Réussir une expatriation aux États-Unis

Dossier : Gestion de carrièreMagazine N°659 Novembre 2010
Par Jacques LEVIN (58)

Six anciens poly­tech­ni­ciens de pro­mo­tions très diverses et une ancienne d’HEC apportent leur témoi­gnage sur leur expa­tria­tion aux États-Unis. Ils abordent tour à tour l’âge idéal pour ten­ter l’ex­pé­rience, les atouts de leur for­ma­tion, les contraintes fami­liales, le choc cultu­rel, l’in­té­gra­tion, la vie pra­tique et l’hy­po­thé­tique retour.

Avec la contri­bu­tion de Myriam Le Can­nel­lier (HEC), Nico­las Des­co­qs (01), Marc Fleu­ry (89), Alain Gou­non (90), Mat­thieu Gui­bé (92), Michel Iches (66), décé­dé depuis ce témoi­gnage et Pierre Olli­vier (78).

REPÈRES
Jacques Levin (58) vit aux États-Unis depuis qua­rante-deux ans. Après une thèse en phy­sique à l’u­ni­ver­si­té de Gre­noble, il débarque en Cali­for­nie en 1968 pour son post­doc­to­rat. Après trois mois, le voi­là prêt à repar­tir. Mais, il sou­hai­tait se recon­ver­tir en mathé­ma­ti­cien et infor­ma­ti­cien. « On m’a­vait dit, en France, c’est impos­sible. Ici, par contre, on m’a dit : Vous avez un PhD, vous faites ce que vous vou­lez !» Quelques ten­ta­tives déce­vantes de retour en France n’ont pas résis­té à l’at­trait des États-Unis et des avances tech­no­lo­giques. « Ce que j’aime sur­tout ici, dit-il, c’est l’im­por­tance de l’ac­tion par rap­port à la discussion. »

L’ÂGE IDÉAL

À quel âge faut-il ten­ter l’expatriation ?

Michel Iches (66) décé­dé depuis ce témoi­gnage : Les États-Unis sont en fait le pays le plus réfrac­taire à la mondialisation.

Michel Iches estime « qu’il y a deux tranches plus favo­rables que les autres : vers 25- 30 ans, juste après avoir décro­ché un diplôme d’une uni­ver­si­té amé­ri­caine ou d’une ins­ti­tu­tion étran­gère bien connue dans le milieu pro­fes­sion­nel des États-Unis ; vers 35–40 ans, lors­qu’on est deve­nu un pro­fes­sion­nel confir­mé et qu’on est encore adap­table (ou mal­léable) au « choc cultu­rel ». Après 45 ans, il est plus dif­fi­cile de s’a­dap­ter cultu­rel­le­ment et de s’in­té­grer dans des réseaux qui sont déjà constitués.

« Aux États-Unis, il faut assez vite faire son choix entre une « expa­tria­tion » au sens usuel (pour un temps limi­té et avec pers­pec­tive de retour) et une « immi­gra­tion » avec pers­pec­tive de faire sa vie en Amérique. »

Une entreprise française

Pour Myriam Le Can­nel­lier : « Il est plus facile de par­tir très jeune (juste après l’é­cole, ou un ou deux ans après), où l’on peut être recru­té par une entre­prise fran­çaise ou pour des com­pé­tences tech­niques bien spé­ci­fiques par une entre­prise américaine.

Dans ce der­nier cas, il fau­dra sou­vent ajou­ter un diplôme amé­ri­cain à la suite du diplôme fran­çais. C’est aus­si plus facile dans cette tranche d’âge car il n’y a pas de grande famille à démé­na­ger. L’autre avan­tage, pour celui ou celle qui est vrai­ment atti­ré par les États-Unis, c’est d’ac­qué­rir très tôt une expé­rience amé­ri­caine. Si l’on attend trop, les oppor­tu­ni­tés sont plus rares et les para­mètres à prendre en compte se compliquent. »

LA FORMATION

Marc Fleu­ry consi­dère que « la for­ma­tion poly­tech­ni­cienne est utile pour une start-up. Elle enseigne à tra­vailler dur, sans peur des sujets tech­niques, tout en étant géné­ra­liste. Un Amé­ri­cain, même avec une for­ma­tion d’é­lite, est soit dans la tech­nique soit dans le busi­ness, mais rare­ment dans les deux. Les Amé­ri­cains regardent avec sus­pi­cion les pro­fils poly­va­lents. Ceux-ci sont cepen­dant très adap­tés aux star­tups où tous les rôles doivent être joués par les fon­da­teurs, au moins dans les pre­miers temps. »

