S’engager, pourquoi ?
![](https://www.lajauneetlarouge.com/wp-content/uploads/2015/04/ag_apropos2.jpg.webp)
S’engager, certes… mais pourquoi au juste ? Témoignage mais surtout réflexion d’un camarade qui s’est engagé et qui peut en parler d’expérience. Et s’engager comment ? pour qui ? La fraternité, mise en valeur aux frontons de nos édifices publics, est peut-être la clé qui ouvre les réponses à ces questions. On ne s’engage pas impunément, ni sans coûts ; mais on y gagne bien plus, en humanité.
« Tout ce qui n’est pas donné est perdu. » Si cette phrase écrite sur le livre d’or d’une léproserie au sud de l’Inde est vraie, nous, Occidentaux qui vivons d’abondance dans un monde de pauvres, avons de quoi réfléchir. Oui, pourquoi s’engager ?
Pour devenir soi-même
Les neurosciences accréditent l’idée que nous sommes gouvernés par nos émotions et que l’explication rationnelle de nos comportements est souvent fabriquée a posteriori. Nos émotions sont l’expression de nos besoins fondamentaux, que nous pouvons nous entraîner à identifier en pratiquant par exemple la communication non violente. Quels sont ces besoins ? Sur la hiérarchie proposée par Abraham Maslow, on lit beaaucoup que la satisfaction des besoins « inférieurs » (physiologiques, puis de sécurité) est préalable à l’expression des besoins « supérieurs », de l’amour à l’estime et à l’accomplissement de soi.
On sait pourtant combien cette interprétation est réductrice, sinon fausse. On sait que, sans amour, les enfants meurent. On sait aussi qu’un être ancré dans l’amour peut adopter une hiérarchie de valeurs dans laquelle ses propres besoins physiologiques et de sécurité ne sont plus premiers. Et, même s’il peut survivre sans, l’humain ne devient véritablement humain que lorsqu’il accède au déploiement de ses potentialités les plus hautes ; n’est-ce pas cette aspiration qui l’entraîne au service des autres ?
Pour changer le monde
Changer le monde est une ambition humaine récente, qui enthousiasme certains et en fait sourire d’autres. Que voudrions-nous changer dans le monde ? L’environnement ? La société ? Changer l’environnement, voilà un programme ambitieux, quand nous peinons tant à limiter les effets délétères de nos activités humaines… Il est légitime de vouloir remédier à ces effets, mais délicat de s’assurer que le remède n’emploie pas les moyens mêmes qui produisent le mal.
“Sauver une vie, c’est sauver le monde.”
Changer la société est-il plus simple ? Cela n’implique pas nécessairement la mise en jeu, voire la remise en cause des institutions qui la régissent. Certains expérimentent et démontrent la viabilité et la pertinence de nouveaux modèles : habitats partagés, coopératives, écolieux, monnaies alternatives, entreprises sociales… Dans quel but ? Montrer qu’un autre modèle est possible, préalablement à tenter d’influencer les institutions ? Déployer ce modèle avec l’ambition de résoudre, en marge de celles-ci, les problèmes qu’il aborde ? Ou simplement faire sa part comme le colibri du conte, se souvenant que « sauver une vie, c’est sauver le monde » ?
Mettre une souris de plus dans le fromage ?
Devant celui qui s’attache à changer la vie d’un enfant défavorisé, certains hocheront la tête : en transformant un pauvre en (nouveau) riche, qu’aura-t-il fait de mieux que « mettre une souris de plus dans le fromage » ? Voici deux témoignages personnels pour tenter d’y répondre.
En 2005, Passerelles numériques était créée avec l’ambition d’aider une centaine de jeunes par an à s’extraire de la grande pauvreté en œuvrant au développement technologique du Cambodge. Aujourd’hui, dans quatre pays, ses formations ont directement changé des milliers de vies… et indirectement beaucoup plus, comme en témoigne cette ancienne élève récemment croisée à Paris, entrepreneuse dont la société de services prospère à l’international, qui est influenceuse et engagée dans la création ou le soutien de programmes qui forment à la technologie des milliers de jeunes, particulièrement de femmes.
