Roger Guénod (43) Une vie marquée par la passion des essais en vol
Né à Paris le 24 juillet 1923, il y vit une jeunesse studieuse. Il entre à l’École polytechnique avec la promo 43. Après une première année, il rejoint la Ire armée pour ne revenir qu’à l’automne 1945 pour sa deuxième année. À sa sortie de l’X, après une année à l’Arsenal de l’aéronautique, il entre par concours dans le corps des ingénieurs militaires de l’air. À sa sortie de Supaéro, il est affecté en 1949 au Centre d’essais en vol. Son début de carrière sera déterminant. Dès l’année 1950 il devient ingénieur navigant d’essai. Le directeur du CEV lui propose d’être l’un des premiers ingénieurs de l’après-guerre à devenir pilote militaire. Il suit brillamment la formation de l’école de chasse à Meknès. Il retrouve le CEV et obtient en 1953 la qualification de pilote d’essais.
Un ingénieur de très grand talent
Les premières années au CEV sont particulièrement exaltantes à cette époque de reconstruction de l’aéronautique française. En 1960, il est affecté au Service technique aéronautique où il participe aux premières études de l’engin balistique. Il retourne au CEV en 1962 comme sous-directeur technique, avec la haute main sur l’ensemble des essais et l’organisation des moyens. En 1971 il est sous-directeur du Service technique aéronautique. Il est nommé directeur du Centre d’essais en vol en 1973, puis il est appelé en 1978 à diriger le Service technique aéronautique, en charge des programmes d’études et de développement des avions et systèmes.
Il a, par son action personnelle, fortement contribué au développement d’une aéronautique française retrouvée
Dans le cadre de la réorganisation des services de la Direction des constructions aéronautiques, il va avoir à mettre sur pied un nouveau service aux responsabilités plus étendues puisqu’elles doivent couvrir la production en série. Il va créer et diriger le Service technique des programmes aéronautiques jusqu’en 1984. Il exercera une grande influence sur les orientations retenues, tant en matière d’études préparatoires que des définitions des nouveaux programmes, Mirage 2000 et surtout Rafale. Ingénieur de très grand talent et pilote très expérimenté (plus de 5000 heures de vol), il aura, par son action personnelle, fortement contribué au développement d’une aéronautique française retrouvée.
Lorsqu’il quitte le corps en 1984, c’est pour continuer à mettre son expérience au service de l’aéronautique, d’abord chez Dassault Aviation, puis chez Technisa. Dans ces deux postes, il sera confronté à une Europe qui se cherche. Après cela, il a consacré une part de son temps, jusqu’aux derniers jours, aux travaux du Comité pour l’histoire de l’aéronautique (COMAERO).
Sa personnalité était exceptionnelle : intelligence particulièrement brillante, grande rigueur, remarquable pertinence dans ses analyses, très grande fiabilité en toutes circonstances.
On a vu sa passion pour l’aéronautique, mais sa famille comptait plus que tout. Son épouse, Simone, a été le roc sur lequel il s’est appuyé jusqu’à sa disparition en 2004. Son fils et ses petits-enfants peuvent être particulièrement fiers de lui.
Roger Guénod était commandeur de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite et médaillé de l’aéronautique.