RSE, le temps de l’action
Parler de RSE est devenu d’une grande banalité pour beaucoup d’entreprises. Pourtant, il y a peu, aborder le sujet n’inspirait auprès de nombreux dirigeants que des réflexions du type : « Oui, c’est sympathique, mais croyez-moi, la réalité du business, c’est autre chose » ; ou alors, dans les grands groupes en particulier : « Oui, nous avons effectivement une direction RSE ou (au choix) une fondation, qui lance de nombreuses actions pour l’insertion des jeunes en difficulté, les économies d’énergie, l’aide au développement, etc. »
Cette époque est aujourd’hui révolue. Beaucoup d’entreprises ont compris que le sujet n’était pas périphérique, mais au cœur du business modèle. Plaidant depuis une dizaine d’années pour la suppression des directions RSE ou développement durable et en faveur d’une prise en charge de ces sujets par l’ensemble des entités de l’entreprise, j’observe que l’idée est beaucoup moins sifflée aujourd’hui. Les thèmes liés à la RSE sont mieux connus et acceptés. Ils posent toujours néanmoins quelques sérieux problèmes techniques.
Le premier reste celui des performances obtenues : peut-on effectivement concilier performances économiques, d’une part, environnementales, sociales et de gouvernance (ou ESG pour reprendre un acronyme de plus en plus utilisé) d’autre part ? Certaines recherches concluent à une corrélation positive, d’autres à une corrélation négative, d’autres encore à l’absence de corrélation… Mais une conclusion recueille un relatif consensus : « Il est tout à fait possible d’obtenir des performances ESG sans forcément dégrader la performance financière. » Anodine en apparence, cette conclusion est en fait majeure. Alors qu’une partie de la théorie financière classique postule qu’intégrer d’autres facteurs que la stricte perspective de rendement conduit à dégrader la performance du portefeuille, elle ouvre grand les portes à l’action.
La solution est dans les opérations des entreprises elles-mêmes. Si elles s’engagent sur des plans d’action environnementaux ou sociaux bien menés, elles peuvent également réaliser de bonnes performances économiques. Opposer finance et ESG n’a pas de sens, la RSE doit être au cœur du business.
La deuxième question technique clé est alors celle du « comment ? ». C’est justement l’objet de ce dossier que d’apporter quelques éléments de réponse à partir d’expériences opérationnelles vécues par des membres de la communauté polytechnicienne issus des cycles ingénieurs, doctorat et executive master. Et quoi de mieux pour commencer qu’une interpellation dynamique par nos étudiants actuels…
Mais au fait, qu’est-ce que la RSE ? Pour les non-initiés, lire ÉtymologiX de Pierre Avenas.
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Commentaire de Laurent Barthélémy (76)
chers amis,
consultant en RSE ISO 26000 j’ai lu avec intérêt le dossier dans la dernière livraison J&R.
je me permets un commentaire sur l’image d’ouverture, en pj : elle véhicule l’idée que démarche RSE et performance économique sont antagonistes. A défaut d’être statistiquement démontré (bien que quelques études académiques relativement sérieuses aillent dans ce sens ces dernières années), il est très probable qu’il existe une corrélation positive entre RSE et performance (notamment économique, EBITDA pour parler clair) sur le moyen et long terme. Il conviendrait donc d’être prudent sur ce sujet, à moins de détenir la preuve du contraire, ce que ne fait pas le dossier, intéressant par ailleurs. D’autant qu’à travers la RSE vous remettez en cause l’idéologie dogmatique du Développement Durable (de lapin), et là, vous prenez vraiment des risques car vous aurez la pensée dominante contre vous. Bien cordialement, Laurent Barthélemy (76)