Rodolphe Greif (59) figure emblématique du corps des Mines
Décédé en février dernier, Rodolphe Greif, ingénieur général des Mines, a consacré sa vie professionnelle au Service public en enchaînant les postes à haute responsabilité dans les domaines de l’exploitation minière, de la chimie et de la métallurgie.
Né à Strasbourg en octobre 1940 (sous l’occupation allemande), notre camarade a reçu le prénom « administratif » de Rodolphe, accepté par l’occupant qui avait récusé le Jean-Pierre, souhaité par ses parents. Après ses études à Strasbourg, il entre à l’X en 1959 et en sort major et rejoint le corps des Mines. Il commence sa carrière à Clermont-Ferrand et, rapidement, est appelé à des postes à responsabilité, en premier lieu au ministère de l’Industrie dans la direction chargée des industries minières et des métaux. Il est ensuite chargé du développement des machines-outils à la Régie Renault.
En 1979, il est nommé président du directoire des Mines de potasse d’Alsace à Mulhouse, entreprise publique en pleine évolution. Il est ensuite appelé en 1982 au poste de président du directoire de l’Entreprise minière et chimique, maison mère des MDPA, où il officiera pendant douze ans.
Il sera ensuite directeur des constructions navales au ministère de la Défense de 1997 à 2000. Dans ce poste, il doit faire face à la baisse des crédits d’équipement militaire ; pour activer la séparation entre la DCN étatique et la DCN industrielle, il met en place le développement international des activités industrielles, avec le développement des plates-formes offshore, et les contrats de construction de navires pour l’exportation. Il doit également gérer au mieux la diminution programmée des effectifs.
De l’industrie à la gestion du corps des Mines
En 1997 il devient vice-président du conseil général des Mines, chef de corps, c’est-à-dire détenant l’autorité hiérarchique sur tous les ingénieurs généraux des Mines, qu’il dirigera jusqu’à sa retraite en 2006. Pendant cette période, il s’est beaucoup impliqué dans la gestion des carrières des ingénieurs des Mines et dans l’évolution des écoles des Mines : orientation internationale grâce l’échange de professeurs et d’élèves, rapprochement avec d’autres écoles en vue de la constitution d’un pôle scientifique et technique comparable aux plus célèbres universités américaines. En 2000, il cumule ses fonctions au conseil général des Mines en étant nommé conseiller d’État en service extraordinaire, poste dans lequel il exercera une forte influence sur les dossiers relatifs aux sujets industriels et miniers en particulier. Homme de conviction, il savait donner confiance et s’engager pour de justes causes.
Priorité à l’humain
C’était un homme de grande culture, mélomane et lui-même musicien accompli, s’exprimant avec aisance dans de multiples langues étrangères (anglais, allemand, espagnol), et amoureux de l’art et de la vie. Il a toute sa vie donné une priorité à l’humain, au dialogue, avec le goût de convaincre plutôt que d’imposer. Il a toujours inspiré respect et confiance. On connaissait sa grande générosité, qui le conduisait à être un donateur régulier, par exemple à la Fondation Mines ParisTech.
Il avait construit une famille magnifique ; lui et son épouse vivaient aimés et respectés au milieu de leurs six enfants d’abord, qu’il animait lui-même comme une joyeuse équipe, et plus tard dix petits-enfants qui l’ont entouré affectueusement jusqu’à la fin de sa vie, et même après la dégradation de son état de santé.
En effet, peu après son départ à la retraite, il a commencé de vivre un long chemin de près de dix ans : il était atteint par la maladie à corps de Lewy, qui ne laissait aucune place à l’espoir de guérison, et qui l’a privé graduellement de la plupart de ses facultés. Il a été soutenu pendant toute cette longue période par son admirable épouse qui a tout fait pour qu’il puisse s’éteindre au milieu des siens.