Ou encore : au cours d’une promenade dominicale sur les rives du Mékong, accompagné de quelques pensionnaires de l’ONG Pour un sourire d’enfant – qui, très jeunes, avaient appris à survivre en travaillant jour et nuit comme chiffonniers sur la décharge de Phnom Penh –, je me posais face à de jeunes mendiants les habituelles questions : faut-il donner ? Cela aide-t-il leur famille ou encourage-t-il leur exploitation ? Les enfants qui m’accompagnaient ont coupé court à ces réflexions en donnant sans hésiter leur argent de poche de la semaine, avec cette seule explication : « Nous, on sait ce que c’est que d’être pauvre… »
![L’examen de sélection pour la formation de Passerelles numériques, Cambodge (2008).](https://www.lajauneetlarouge.com/wp-content/uploads/2025/01/Svai_Rieng_by_Sylvain-1024x569.jpg)
Pour se donner bonne conscience
Au début des années 90, de passage en France entre deux années de mission, je m’entendais nommer par un éminent cadre de l’École « la bonne conscience de l’École polytechnique ». Fallait-il se sentir flatté ou consterné ? La conscience, dans une institution qui forme – à l’époque – 330 personnes par an, c’est une question importante. Outre qu’une « bonne conscience » n’est pas forcément une chose désirable, l’engagement personnel d’un ancien ne constitue pas plus une réponse qu’il n’évacue la question. Certes, l’État a dépensé beaucoup pour nous former. Il attend un retour sur investissement.
La devise de l’École indique un peu dans quelle direction ; les responsables de notre formation humaine précisaient : « Vous êtes les officiers de la guerre économique. » J’avoue avoir toujours été attristé par cette formule. Dominique de Villepin le rappelait récemment, la guerre n’est pas le plus court chemin vers la paix. En psychologie comme en management, il est bien établi maintenant que les individus se déploient et rayonnent mieux, sinon uniquement, quand ils agissent « avec » plutôt que « contre » les autres.
Le rayonnement de la France, c’est pareil. Quand notre pays est exemplaire par les valeurs qu’il porte et met en œuvre, il inspire. Quand il se préoccupe de défendre son rang, son influence, comme naguère en investissant pour propager plus la langue française que la justice dans certains pays… il expire. Et ça n’est pas un, voire plusieurs polytechniciens engagés dans l’humanitaire qui changeront cela.
Par souci de paix
« Mes amis, vous serez des chefs désastreux pour le monde de demain, et cela en dépit de votre savoir prestigieux, si vous ne connaissez pas les problèmes des immenses pays qui nous entourent, et que nous appelons pays du Sud, ou si vous vous désintéressez d’eux. » Ce message, malheureusement peu présent à l’époque dans notre formation, c’est celui que le jésuite Pierre Ceyrac adressait aux étudiants de nos universités et grandes écoles.
Il s’en expliquait ainsi : « Pour survivre aujourd’hui, tout pays a besoin des autres. Nous ne pouvons plus accepter les injustices du monde d’aujourd’hui, ce que le philosophe Emmanuel Mounier appelait le “désordre établi” – un monde dans lequel quelques pays privilégiés ont tout et les autres presque rien. Une grande colère monte chez les peuples pauvres et certaines personnes se demandent aujourd’hui si nous arriverons à la fin de ce IIIe millénaire. » Écrivant aujourd’hui, aurait-il évoqué la fin du siècle ?
![Les premiers étudiants du Foyer Mékong Espoir à Phnom Penh (1995).](https://www.lajauneetlarouge.com/wp-content/uploads/2025/01/1729525538761-1024x576.jpg)
Par souci de justice
Qu’est-ce que la justice ? Sur cette question, je trouve éclairante la pensée de Simone Weil, avec en premier lieu la distinction nécessaire entre la justice et le droit. La notion de droit « est liée à celle de partage, d’échange, de quantité. […] Le droit ne se soutient que sur un ton de revendication. Et quand ce ton est adopté, c’est que la force n’est pas loin, derrière lui. » De manière très différente, « la justice consiste à veiller à ce qu’il ne soit pas fait de mal aux hommes ».
