Roger Guénod (43) Une vie marquée par la passion des essais en vol

Dossier : ExpressionsMagazine N°643 Mars 2009Par : Georges Bousquet (44) et Gabriel Colin (Supaéro 53)

Né à Paris le 24 juillet 1923, il y vit une jeu­nesse stu­dieuse. Il entre à l’École poly­tech­nique avec la pro­mo 43. Après une pre­mière année, il rejoint la Ire armée pour ne reve­nir qu’à l’automne 1945 pour sa deuxième année. À sa sor­tie de l’X, après une année à l’Arsenal de l’aéronautique, il entre par concours dans le corps des ingé­nieurs mili­taires de l’air. À sa sor­tie de Supaé­ro, il est affec­té en 1949 au Centre d’essais en vol. Son début de car­rière sera déter­mi­nant. Dès l’année 1950 il devient ingé­nieur navi­gant d’essai. Le direc­teur du CEV lui pro­pose d’être l’un des pre­miers ingé­nieurs de l’après-guerre à deve­nir pilote mili­taire. Il suit brillam­ment la for­ma­tion de l’école de chasse à Mek­nès. Il retrouve le CEV et obtient en 1953 la qua­li­fi­ca­tion de pilote d’essais.

Un ingénieur de très grand talent

Les pre­mières années au CEV sont par­ti­cu­liè­re­ment exal­tantes à cette époque de recons­truc­tion de l’aéronautique fran­çaise. En 1960, il est affec­té au Ser­vice tech­nique aéro­nau­tique où il par­ti­cipe aux pre­mières études de l’engin balis­tique. Il retourne au CEV en 1962 comme sous-direc­teur tech­nique, avec la haute main sur l’ensemble des essais et l’organisation des moyens. En 1971 il est sous-direc­teur du Ser­vice tech­nique aéro­nau­tique. Il est nom­mé direc­teur du Centre d’essais en vol en 1973, puis il est appe­lé en 1978 à diri­ger le Ser­vice tech­nique aéro­nau­tique, en charge des pro­grammes d’études et de déve­lop­pe­ment des avions et systèmes.


Il a, par son action per­son­nelle, for­te­ment contri­bué au déve­lop­pe­ment d’une aéro­nau­tique fran­çaise retrouvée

Dans le cadre de la réor­ga­ni­sa­tion des ser­vices de la Direc­tion des construc­tions aéro­nau­tiques, il va avoir à mettre sur pied un nou­veau ser­vice aux res­pon­sa­bi­li­tés plus éten­dues puisqu’elles doivent cou­vrir la pro­duc­tion en série. Il va créer et diri­ger le Ser­vice tech­nique des pro­grammes aéro­nau­tiques jusqu’en 1984. Il exer­ce­ra une grande influence sur les orien­ta­tions rete­nues, tant en matière d’études pré­pa­ra­toires que des défi­ni­tions des nou­veaux pro­grammes, Mirage 2000 et sur­tout Rafale. Ingé­nieur de très grand talent et pilote très expé­ri­men­té (plus de 5000 heures de vol), il aura, par son action per­son­nelle, for­te­ment contri­bué au déve­lop­pe­ment d’une aéro­nau­tique fran­çaise retrouvée.

Lorsqu’il quitte le corps en 1984, c’est pour conti­nuer à mettre son expé­rience au ser­vice de l’aéronautique, d’abord chez Das­sault Avia­tion, puis chez Tech­ni­sa. Dans ces deux postes, il sera confron­té à une Europe qui se cherche. Après cela, il a consa­cré une part de son temps, jusqu’aux der­niers jours, aux tra­vaux du Comi­té pour l’histoire de l’aéronautique (COMAERO).

Sa per­son­na­li­té était excep­tion­nelle : intel­li­gence par­ti­cu­liè­re­ment brillante, grande rigueur, remar­quable per­ti­nence dans ses ana­lyses, très grande fia­bi­li­té en toutes circonstances.

On a vu sa pas­sion pour l’aéronautique, mais sa famille comp­tait plus que tout. Son épouse, Simone, a été le roc sur lequel il s’est appuyé jusqu’à sa dis­pa­ri­tion en 2004. Son fils et ses petits-enfants peuvent être par­ti­cu­liè­re­ment fiers de lui.
Roger Gué­nod était com­man­deur de la Légion d’honneur, com­man­deur de l’ordre natio­nal du Mérite et médaillé de l’aéronautique.

Georges Bousquet (44)
et Gabriel Colin (Supaéro 53)

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