Santé : un débat d’idées pour une réforme en profondeur

Dossier : La Santé, l'inéluctable révolutionMagazine N°630 Décembre 2007
Par Hubert LÉVY-LAMBERT (53)
Par Guy VALLANCIEN

Notre orga­ni­sa­tion construite au len­de­main de la Deuxième Guerre mon­diale fonc­tionne encore bien, quand on la com­pare à celle des autres grands pays avan­cés ; mais elle est remise en ques­tion par les évo­lu­tions démo­gra­phiques et tech­no­lo­giques. Les dépenses de san­té conti­nue­ront de croître, et for­te­ment, sous l’ef­fet de fac­teurs aus­si évi­dents que l’ex­ten­sion régu­lière du champ des trai­te­ments pos­sibles et l’al­lon­ge­ment de la durée de vie.


Hôpi­tal La Pitié-Salpêtrière.

Le sec­teur de la san­té est appe­lé à connaître une consi­dé­rable méta­mor­phose, d’a­bord du fait de l’in­tro­duc­tion des tech­no­lo­gies de l’in­for­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion ; éga­le­ment en rai­son des muta­tions rapides dans ses pro­duits et dans les pro­cé­dés uti­li­sés, par l’a­mé­lio­ra­tion per­ma­nente des tech­niques diag­nos­tiques et thé­ra­peu­tiques et l’ap­pa­ri­tion de nou­veaux trai­te­ments pour les mala­dies consi­dé­rées aujourd’­hui comme incurables.

S’ouvrir à l’industrialisation

Le sec­teur des ser­vices de soins, bien­tôt, va devoir s’ou­vrir à l’in­dus­tria­li­sa­tion comme les autres acti­vi­tés de ser­vices et ne sera plus pro­té­gé de la concur­rence inter­na­tio­nale. La ques­tion de sa per­for­mance se pose­ra donc de plus en plus. Enfin, et peut-être est-ce le point le plus essen­tiel, ce sec­teur est stra­té­gique pour la recherche fon­da­men­tale en bio­lo­gie et la recherche-déve­lop­pe­ment dans le domaine des biotechnologies.

Le sec­teur de la san­té est déjà à l’o­ri­gine d’une nou­velle vague d’in­no­va­tions dont tous les sec­teurs de l’é­co­no­mie seront bénéficiaires.

Tous les grands pays ont don­né une prio­ri­té aux sciences de la vie, et notre pays court un grand risque de décro­cher dans ce qui est encore un domaine d’ex­cel­lence de nos savoir-faire.

Un grand besoin de débat

C’est la rai­son d’être du groupe X‑Sursaut et celle pour laquelle le Cercle San­té Socié­té a été créé, pour aider à cla­ri­fier les débats, pour poser les ques­tions utiles même si elles sont dif­fi­ciles, pour aider nos conci­toyens à se pré­pa­rer à ce qui nous appa­raît comme une for­mi­dable muta­tion dans nos rap­ports à notre san­té. Il y a un grand besoin de débattre : les Fran­çais sont 80 % à consi­dé­rer que la place réser­vée à la san­té dans les débats poli­tiques n’est pas suf­fi­sante, beau­coup plus que dans les autres pays d’Europe.

Se donner du temps

Le temps du débat sera néces­sai­re­ment long. La liste est trop riche des réformes du sys­tème, annon­cées comme déci­sives à grands ren­forts de trom­pettes, tran­chées à la hus­sarde en trois mois, et qui se sont avé­rées insuf­fi­santes au bout de quelques années, comme, par exemple, la res­pon­sa­bi­li­sa­tion col­lec­tive intro­duite par les réformes de 1995 ou la « der des der » de 2004.

La véri­table réforme en pro­fon­deur dont notre pays a besoin deman­de­ra du temps : celui de la dis­cus­sion, celui de la négo­cia­tion, celui de la déci­sion pro­ba­ble­ment un peu spas­mo­dique compte tenu des tra­di­tions de notre pays, et enfin celui de l’ex­pé­ri­men­ta­tion et de la mise en œuvre.

Voi­ci, par­mi d’autres, quelques-unes des ques­tions que nous allons abor­der dans ce numé­ro consa­cré à la Santé.
Ce dos­sier est des­ti­né à faire réflé­chir et réagir ; n’hé­si­tez pas à nous faire part de vos remarques et idées. Elles sont néces­saires pour un sujet immense et important.

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