« Sauver plus de vie dans un futur proche »

Dossier : 225e anniversaire de l'École polytechniqueMagazine N°749 Novembre 2019
Par Marc KARAKO

Pour répondre à des besoins médi­caux non satis­faits dans le domaine des mala­dies car­dio­vas­cu­laires, Quan­tum Geno­mics s’est don­né pour mis­sion de déve­lop­per de nou­velles thé­ra­pies en misant sur l’innovation. Ren­contre avec Marc Kara­ko, Vice-pré­sident Finance de la socié­té, qui nous en dit plus.

Vous vous focalisez sur le développement de nouvelles thérapies à partir du mécanisme d’action central d’inhibition de l’aminopeptidase A. Dites-nous-en plus sur votre cœur de métier ?

L’entreprise a vu le jour il y a 13 ans. Son ambi­tion est d’amener sur le mar­ché une nou­velle approche thé­ra­peu­tique issue d’une très belle science, pro­ve­nant d’une recherche aca­dé­mique fran­çaise de très haut niveau réa­li­sée conjoin­te­ment par le Col­lège de France, l’INSERM , le CNRS et l’université Paris-VI. L’innovation pro­vient de la pos­si­bi­li­té de trai­ter les mala­dies car­dio­vas­cu­laires en agis­sant direc­te­ment sur le cer­veau et non pas sur le corps. Ce nou­veau méca­nisme d’action per­met d’apporter des effets posi­tifs simul­ta­nés sur 3 organes : le cœ ur, en régu­lant le rythm car­diaque, le rein, en aug­men­tant l’élimination uri­naire, et les vais­seaux san­guins, en les dila­tant. Nous avons deux indi­ca­tions prin­ci­pales : l’hypertension arté­rielle résis­tante, c’est-à-dire non contrô­lée par les médi­ca­ments exis­tants, et l’insuffisance car­diaque pour laquelle il n’existe pas actuel­le­ment de trai­te­ment efficace.

Quelles sont les principales tendances et évolutions connues par le monde de l’industrie pharmaceutiques ?

Le déve­lop­pe­ment d’un médi­ca­ment est un pro­ces­sus très long ( une quin­zaine d’années envi­ron) , très régle­men­té par les auto­ri­tés de san­té de chaque pays et très coû­teux ( de l’ordre du mil­liard d’euros) . Les pos­si­bi­li­tés d’échec sont aus­si impor­tantes, car le pro­duit doit démon­trer à la fois une réelle effi­ca­ci­té et une bonne tolé­rance sur un nombre impor­tant de patients.
C’est pour­quoi il y a une ten­dance très claire des labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques à exter­na­li­ser de plus en plus leur R& D auprès de socié­tés de bio­tech­no­lo­gie et de faire de moins en moins de recherches de nou­veaux médi­ca­ments en interne.
Le rôle d’une socié­té de bio­tech­no­lo­gie inno­vante telle que la nôtre est de se foca­li­ser sur la recherche et d’avancer le plus pos­sible dans le déve­lop­pe­ment cli­nique de nou­veaux pro­duits. Les labo­ra­toires peuvent ensuite prendre ces médi­ca­ments sous licence et se char­ger de leur fabri­ca­tion et de leur commercialisation.

À quelles problématiques de l’industrie pharmaceutique répondez-vous concrètement ?

Nous obser­vons un cer­tain manque d’innovation de la part de l’industrie phar­ma­ceu­tique en ce qui concerne les mala­dies car­dio­vas­cu­laires. La plu­part des bre­vets sont arri­vés à expi­ra­tion et peu de nou­veaux bre­vets sont dépo­sés dans ce domaine.
Ain­si, notre objec­tif est de bre­ve­ter de nou­veaux pro­duits et de nou­velles approches. Nous cher­chons à pal­lier le manque d’innovation et de recherche de la part des labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques en leur pro­po­sant un médi­ca­ment à un stade suf­fi­sam­ment avan­cé pour qu’ils puissent le com­mer­cia­li­ser en toute sécurité.
Dans ce cadre, les études cli­niques consti­tuent notre prin­ci­pal enjeu. Répondre aux exi­gences régle­men­taires en matière de sécu­ri­té est très com­plexe. En plus, il n’est pas facile de trou­ver les finan­ce­ments néces­saires pour mener à bien des études qui peuvent sou­vent dépas­ser une dizaine d’années.
Cepen­dant, nous res­tons opti­mistes ! Il faut de la per­sé­vé­rance pour arri­ver au suc­cès. Aujourd’hui, nos essais cli­niques ont été très posi­tifs et nous avons obte­nu d’excellents résultats.
Nous sommes convain­cus que notre médi­ca­ment, le firi­bas­tat, fera battre les cœurs. Alors que les mala­dies car­dio­vas­cu­laires sont la pre­mière cause de décès dans le monde 17 mil­lions de personnes/ an) et les cas de mor­ta­li­té liés aux com­pli­ca­tions de l’hypertension arté­rielle ne cessent d’augmenter ( 10 mil­lions de personnes/ an vs 8 mil­lions pour toutes les formes réunies de can­cer) , nous misons beau­coup sur notre pla­te­forme thé­ra­peu­tique pour sau­ver un grand nombre de vies dans un futur proche.

Article dis­po­nible en pdf

Poster un commentaire