Qui alors est garant de la justice ? Malheureusement, les multiples déclinaisons contemporaines des droits de l’homme ne donnent pas la réponse, comme le pointe encore Simone Weil : « L’accomplissement effectif d’un droit provient non pas de celui qui le possède, mais des autres hommes qui se reconnaissent obligés à quelque chose envers lui. » La solidarité est peut-être de l’ordre de ces choses indispensables à l’effectivité des droits : une obligation, qui du moins oblige ceux qui la reconnaissent.
Quelle solidarité ?
D’après le Larousse, la notion de solidarité implique une communauté d’intérêts qui lie les membres d’un groupe, de facto ou par le sentiment d’un devoir moral. Les membres d’une équipe face à une compétition sportive, les titulaires d’un compte joint face à leur banque, sont solidaires. Chacun est responsable de l’impact de ses actions pour le groupe, sans contestation possible. Là en revanche où entre en jeu le sentiment d’un devoir moral, quelle que soit l’identité de situation ou d’intérêts, chacun n’est solidaire que s’il se sent solidaire.
Nous voici sur une pente savonneuse menant à la grande question de l’universalité du bien et du mal, fondement de la morale. Cette question conditionne la pertinence d’imposer des choix collectifs – comme le fait l’État lorsqu’il met en place un impôt de solidarité – ou de laisser chacun estimer en conscience où le porte, s’il l’éprouve, le sentiment de solidarité. Ce n’est que dans cette deuxième perspective qu’existe l’engagement de notre liberté.
La solidarité, envers qui ?
Toutes les définitions spécifient que la solidarité s’applique entre personnes liées par une communauté d’intérêts ou de situation. Wikipédia insiste : « Il n’y a pas de solidarité en dehors d’un groupe fermé. » Ainsi la question « de qui suis-je solidaire ? » revient à la question : à quel groupe suis-je lié par une communauté d’intérêts ? Si l’histoire de l’univers est, comme la voit Pierre Teilhard de Chardin, celle d’une montée de la complexité et de la conscience à travers la matière, c’est dans la naissance d’une conscience collective qu’elle semble se jouer aujourd’hui.
Avec cette conscience croît l’étendue de nos groupes solidaires, qui atteignent une dimension universelle. Cela n’est-il pas le sens de l’histoire, même si les aléas d’un temps peuvent cristalliser les difficultés d’un temps en replis identitaires ? Nous traversons un de ces « aléas de l’histoire ». Les valeurs que nous nous sommes données impliquent une solidarité universelle. Mais cette implication fait peur. Pouvons-nous aider les millions de personnes menacées de déracinement par le changement climatique ? Pouvons-nous promouvoir la justice sans remettre en question le confort et la sécurité qui, peut-être, ont permis l’éclosion de ces valeurs ?
Plus loin que la solidarité ?
On est en droit de trouver triste cette notion d’une solidarité qui se réduit à une obligation, fût-elle morale, et s’exerce si souvent au profit d’un groupe et au détriment des autres – particulièrement dans une société ultra-individualiste qui tend à confondre liberté et indépendance. On peut rêver d’une alternative ; et en trouver une dans la Déclaration universelle des droits de l’homme – article premier : « Tous les êtres humains […] doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
Fraternité : voilà un beau mot ! Savons-nous suffisamment nous réjouir de l’avoir inscrit sur nos frontons ? Il est vrai que ce mot-là peut paraître un peu encombrant à ceux qui doivent légiférer et réglementer : autant on peut donner une consistance juridique à la liberté, définir où elle commence et où elle s’arrête – à l’exclusion évidemment de la liberté intérieure –, autant on peut mesurer et infléchir toutes sortes de variables pour tenter d’assurer l’égalité, autant la fraternité procède exclusivement d’un ordre supérieur qui échappe à toute mesure et à toute réglementation. C’est ce qui peut-être irrite les uns – et en réjouit d’autres, ceux qui sentent qu’aucune réglementation ne peut circonscrire ce qu’il y a de plus humain en eux.
