L’architecte qui façonne le monde de demain

Dossier : Vie des entreprises - Souveraineté industrielleMagazine N°799 Novembre 2024
Par Nicolas PORTALEZ
Par Isabelle DROUVILLÉ
Par Idriss A. SALLA
Par Maya BRAHIMI

Sfil, la banque publique de déve­lop­pe­ment, concré­tise les besoins de trans­for­ma­tion de notre monde dans un mode coopé­ra­tif pour le rendre meilleur et durable. En conju­guant une infra­struc­ture ban­caire et des savoir-faire uniques, elle per­met de mobi­li­ser l’épargne inter­na­tio­nale pour finan­cer le déve­lop­pe­ment des col­lec­ti­vi­tés fran­çaises et des expor­ta­tions. Entre­tien à quatre voix.

Quelles sont les spécificités d’une banque publique de développement telle que Sfil ?

Nico­las Por­ta­lez, direc­teur adjoint Cré­dit Export – Filiale stra­té­gique du groupe Caisse des Dépôts, Sfil est la banque publique de déve­lop­pe­ment. Elle conduit deux grandes mis­sions de poli­tique publique : four­nir des finan­ce­ments à long terme au sec­teur public local, c’est-à-dire aux col­lec­ti­vi­tés locales et aux hôpi­taux publics, et appor­ter des finan­ce­ments longs en sup­port aux grands contrats d’exportation.

En quoi la banque Sfil est-elle un acteur financier clé dans la transition vers une économie plus durable ?

Isa­belle Drou­villé, res­pon­sable études RSE et chan­tiers Middle Office – Le mon­tant esti­mé des besoins d’investissements sup­plé­men­taires pour espé­rer atteindre les objec­tifs fran­çais de décar­bo­na­tion en 2030 est de 66 mil­liards d’euros par an. Par­mi les acteurs de 1er plan : Sfil, qui doit res­pec­ter le couple risque-ren­de­ment dans ses déci­sions de finan­ce­ment d’une part et contri­buer à l’effort natio­nal pour une éco­no­mie décar­bo­née d’autre part. Notre rai­son d’être est donc de finan­cer un ave­nir durable en sou­te­nant le déve­lop­pe­ment des ter­ri­toires et l’activité inter­na­tio­nale des grandes entre­prises françaises.

“Sfil, banque publique de développement, finance la transition écologique des territoires et soutient les exportations françaises, tout en maîtrisant les risques climatiques et économiques.”

Depuis 2013, Sfil a accor­dé plus de 50 mil­liards d’euros de prêts au sec­teur public local, illus­trant concrè­te­ment son rôle d’intermédiaire entre les mar­chés finan­ciers et les acteurs publics locaux. Sfil pro­pose éga­le­ment des prêts thé­ma­tiques pour aider les col­lec­ti­vi­tés locales à rele­ver le défi de la tran­si­tion éco­lo­gique et à ren­for­cer la cohé­sion sociale. Les prêts verts et sociaux lan­cés en 2019 et 2022 occupent aujourd’hui une place crois­sante dans notre por­te­feuille. En 2023, ces prêts thé­ma­tiques et les prêts san­té, finan­cés par des émis­sions sociales, ont repré­sen­té 43 % de la production.

Sfil est aussi une banque en pointe sur la modélisation du risque crédit. Qu’en est-il ? 

Idriss A. Sal­la, res­pon­sable de la modé­li­sa­tion quan­ti­ta­tive – Sur ce thème, Sfil est en effet une banque lea­der. Nous tra­vaillons sur une plu­ra­li­té de modèles : des modèles avan­cés de pro­ba­bi­li­té de défaut uti­li­sés pour la nota­tion des clients de Sfil, de perte en cas de défaut, de pro­vi­sion­ne­ment en norme IFRS 9, de stress tests… Par essence, les col­lec­ti­vi­tés locales enre­gistrent très peu de défauts et sont, en outre, sou­mises à toutes les normes de ges­tion du risque de cré­dit. Pour appré­hen­der cette com­plexi­té spé­ci­fique aux por­te­feuilles à très faible nombre de défauts, nous déve­lop­pons des modèles mathé­ma­tiques com­plexes. Cette exper­tise en modé­li­sa­tion avan­cée per­met de répondre aux exi­gences de notre super­vi­seur en la matière, la BCE. Depuis quelques années, nous tra­vaillons aus­si sur des modèles com­plexes pour éva­luer les risques cli­ma­tiques et envi­ron­ne­men­taux (volet “risques phy­siques aigus”).

Justement, comment Sfil évalue-t-elle les risques climatiques et environnementaux auxquels sont exposées les collectivités locales ? 

Maya Bra­hi­mi, res­pon­sable risques cli­ma­tiques et ESG – Pour les risques cli­ma­tiques et envi­ron­ne­men­taux, les banques sont sou­mises à la direc­tive euro­péenne CSRD (Cor­po­rate Sus­tai­na­bi­li­ty Repor­ting Direc­tive). Celle-ci exige des entre­prises de grande taille, et de cer­taines PME, qu’elles rap­portent non seule­ment sur les impacts finan­ciers des risques envi­ron­ne­men­taux et sociaux (maté­ria­li­té finan­cière), mais aus­si sur leurs impacts sur l’environnement et la socié­té (maté­ria­li­té d’impact). Dans l’analyse de cette double maté­ria­li­té, Sfil traite prin­ci­pa­le­ment les enjeux dits “Out­side In”, à savoir l’impact des fac­teurs envi­ron­ne­men­taux sur les col­lec­ti­vi­tés. À terme, l’objectif est d’intégrer pro­gres­si­ve­ment les 2 angles de matérialité.

