Rue des Soldats
L’auteur du roman Phô = La Rue est né au Nord-Viêtnam en 1947. Après des études littéraires, il a participé à la guérilla au Sud-Viêtnam contre les Américains et l’armée du gouvernement du Sud.
Dans ce roman, il raconte la vie de tous les jours, pendant la période d’après-guerre, dans un pays en pleine transformation.
Les personnages sont pour la plupart des anciens combattants qui s’adaptent à une vie économique difficile, chacun en fonction des circonstances et de sa personnalité. Aucun n’est un héros glorieux. Ce sont des hommes et des femmes, d’origines sociales diverses, issus d’une même tradition culturelle et soumis aux nouvelles influences étrangères, luttant pour leur survie matérielle et construisant leurs vies affectives et sociales.
L’auteur bénéficie d’une liberté de ton qui lui permet d’émettre des critiques et de ne pas cacher des comportements illégaux. D’autre part, aucun des protagonistes n’est présenté comme un modèle à imiter, il ne s’agit donc pas d’un ouvrage moralisateur ou glorificateur.
Le style, proche du langage parlé, utilise cependant un riche vocabulaire sino-vietnamien souvent absent du dictionnaire. Les caractères chinois étant beaucoup plus nombreux que les monosyllabes phonétiquement possibles, chacun des mots vietnamiens peut désigner plusieurs significations différentes, ce qui rend difficile la traduction exacte des néologismes.
La lecture de ce texte est souvent ardue, notamment en raison des noms vietnamiens des personnages auxquels nos mémoires sont peu accoutumées.
Ayant vécu au Viêtnam de 1948 à 1950, comme lieutenant commandant une section de supplétifs vietnamiens, je me suis fait un devoir d’entreprendre cette traduction, afin que cette guerre, dans ce qu’elle a été pour les Vietnamiens, ne soit pas trop vite oubliée.