Fraternité : le mot est clair, étymologiquement indiscutable ; il engage à considérer tous les membres de la famille humaine comme frères et sœurs. Puisse-t-il rester en tête de nos valeurs, indispensable à l’exercice de notre droit le plus fondamental, comme aimait encore le rappeler Pierre Ceyrac : le droit d’être un homme.
Ce que ça coûte
Persévérance
Ce n’est pas parce qu’une cause est juste que les portes s’ouvrent. D’autant que la justesse s’évalue différemment selon les valeurs et les intérêts de chacun. Au début des années 90, dans un pays où les communistes – après avoir changé de drapeau mais pas de vision ni de méthodes – avaient perdu les élections mais conservé le pouvoir, on pouvait avoir la naïveté de penser que la création d’un foyer pour étudiants boursiers soutiendrait la justice autant que la reconstruction du pays. L’État, qui y voyait surtout – et pas tout à fait à tort – le risque que des jeunes ne se mettent à penser librement, s’est opposé au projet durant deux années, jusqu’à l’intervention d’une personnalité politique et morale majeure.
Ténacité
C’est dans l’expérience que les valeurs prennent corps, et cela peut être éprouvant. Opposé à la corruption systémique qui creuse au-delà de toute mesure les inégalités sociales, transformant tout l’appareil d’État en une organisation mafieuse, on peut refuser par principe de donner aucun dessous-de-table. Cela a un prix : pour simplement régulariser un titre de propriété en préalable à la demande d’un permis de construire, il m’a fallu soixante démarches auprès de fonctionnaires menaçants, moqueurs ou simplement absents. Plus tard, d’anciens élèves ont à mon insu « fluidifié » la signature d’un protocole d’accord avec le gouvernement, déplorant que je n’aie toujours pas compris comment fonctionnait le pays !
Créativité
Que faire si l’agence nationale d’électricité refuse d’augmenter la puissance de la ligne alimentant la villa dans laquelle vous venez d’installer une salle informatique, au motif que la réglementation limite la puissance délivrée à l’adresse d’un particulier ? L’enjeu était important pour un centre de formation qui se distinguait des universités environnantes par la possibilité d’un apprentissage pratique ! Solution locale : après avoir fait le tour de la rue pour vérifier qu’il n’était pas déjà pris, nous avons apposé un nouveau numéro sur notre portail : munis d’une deuxième adresse, nous avons eu droit à une deuxième ligne.
Humilité
Deux ans plus tard, nous avions construit et nous nous apprêtions à inaugurer un magnifique centre de formation en présence de représentants du gouvernement local et du nôtre. Pour nous autoriser à ouvrir le mur séparant le centre de la rue principale, le promoteur qui avait urbanisé le quartier et restait propriétaire du mur exigeait vingt mille dollars : une fortune au regard de notre budget. Par des moyens improbables, impliquant une personne plus puissante encore, il a été forcé de céder. Nous n’avons pas pour autant échappé aux insultes et aux menaces relayées par ses « gardes du corps ».
Ce qu’on peut y perdre
Des perspectives de carrière
Il y a trente ans, une année sabbatique était un risque. Aujourd’hui, le passage dans une voie de traverse est considéré par de plus en plus d’entreprises comme gage d’ouverture et promesse de compétences élargies. Cependant dix ou vingt ans passés dans des voies de traverse ajoutent de nouveaux risques à celui de voir son CV rejeté par les IA des recruteurs : l’addiction à la recherche de sens et d’alignement avec ses valeurs, qui entraîne des exigences incompatibles avec beaucoup de cultures d’entreprise.
La santé
Dans la solidarité, on s’expose. Il est difficile de travailler pour et avec les populations les plus précaires, sans partager un peu leur précarité. Fatigue physique, fatigue psychique s’accumulent et finissent par se manifester vigoureusement dans une variété de pathologies. Quand celles-ci ne sont pas reconnues ou ne sont qu’approximativement prises en charge, on en ressort plus fragile.
