Robert Schumann : concerto pour piano
Ce Concerto en la mineur est à la fois un des concertos les plus importants du répertoire et une œuvre clé de l’œuvre de Schumann. Le compositeur le commença en 1840, l’année où son amour pour Clara Wieck put enfin se réaliser, l’année où il compose nombre d’œuvres clés, dont de nombreuses pièces pour piano et cycles de lieder. Ce concerto est en trois mouvements, comme ceux de Mozart et Beethoven. Mais le mouvement médian n’est pas un mouvement lent. C’est en fait un scherzo dont la partie centrale est un andantino. Il comporte donc les quatre temps d’une symphonie, si bien qu’on peut considérer qu’il s’agit aussi des premiers pas de Schumann dans l’univers symphonique.
Comme bon nombre de ses meilleures œuvres, le concerto de Schumann est un hommage permanent à Clara et à son amour pour elle. Le thème initial est même la transcription en notation germanique de son nom. Clara, désormais Clara Schumann, créa le concerto en 1845 et l’interpréta tout au long de sa vie, plus de trente ans après la mort de son mari. Si Clara Schumann est, selon de nombreux témoins de l’époque, la plus grande femme pianiste du XIXe siècle, Martha Argerich est considérée par beaucoup comme la plus importante femme pianiste actuelle. Il n’est pas étonnant qu’elle adore le concerto de Clara, et qu’elle y excelle.
Le concert de 2006 reproduit ici réunit Martha Argerich, l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, un des tout premiers orchestres au monde, et son nouveau chef, Riccardo Chailly, qui a longtemps dirigé un autre des plus grands orchestres mondiaux, celui du Concertgebouw d’Amsterdam. Ce concert est magnifique. C’est une grande performance de la pianiste et la direction est précise et raffinée, ce qui n’est pas toujours le cas pour des accompagnements de concertos. Il est aussi parfaitement enregistré (cela rend justice au son chaud de l’orchestre et au toucher d’Argerich) et filmé. L’image montre de façon pertinente et très réussie les instruments (superbes bois !) et le clavier. Elle ne cache rien non plus de ce qui rend la pianiste exceptionnelle, notamment son jeu continûment sur le fil du rasoir, jouant à l’extrême bout des touches pour augmenter la puissance, au point qu’on a peur pour elle qu’elle manque certaines notes, ce qui n’arrive naturellement jamais.
Le concert est complété par un long documentaire sur l’œuvre, très intéressant et très bien illustré. EuroArts édite d’ailleurs d’autres DVD sur le même principe d’un concert associé à un documentaire très instructif : Symphonie du Nouveau Monde, par C. Abbado, Concerto pour orchestre de Bartok que l’on recommande également.