Santé : un débat d’idées pour une réforme en profondeur
Notre organisation construite au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale fonctionne encore bien, quand on la compare à celle des autres grands pays avancés ; mais elle est remise en question par les évolutions démographiques et technologiques. Les dépenses de santé continueront de croître, et fortement, sous l’effet de facteurs aussi évidents que l’extension régulière du champ des traitements possibles et l’allongement de la durée de vie.
Hôpital La Pitié-Salpêtrière.
Le secteur de la santé est appelé à connaître une considérable métamorphose, d’abord du fait de l’introduction des technologies de l’information et de la communication ; également en raison des mutations rapides dans ses produits et dans les procédés utilisés, par l’amélioration permanente des techniques diagnostiques et thérapeutiques et l’apparition de nouveaux traitements pour les maladies considérées aujourd’hui comme incurables.
S’ouvrir à l’industrialisation
Le secteur des services de soins, bientôt, va devoir s’ouvrir à l’industrialisation comme les autres activités de services et ne sera plus protégé de la concurrence internationale. La question de sa performance se posera donc de plus en plus. Enfin, et peut-être est-ce le point le plus essentiel, ce secteur est stratégique pour la recherche fondamentale en biologie et la recherche-développement dans le domaine des biotechnologies.
Le secteur de la santé est déjà à l’origine d’une nouvelle vague d’innovations dont tous les secteurs de l’économie seront bénéficiaires.
Tous les grands pays ont donné une priorité aux sciences de la vie, et notre pays court un grand risque de décrocher dans ce qui est encore un domaine d’excellence de nos savoir-faire.
Un grand besoin de débat
C’est la raison d’être du groupe X‑Sursaut et celle pour laquelle le Cercle Santé Société a été créé, pour aider à clarifier les débats, pour poser les questions utiles même si elles sont difficiles, pour aider nos concitoyens à se préparer à ce qui nous apparaît comme une formidable mutation dans nos rapports à notre santé. Il y a un grand besoin de débattre : les Français sont 80 % à considérer que la place réservée à la santé dans les débats politiques n’est pas suffisante, beaucoup plus que dans les autres pays d’Europe.
Se donner du temps
Le temps du débat sera nécessairement long. La liste est trop riche des réformes du système, annoncées comme décisives à grands renforts de trompettes, tranchées à la hussarde en trois mois, et qui se sont avérées insuffisantes au bout de quelques années, comme, par exemple, la responsabilisation collective introduite par les réformes de 1995 ou la « der des der » de 2004.
La véritable réforme en profondeur dont notre pays a besoin demandera du temps : celui de la discussion, celui de la négociation, celui de la décision probablement un peu spasmodique compte tenu des traditions de notre pays, et enfin celui de l’expérimentation et de la mise en œuvre.
Voici, parmi d’autres, quelques-unes des questions que nous allons aborder dans ce numéro consacré à la Santé.
Ce dossier est destiné à faire réfléchir et réagir ; n’hésitez pas à nous faire part de vos remarques et idées. Elles sont nécessaires pour un sujet immense et important.