« Un Fran­çais, sur­tout poly­tech­ni­cien, est édu­qué pour être dans le vrai et avoir rai­son, confirme Alain Gou­non. Il paraî­tra le plus sou­vent arro­gant aux yeux des Amé­ri­cains. Inver­se­ment les Amé­ri­cains sont plu­tôt édu­qués pour aller de l’a­vant ; d’où le sen­ti­ment d’un Fran­çais que ceux-ci foncent sans réfléchir. »

LE CHOC CULTUREL

Le groupe X‑É­tats-Unis-Cana­da
Créé il y a dix ans, le groupe X‑U­SA-Cana­da réunit aujourd’­hui 900 membres. En liai­son avec Paris­Tech et l’As­so­cia­tion des Grandes Écoles (AAGEF), son objec­tif est de créer aux États-Unis et au Cana­da un réseau pro­fes­sion­nel d’an­ciens des Grandes Écoles, soli­daires et capables de s’en­trai­der. « Confron­té chaque jour à la puis­sance des réseaux nor­da­mé­ri­cains il faut, en conso­li­dant les réseaux, pro­mou­voir la qua­li­té de notre for­ma­tion et nous faire connaître à l’étranger. »

Après trois expa­tria­tions, en Europe, en Asie, et en Amé­rique du Nord, Nico­las Des­co­qs témoigne de « la réa­li­té du choc cultu­rel ». « Au début, on découvre un pays nou­veau, très sou­vent enthou­sias­mant. Mais, après quelques mois, on est enva­hi par le sen­ti­ment évident de ne pas être chez soi, source de malaise plus ou moins pro­non­cé selon les per­sonnes et les des­ti­na­tions, accen­tué sou­vent par l’obs­tacle de la langue. Ensuite, au fur et à mesure, on finit par s’ha­bi­tuer à son nou­vel environnement.

« Il est illu­soire de pen­ser que l’on évi­te­ra le choc cultu­rel parce qu’on connaît déjà la des­ti­na­tion pour s’y être ren­du à plu­sieurs reprises en voyage d’af­faires : des séjours de courte durée, à l’hô­tel et en pen­sion com­plète, n’ex­posent en réa­li­té qu’à un pre­mier aper­çu rela­ti­ve­ment super­fi­ciel du pays. »

Acceptation ou rejet

Alain Gou­non dis­tingue quatre phases : « Tout nou­veau tout beau, sous le coup de l’é­mo­tion de l’arrivée.

Une nou­velle vie s’offre à soi. À par­tir du deuxième mois, les vraies dif­fi­cul­tés com­mencent : Que diable suis-je allé faire dans cette galère ? Tout ce qui est simple chez soi devient extrê­me­ment com­pli­qué. Ouvrir un compte en banque, louer un appar­te­ment, obte­nir un per­mis de conduire, s’ins­crire à tel ou tel club ou telle acti­vi­té devient un par­cours du com­bat­tant. C’est à ce stade que tout se joue. Si quelque chose ne fonc­tionne pas comme chez soi, c’est qu’il y a une bonne raison

« Accep­ta­tion ou rejet consti­tue donc la troi­sième phase. On ne com­prend pas, on ne veut pas com­prendre, on reste dans ses cer­ti­tudes. C’est l’at­ti­tude de rejet qui abou­tit en géné­ral, un an après l’ar­ri­vée, à un retour ful­gu­rant dans le pays d’o­ri­gine, avec amer­tume et désa­bu­se­ment. L’ac­cep­ta­tion, elle, passe par la volon­té de cher­cher à com­prendre. À chaque dif­fi­cul­té, prendre le réflexe de noter que c’est dif­fé­rent, que c’est sur­pre­nant, ne pas hési­ter à deman­der aux locaux pour­quoi ils font ça, et pour­quoi comme ça. La qua­trième et der­nière phase est celle de l’in­té­gra­tion ou Pois­son dans l’eau. On a acquis une autre dimen­sion cultu­relle en sus de sa culture d’origine. »

LE CONJOINT

« La car­rière du conjoint consti­tue bien sou­vent un frein à l’ex­pa­tria­tion, estime Myriam Le Can­nel­lier. Selon son métier, sa capa­ci­té à trou­ver un emploi sur place varie­ra beau­coup. Aux États-Unis cer­tains visas ne per­mettent pas au conjoint de tra­vailler. » « Dans notre cas, ce fut le contraire, explique Jacques Levin. Mon épouse, d’o­ri­gine hol­lan­daise, pro­fes­seur de fran­çais mais étran­gère, n’a­vait pu se faire une car­rière en France. Ce fut com­plè­te­ment dif­fé­rent aux États-Unis. À peine arri­vés en Cali­for­nie, nous avons vite consti­tué un cercle d’a­mis. En peu de temps, mon épouse avait trou­vé une place dans une école pri­vée le matin et à l’u­ni­ver­si­té l’après-midi. »

Les qualités de la famille

« Cer­taines entre­prises annoncent très tôt le pro­jet envi­sa­gé d’un départ en expa­tria­tion, rap­pelle Nico­las Descoqs.

