Savant cherche refuge. Comment les grands noms de la science ont survécu à la Seconde Guerre mondiale
Sébastien Balibar (66)
Rédacteur : Yves Brechet (81)Editeur : Odile Jacob, janvier 2019Le nouveau livre de notre camarade Sébastien Balibar, Savant cherche refuge, comment les grands noms de la science ont survécu à la Seconde Guerre mondiale, est à facettes multiples.
Traversant l’histoire de la deuxième moitié du XXe siècle, il nous montre la physique qui se construit après les formidables révolutions que sont la relativité et la mécanique quantique, et qui défend la civilisation contre la barbarie en développant l’arme nucléaire. Cet aspect du livre est somme toute assez classique, même s’il est raconté de façon bien enlevée.
C’est aussi le livre d’un physicien des basses températures qui prend comme fil rouge la compréhension de la superfluidité, avec des personnages hauts en couleur, certains fameux comme Landau, d’autres moins connus comme London, d’autres enfin connus des seuls spécialistes comme Laszlo Tisza.
C’est une deuxième facette du livre, au travers de ce dernier personnage, fascinant et attachant, vivant centenaire, que de montrer les hésitations dans la construction de la compréhension d’un phénomène, la manifestation au niveau macroscopique de la nature quantique de la matière. On y voit cette connaissance se construire avec la passion des hommes, leur mesquinerie parfois, leur générosité aussi.
C’est enfin un livre d’une profonde humanité, par le lien personnel entre l’auteur et ce grand esprit qu’il nous fait découvrir en Tisza. Mais aussi par cette conviction que la science est une forme épurée de la liberté de penser, et qu’en défendant, en protégeant, en accueillant ceux qui sont persécutés, en le faisant pour la communauté des scientifiques, on contribue à défendre la dignité humaine.
C’était vrai à l’époque du comité Rapkine dans l’entre-deux-guerres, cela demeure vrai aujourd’hui, et l’engagement personnel de l’auteur dans le comité Pause l’illustre, contre toute forme de totalitarisme.