En 2023, nous avons déve­lop­pé une métho­do­lo­gie de nota­tion unique pour éva­luer l’impact des risques cli­ma­tiques et envi­ron­ne­men­taux sur le por­te­feuille de col­lec­ti­vi­tés (com­munes, grou­pe­ments à fis­ca­li­té propre, syn­di­cats, dépar­te­ments et régions). Nous col­lec­tons des don­nées en masse, sans sol­li­ci­ter le client ; nous avons une vision gra­nu­laire cou­vrant l’ensemble des col­lec­ti­vi­tés fran­çaises, y com­pris celles qui ne sont pas des clientes de Sfil, et toutes les typo­lo­gies de risques cli­ma­tiques signi­fi­ca­tifs et maté­riels. Ain­si, 20 risques sont éva­lués par­mi les 3 grandes familles de risques : tran­si­tion, phy­siques, envi­ron­ne­men­taux. Cette démarche pré­sente une oppor­tu­ni­té d’accompagnement qui peut prendre la forme de finan­ce­ments d’investissements liés à la tran­si­tion éco­lo­gique et éner­gé­tique, ou d’adaptation au chan­ge­ment climatique.

Comment se matérialise le dialogue avec vos parties prenantes du secteur public local ?

Isa­belle Drou­villé – Pilier de notre démarche RSE, le dia­logue avec nos par­ties pre­nantes est essen­tiel et nous per­met de nous assu­rer de l’adéquation entre, d’une part notre modèle d’affaires et nos finan­ce­ments et, d’autre part leurs attentes et besoins. Pour cela, nous échan­geons régu­liè­re­ment avec nos clients afin de mieux les accom­pa­gner dans les défis aux­quels ils font face, que ce soit pour s’adapter aux effets du chan­ge­ment cli­ma­tique ou pour assu­rer leurs mis­sions publiques. À titre d’exemple, nous avons réa­li­sé une étude afin de recueillir les attentes des Fran­çais vis-à-vis des élus sur la tran­si­tion éco­lo­gique. En tant que 1er finan­ceur des col­lec­ti­vi­tés locales, Sfil les aide dans leur prise de déci­sion et a par­rai­né plu­sieurs études en par­te­na­riat avec I4CE, l’Institut de l’Économie pour le Cli­mat, sur le finan­ce­ment des inves­tis­se­ments climat.

Sfil est le 1er financeur des grands contrats de crédits export. Comment s’exerce cette mission ?

Nico­las Por­ta­lez – En effet, Sfil est le 1er appor­teur de liqui­di­té sur le mar­ché du cré­dit export fran­çais cou­vert par Bpi­france Assu­rance Export. Avec un action­na­riat 100 % public, notre coût de finan­ce­ment est proche de celui de l’État fran­çais. Cette carac­té­ris­tique nous confère une capa­ci­té de “fun­ding” dif­fé­ren­ciante. Le dis­po­si­tif Sfil à l’export relève d’une mis­sion publique des­ti­née à remé­dier aux carences de mar­ché consta­tées sur cer­tains sec­teurs, ou sur des durées de finan­ce­ment par­ti­cu­liè­re­ment exi­geantes. Sfil n’intervient pas en tant que prê­teur direct, mais en tant que finan­ceur des banques commerciales.

À titre d’exemple, lorsqu’un emprun­teur étran­ger sou­haite faire l’acquisition d’un tram­way fran­çais, les banques com­mer­ciales qui le sou­haitent peuvent éta­blir leur offre de finan­ce­ment à l’appui des condi­tions qui leur sont offertes par Sfil pour cette tran­sac­tion. Notre dis­po­si­tif per­met­tant la décon­so­li­da­tion dans leur bilan, Sfil devient donc prê­teur à la place des banques com­mer­ciales : ces condi­tions de finan­ce­ment appor­tées par Sfil béné­fi­cient donc bien à l’emprunteur et par exten­sion, à la com­pé­ti­ti­vi­té de l’exportation française.


À propos de Sfil

Banque publique de déve­lop­pe­ment, Sfil est au ser­vice des ter­ri­toires et du déve­lop­pe­ment éco­no­mique de la France. Sa voca­tion est de sou­te­nir les poli­tiques publiques en finan­çant le sec­teur public et en contri­buant à la com­pé­ti­ti­vi­té de la France. En chiffres :

  • 1er finan­ceur des col­lec­ti­vi­tés locales – avec ses par­te­naires, La Banque Pos­tale et La Banque des Territoires
  • 1er émet­teur euro­péen d’obligations sécu­ri­sées du sec­teur public
  • 75,9 mil­liards d’€ de finan­ce­ments longs levés depuis 2013, dont 8,8 mil­liards d’€ d’émissions vertes et sociales
  • Plus de 50 mil­liards d’€ de prêts octroyés depuis 2013
  • 69,6 mil­liards d’€ de bilan consolidé
  • 1er appor­teur de liqui­di­té pour les grands contrats d’export
  • 17,9 mil­liards d’€ de finan­ce­ments depuis 2016 per­met­tant la conclu­sion de 31,3 mil­liards d’€ de crédits-export

https://sfil.fr/

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