D’autres annoncent ce pro­jet très peu de temps avant le départ. Dans un cas comme dans l’autre, cer­taines qua­li­tés sont exi­gées de la famille.

Dans le pre­mier cas, au cours de la période d’in­cer­ti­tude, très incon­for­table et sou­vent éprou­vante ner­veu­se­ment, le conjoint et les enfants doivent lit­té­ra­le­ment s’ar­mer de patience car la ten­dance natu­relle est alors de cher­cher à « pla­ni­fier l’im­pla­ni­fiable ». Tou­jours contac­ter l’as­so­cia­tion locale d’ac­cueil des expa­triés francophones

« Dans le second cas, ou une fois la déci­sion de départ en expa­tria­tion prise, la famille doit alors faire preuve de beau­coup de réac­ti­vi­té. Il n’est plus temps de se ren­sei­gner, mais de réser­ver effec­ti­ve­ment son loge­ment, d’ins­crire ses enfants à l’é­cole, et sur­tout de pré­pa­rer son démé­na­ge­ment, obte­nir son visa et prendre ses billets d’avion.

« Arrive enfin le moment atten­du : l’at­ter­ris­sage dans le pays d’ac­cueil. Je recom­mande vive­ment au conjoint de contac­ter alors le plus rapi­de­ment pos­sible l’as­so­cia­tion locale d’ac­cueil des expa­triés fran­co­phones (pré­sente dans la plu­part des grandes villes à tra­vers le monde), asso­cia­tion qui per­met de se tis­ser un réseau social rapidement. »

L’INTÉGRATION

Com­ment s’in­té­grer rapi­de­ment ? Voi­ci, selon Alain Gou­non, quelques par­ti­cu­la­ri­tés à rete­nir pour une expa­tria­tion réus­sie aux États-Unis. « Bien enten­du le trait est très cari­ca­tu­ral et rien ne vaut l’ex­pé­rience du ter­rain pour décou­vrir toutes les sub­ti­li­tés qui font la richesse humaine et le sel de la vie d’expatrié.

« La socié­té amé­ri­caine est une socié­té fon­dée sur l’ac­tion : l’in­di­vi­du se défi­nit par ce qu’il fait. Au contraire de la France qui est une socié­té de sta­tut où l’in­di­vi­du se défi­nit par ce qu’il est. C’est pour­quoi le diplôme par exemple a tant d’im­por­tance en France et en a corol­lai­re­ment moins aux États-Unis.

« Un ami, aux États-Unis, est quel­qu’un avec qui on fait quelque chose (même club de sport, col­lègue de tra­vail, voi­sin par­te­naire de bar­be­cue, etc.). Si ce der­nier vient à démé­na­ger à l’autre bout du pays, on ne fera plus rien ensemble, il ne sera plus un ami. C’est cho­quant pour un Fran­çais pour qui un ami est quel­qu’un avec qui on par­tage une com­pli­ci­té intel­lec­tuelle ; on peut ain­si gar­der un ami à l’autre bout de la pla­nète et pour la vie. »

Les fun­drai­sings
Il n’existe pas de sub­ven­tions publiques pour les asso­cia­tions et toute acti­vi­té doit être finan­cée par la com­mu­ni­ty. Ce que l’on ne paye pas en impôt, on a le devoir de le don­ner pour le déve­lop­pe­ment de celle-ci. Cela revient au final aus­si cher que les impôts en France mais au moins on choi­sit ce que l’on subventionne !

« La notion de com­mu­ni­ty est fon­da­men­tale pour com­prendre la culture amé­ri­caine, sou­ligne Mat­thieu Gui­bé. Elle est si par­ti­cu­lière à l’A­mé­rique qu’il n’existe pas de tra­duc­tion fran­çaise pour ce mot. Elle repré­sente les groupes aux­quels on se rat­tache. Ce peut être le quar­tier, la paroisse, le club de sport, l’é­cole, etc. La com­mu­ni­ty est le lieu où s’exerce la soli­da­ri­té. Lorsque l’on a inté­gré une com­mu­ni­ty, on est très rapi­de­ment sol­li­ci­té pour par­ti­ci­per à sa vie par du béné­vo­lat et des fun­drai­sings.

