Schubert : Le Voyage d’hiver
Arthaus édite à l’occasion de l’anniversaire de Christa Ludwig deux DVD des récitals d’Athènes en 1994, au cours desquels l’artiste interprétait parmi les plus beaux lieder allemands du répertoire. Concerts exceptionnels par le programme, mais surtout par l’art de la mezzo-soprano, absolument intact à l’époque de ces prises.
Le Voyage d’hiver est le plus beau cycle de lieder jamais écrit, vingt-quatre pièces magnifiques avec un accompagnement de piano phénoménal. Écrit pour baryton-basse, ce cycle a eu pour plus grands et célèbres défenseurs Hans Hotter et Dietrich Fischer-Dieskau (avec les meilleurs accompagnateurs : Gerald Moore, Alfred Brendel et Daniel Barenboïm). Il est très rarement chanté par une femme, et pourtant l’interprétation qu’en donne C. Ludwig, au prix de quelques transpositions il est vrai, est superbe.
Le second DVD offre une sélection de lieder de Mahler, Richard Strauss, Hugo Wolf, et à nouveau Schubert avec les célèbres Truite et La Jeune Fille et la Mort.
Sans naturellement rien dévoiler de l’âge de l’artiste à l’époque, il faut tout de même reconnaître notre surprise et notre plaisir d’entendre une voix toujours superbe. Les interprétations sont très émouvantes. Christa Ludwig a été une des plus grandes mezzo-sopranos de la seconde moitié du XXe siècle. Son disque à emporter sur l’île déserte est probablement son enregistrement du Chant de la Terre de Mahler, sous la direction de Klemperer. Son répertoire était très étendu, et on a aussi vu une truculente vieille dame dans le Candide de Bernstein, où le récit de la perte de sa fesse gauche (d’après Voltaire) est un sommet d’humour et de style. Les DVD sont d’ailleurs complétés, pour s’en convaincre, par des master class récentes qu’elle donna en Allemagne, et par de courts extraits de Falstaff et de Cosi fan tutte, dans les années soixante-dix. Très bon, vraiment.