Robert Saunal (40), un symbole de la Résistance
Robert Saunal en avril 2007, portant sa croix de la Libération
Robert Saunal était admissible à l’École normale et à Polytechnique quand, quelques jours avant l’armistice, il décide de quitter Clermont-Ferrand avec quelques amis, pour essayer de continuer le combat. » C’était une décision évidente » nous disait-il souvent : il avait d’ailleurs été étonné que la guerre ne se poursuivît pas depuis l’Afrique du Nord. Arrivé en camion militaire à Saint-Jean-de-Luz, il embarque le 21 juin 1940 sur le navire polonais Batory, un des derniers navires à rejoindre l’Angleterre.
Formation des Français libres (1940)
Parmi les 2 000 à 3 000 volontaires de l’armée de Terre enrôlés et formés à Londres, Saunal devient l’un des 20 aspirants d’artillerie. En mai 1941, il rejoint le service du Chiffre à Brazzaville, puis la Syrie où se constitue la 1re BFL (Brigade française libre) sous les ordres de Pierre Kœnig : il est un des aspirants du 1er régiment d’artillerie. Les combats commencent en janvier 1942, la 1re BFL est engagée aux côtés de la VIIIe armée britannique en Cyrénaïque autour de Tobrouk ; elle prend position à Bir Hakeim, à une centaine de kilomètres à l’intérieur des terres au sud de Tobrouk, à l’est de la Libye, près de la frontière égyptienne. Le 26 mai 1942, cette position isolée tenue par les Français libres est attaquée par le gros de l’armée de Rommel : l’enjeu pour l’Afrika Korps, formé début 1941 en Libye pour soutenir les Italiens, était de rejoindre le canal de Suez, de maîtriser celui-ci ainsi que les possessions britanniques d’Égypte et de Palestine.
Bir Hakeim et la 1re DFL (juin 1942)
Dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, lors de la fameuse sortie de la position de Bir Hakeim (destinée à quitter la nasse en sauvant le plus d’hommes et de matériel possible), Saunal est blessé et capturé ; il se retrouve en février 1943 dans un camp de 2 000 officiers prisonniers (dont 20 Français) dans les Abruzzes.
En août 1943, à la faveur du désordre et de l’incertitude créés en Italie lors de la reprise en main du pays par les Allemands, il parvient à s’échapper. Après s’être réfugié dans les montagnes avec la complicité de bergers italiens, il traverse clandestinement les lignes allemandes et rejoint la VIIIe armée britannique.
Il y retrouve la BFL, devenue entre-temps 1re Division française libre, et participe avec celle-ci à la manœuvre de contournement du Monte Cassino, où les Alliés étaient à la peine depuis le début 1944 : c’est la bataille du Garigliano de mai 1944, où la 1re DFL, commandée par le général Diego Brosset, ouvre la voie à la libération de Rome, qui a lieu le 4 juin 1944.
Robert Saunal participe avec sa division au débarquement allié en Provence, il est le 16 août 1944 dans la baie de Cavalaire (Var). Il participe à la libération de Lyon (3 septembre), à la bataille de Belfort, aux combats en Alsace jusqu’en février 1945. Son régiment, qui avait été rejoint par de nombreux engagés volontaires, souhaitait continuer en Allemagne – comme le fera la 2e DB – mais est envoyé dans les Alpes pour chasser les Allemands des forts qu’ils occupaient encore : le lieutenant d’artillerie Saunal y combat jusqu’à la capitulation du 8 mai 1945.
Il était vice-président de l’Association X‑Résistance depuis sa création
Robert Saunal entre à Polytechnique en septembre 1945, un peu plus de cinq ans après son admissibilité, et entre au corps des Mines d’outre-mer en 1947. Il sera affecté à Madagascar, au Cameroun, en Nouvelle-Calédonie dans le cadre du Bumifom (Bureau des mines de la France d’outre-mer, qui deviendra le BRGM en 1959).
Il poursuivra sa carrière dans le privé, au sein du groupe minier et sidérurgique Marine-Wendel, comme président de la société des mines d’Anderny-Chevillon (mines de fer à Trieux, Meurthe-et-Moselle) de 1965 à 1976 et président-directeur général de la Sitram (Société commerciale et industrielle de transport et de manutention) de 1965 à sa retraite en 1986.
Robert Saunal s’était beaucoup investi, à sa manière discrète mais efficace, dans les activités de mémoire de la Résistance. Il était vice-président de l’Association X‑Résistance depuis sa création en 1997, animant souvent les réunions en l’absence du président ; il était trésorier de la Société d’entraide des compagnons de la Libération. Il avait consigné ses souvenirs dans un petit ouvrage que ses fils avaient publié. Il laisse à tous la mémoire d’un homme charmant, discret mais décidé, toujours souriant. Les honneurs militaires lui ont été rendus au cours d’une messe à Saint-Louis des Invalides le 26 décembre 2008.
www.xresistance.info blog X‑Résistance (In memoriam Robert Saunal).
Le parcours d’un Français libre, R. Saunal, 2005
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en juillet 1940 a Delville
en juillet 1940 a Delville camp 24 taupins regroupés dans
une baraque ont choisi Robert Saunal dit Bobby comme Z .