« Nous avons choi­si de mettre nos enfants aux Boy Scouts of Ame­ri­ca. C’est un inves­tis­se­ment impor­tant en temps (trans­port, cam­ping) et en tâches diverses (sol­li­ci­ter les voi­sins et amis pour leur vendre des Girl Scouts Cookies ou des Boy Scouts Pop­corns). « Cet enga­ge­ment dans la com­mu­ni­ty nous a per­mis de créer des liens d’a­mi­tié avec des Amé­ri­cains avec les­quels nous par­ta­geons des valeurs com­munes et qui nous per­mettent peu à peu de mieux com­prendre leur culture. »

LA VIE COURANTE

Dans l’en­semble (hors loge­ment) le coût de la vie n’est pas sen­si­ble­ment dif­fé­rent de celui de la région pari­sienne, a cal­cu­lé Michel Iches.

Bureau­cra­tie
En trente ans, le pays s’est bureau­cra­ti­sé dans des pro­por­tions spec­ta­cu­laires. L’un des points-clefs est le rôle cen­tral joué par le social secu­ri­ty num­ber. Sans ce sésame, plus ques­tion d’ob­te­nir une carte de cré­dit (on peut quand même avoir une debit card à débit ins­tan­ta­né), dif­fi­cile d’ob­te­nir un abon­ne­ment de télé­phone mobile, impos­si­bi­li­té de pas­ser le per­mis de conduire, d’im­ma­tri­cu­ler un véhi­cule à son nom, etc. L’une des pre­mières choses à faire en s’ins­tal­lant est d’ob­te­nir ce fameux numéro.

« L’a­li­men­ta­tion cou­rante est plu­tôt bon mar­ché, ain­si que l’es­sence (moi­tié du prix fran­çais) ; les livres, les vête­ments sont à peu près aux prix fran­çais. « La res­tau­ra­tion de base est infecte, la res­tau­ra­tion de luxe inac­ces­sible. On note l’ap­pa­ri­tion d’une gamme moyenne de bis­trots qui servent une cui­sine, à tona­li­té ita­lienne, ou syn­thèse ita­lo-japo­naise, tout à fait cor­recte à des prix très abor­dables (ne pas oublier les 20 % de pour­boire qui plombent les prix).»

Un logement difficile

« Le mar­ché du loge­ment est un mar­ché local qui peut varier beau­coup d’une ville à l’autre. Une seule consi­dé­ra­tion géné­rale : avant d’ou­vrir un jour­nal d’an­nonces ou de contac­ter une agence, il faut prendre connais­sance de la géo­gra­phie d’en­semble de l’ag­glo­mé­ra­tion, de la confi­gu­ra­tion des axes de com­mu­ni­ca­tion et iden­ti­fier les quar­tiers vivables et ceux qu’il est (vive­ment) conseillé d’éviter.

« Comp­ter une à deux semaines pour s’im­pré­gner de ces don­nées avant de se lan­cer dans la recherche ; ce n’est pas du temps per­du, au contraire, ça évite de se faire bala­der pour rien par les agents immo­bi­liers dans des tas de coins pas possibles. »

Social et retraite
Si l’on tra­vaille comme indé­pen­dant ou dans une petite struc­ture, il faut sous­crire une assu­rance indi­vi­duelle. En gros, on est cou­vert tant que l’on reste en bonne san­té. Les soins médi­caux sont chers. C’est donc un point cru­cial à dis­cu­ter avec l’employeur préa­la­ble­ment à l’ex­pa­tria­tion et il faut envi­sa­ger toutes les éven­tua­li­tés pos­sibles. Côté retraite, il existe des fonds de pen­sion d’en­tre­prises, les uns inté­grés au bilan de la firme (méfiance), les autres à ges­tion exter­na­li­sée (c’est mieux). Un conseil : sous­crire à la CFE (Caisse des Fran­çais de l’é­tran­ger) ; ça coûte un peu cher ; du point de vue san­té, ça ne couvre pas les frais au niveau amé­ri­cain, mais c’est plus simple pour se faire rem­bour­ser les frais médi­caux lors des congés pas­sés en France ; ça ne donne qu’une retraite mini­male, mais ça donne l’im­mense avan­tage de vali­der les annui­tés pas­sées en expa­tria­tion si on retourne un jour en France.