La tranquilité
De la tête au cœur le chemin peut être long. Même à notre époque où les voyages sont si faciles – sous réserve de savoir gérer son écoanxiété, même si l’état du monde nous est bien connu, nous pouvons très bien vivre dans une conscience superficielle de notre statut extrêmement privilégié et de la dissonance de celui-ci avec les valeurs humaines que nous revendiquons le plus souvent. De la tête au cœur, le chemin peut être long. Mais avoir passé ne serait-ce que quelques mois avec ceux qui n’ont presque rien, avoir osé tourner son attention vers eux, rend cette indifférence beaucoup plus difficile. La vie se charge du poids de tout ce que je fais, ou ne fais pas, pour ceux qui souffrent.
Ce qu’on peut y gagner
Des blessures
Évoquant plus haut la santé, j’ai omis une affection spécifiquement liée à l’engagement humain : celle qui vous attache définitivement par le cœur au destin d’une personne, d’une communauté, d’un peuple, quand ce destin a quelque chose de tragique. Tous ceux qui ont partagé les peurs et les espoirs des réfugiés khmers sur la frontière thaïe dans les années 80 et 90 se reconnaissent dans cette expression de Pierre Ceyrac : « les blessés de la frontière ». Pourquoi mettre ces blessures à l’actif du bilan ? Parce que, au prix de notre tranquillité, elles nous préservent de revenir à la « vie d’avant » en oubliant notre humanité.
La joie
Être pleinement engagé au service de ceux qui en ont besoin procure de la joie. La joie, c’est ce qu’on éprouve devant la grande beauté d’une symphonie ou d’un paysage. C’est aussi ce qu’on éprouve au contact de tout être humain, lorsqu’on le rencontre suffisamment en profondeur. Et, dans les conditions d’un dénuement quasi total, il est plus facile voire naturel que la rencontre se fasse en profondeur. On découvre alors l’immense richesse humaine que cache si bien notre monde artificiel, qui n’a de cesse de nous renfermer sur nous-mêmes.
Une espérance
Une confiance indéfectible en une renaissance et un avenir. Des témoins des événements tragiques du siècle dernier l’ont rapporté : au cœur du malheur le plus sombre, en dépit de toute apparence, se révèle chez certains une confiance indéfectible en une renaissance et un avenir ; espérance qui se joue des chances de survie individuelle, qui semble reposer sur la certitude que l’essentiel ne peut être atteint. Cette espérance se rencontre partout dans le malheur. Elle défie notre culture occidentale matérialiste et hédoniste, témoignant de cet essentiel qui peut être un peuple, l’humanité ou parfois simplement la dignité de celle ou de celui qui n’a pas abdiqué sa liberté intérieure.
En fin de compte
Changer le monde ? « Les gens devraient moins penser à ce qu’ils font, mais davantage à ce qu’ils sont », dit Maître Eckhart. Conseil de chrétien, sur lequel on pourrait ironiser : dans toute sa vie le Christ lui-même n’a pas fait grand-chose ! Mais attitude partagée aussi par des non-chrétiens, connus et reconnus pour leurs engagements, comme Gandhi qui affirmait : « Il est plus important d’aimer que de faire. » À bien observer ceux qui ont marqué le monde, on s’étonne de voir combien leur impact n’a pas été lié d’abord à la qualité d’un business plan. À quoi donc alors ? Je tente une réponse : à la profondeur de leurs racines. Des racines si ancrées dans notre humanité commune, qu’elles puisent au plus profond de ce qui à la fois nous rassemble et nous dépasse.
“Écouter, partager, essayer de comprendre, essayer d’aimer.”
Pierre Ceyrac
Dans ce champ « au-delà du bien et du mal », chanté par le poète Rûmî, où la fraternité est si lumineuse qu’elle inspire et permet des miracles. À celui qui agit à partir de ce lieu, les portes s’ouvrent. Et pour lui, sans doute, aucun résultat ne sera jamais suffisant. À la fin de sa vie Pierre Ceyrac, qui avait sauvé ou transformé des dizaines de milliers de vies, se reprochait comme saint Vincent de Paul de ne pas en avoir fait « davantage ». Il n’était pourtant pas parti avec un projet pour changer le monde, mais avec ce très humble vœu : « Écouter, partager, essayer de comprendre, essayer d’aimer. »