages d’annexes dont un cadre chronologique qui, du 26 janvier 1946 (démission du général de Gaulle) au 31 juillet 1951 (attentat à Sadec contre le gouverneur du Sud-Viêtnam et le général Chanson, tués tous les deux), rappelle sur trois colonnes les événements marquants : France et monde – Ensemble de l’Indochine – Artilleurs de Cochinchine et Sud-Annam. Ce cadre chronologique de sept pages est à lui seul un manuel d’histoire et nombre d’événements cités dans la première colonne débordent le cadre de l’Indochine. Par exemple, le blocus de Berlin qui, à la fin de l’été 1948, donne le signal de la guerre froide.
Mais revenons au vif du sujet. Un tel ouvrage ne se résume pas. Il faut le lire – et il se laisse lire avec un très grand intérêt, chapitre par chapitre et sans oublier le dernier : les parents pauvres du Sud-Annam où, notamment dans le secteur de Nha Trang à 300 km au nord-est de Saïgon, d’autres artilleurs menèrent sur les pentes abruptes de la cordillère annamite un combat comparable.
Le 5 octobre 1945, sous un orage tropical, l’arrivée du général Leclerc à Saïgon introduit l’ouvrage. En épilogue, le 29 septembre 1951, deux mois après la mort du général Chanson, des chasseurs cambodgiens en embuscade sur leur territoire national interceptent un groupe d’hommes, en tuent plusieurs.
De lui-même, un prisonnier désigne l’un des morts : Nguyen Binh, le chef du Q. G. de l’armée vietnamienne du Sud, “ l’ennemi intime ” du général Chanson auquel il avait tenu tête plus de cinq ans.
Et je citerai les dernières lignes du livre du général de Brancion : “ (les artilleurs) eurent la chance d’être, pour la plupart, guidés par un chef issu de leurs rangs par la voie royale de l’École polytechnique (…) le général Charles Chanson (dont la) personnalité attachante domine largement le présent ouvrage (…) ”.