LE RETOUR

Pierre Olli­vier a choi­si d’a­bor­der le pro­blème du retour en France. Le retour se pré­pare dès l’ar­ri­vée sur le sol américain

« Il est utile de bien avoir en tête que le retour se pré­pare dès l’ar­ri­vée sur le sol amé­ri­cain. Je vois trois étapes clés à bien iden­ti­fier et organiser.

« La pré­pa­ra­tion s’ef­fec­tue dans les deux ou trois der­nières années sur le sol amé­ri­cain. Il est essen­tiel de gar­der des liens avec des col­lègues ou des per­sonnes en France ayant une capa­ci­té de déci­sion. Mais il est impor­tant pour la hié­rar­chie locale aux États-Unis de com­prendre dans quel cadre vous venez tra­vailler avec eux : tout ce qui peut être mis sur la table de manière franche dès le début est un gage de réussite.

« La der­nière année est celle du compte à rebours. Il convient de voir où on pour­ra reve­nir et com­ment. Il faut comp­ter au mini­mum un an pour y voir clair (guère plus, car les orga­ni­sa­tions peuvent rare­ment pré­voir un an à l’a­vance, mais guère moins, car les dis­cus­sions d’or­ga­ni­grammes sont rare­ment semes­trielles et mettent du temps à se figer sur un scé­na­rio don­né). Bien com­mu­ni­quer sur la date de son retour et le fait qu’on cherche une place à Paris à telle date. Savoir être à l’é­coute et s’a­dap­ter aux circonstances. »

Deux ans pour se réinsérer

« La réin­ser­tion néces­site les deux années sui­vantes. Le retour ne fait pas l’é­co­no­mie d’une ana­lyse sans com­plai­sance sur la véri­table valeur ajou­tée appor­tée par l’ex­pé­rience vécue au large, de s’y tenir et de la com­mu­ni­quer régu­liè­re­ment en finesse et sans arro­gance ; en effet per­sonne ne vous atten­dait avant votre retour et il peut exis­ter une sorte de défiance vis-à-vis de celui qui a vécu en dehors du cercle des habi­tués. En par­ti­cu­lier il faut veiller à faire connaître votre valeur ajou­tée dans un cercle plus large que le seul cercle pro­fes­sion­nel immé­diat ; cela per­met­tra de parer à tout risque de rejet de la struc­ture, qui, s’il sur­vient, arrive en géné­ral au bout d’un ou deux ans après le retour. J’ai per­son­nel­le­ment connu nombre d’ex­pa­triés ayant chan­gé d’en­tre­prise à moins d’un an de leur retour en France, qu’ils l’aient vou­lu ou non : il faut donc s’y pré­pa­rer aus­si soi-même dès l’ar­ri­vée sur le sol français. »

L’im­por­tance des réseaux
« Les réseaux sont impor­tants à tout moment, sou­ligne Myriam Le Can­nel­lier, mais encore plus au moment du retour. Alors que le départ est rela­ti­ve­ment « accom­pa­gné », le retour ne l’est que très peu, voire pas. Les com­pé­tences nou­velles acquises sont mal valo­ri­sées. Les réseaux jouent alors un double rôle : le réseau interne dans l’en­tre­prise doit être tra­vaillé durant toute la durée de l’ex­pa­tria­tion pour mieux pré­pa­rer et négo­cier son retour et évi­ter le syn­drome « loin des yeux loin du cœur ».
Les réseaux externes (anciens élèves, anciens col­lègues par­tis dans d’autres entre­prises, etc.) peuvent éga­le­ment faire sur­gir des oppor­tu­ni­tés nou­velles dans le cadre d’un retour, notam­ment si rien d’in­té­res­sant n’est pro­po­sé à l’ex­pa­trié au sein de son entreprise. »

BIBLIOGRAPHIE

Mul­ti­cul­tu­ra­li­té dans le cadre du travail

  • La logique de l’hon­neur, Ges­tion des entre­prises et tra­di­tions natio­nales, Phi­lippe d’Iribarne.
  • Cultures et mon­dia­li­sa­tion, Gérer par-delà les fron­tières, Phi­lippe d’I­ri­barne, Alain Hen­ry, Jean-Pierre Segal, Syl­vie Che­vrier, Tat­ja­na Globokar.
  • Le mana­ge­ment des équipes inter­cul­tu­relles, Syl­vie Chevrier.

Culture aux États-Unis

  • Ame­ri­can Cultu­ral Pat­tern, A Cross-Cultu­ral Pers­pec­tive, Edward C. Ste­wart, Mil­ton J. Bennet.
  • Culture shock ! USA – A guide to Cus­toms and Eti­quette, Esther Wanning.

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