L’architecte qui façonne le monde de demain
Sfil, la banque publique de développement, concrétise les besoins de transformation de notre monde dans un mode coopératif pour le rendre meilleur et durable. En conjuguant une infrastructure bancaire et des savoir-faire uniques, elle permet de mobiliser l’épargne internationale pour financer le développement des collectivités françaises et des exportations. Entretien à quatre voix.
Quelles sont les spécificités d’une banque publique de développement telle que Sfil ?
Nicolas Portalez, directeur adjoint Crédit Export – Filiale stratégique du groupe Caisse des Dépôts, Sfil est la banque publique de développement. Elle conduit deux grandes missions de politique publique : fournir des financements à long terme au secteur public local, c’est-à-dire aux collectivités locales et aux hôpitaux publics, et apporter des financements longs en support aux grands contrats d’exportation.
En quoi la banque Sfil est-elle un acteur financier clé dans la transition vers une économie plus durable ?
Isabelle Drouvillé, responsable études RSE et chantiers Middle Office – Le montant estimé des besoins d’investissements supplémentaires pour espérer atteindre les objectifs français de décarbonation en 2030 est de 66 milliards d’euros par an. Parmi les acteurs de 1er plan : Sfil, qui doit respecter le couple risque-rendement dans ses décisions de financement d’une part et contribuer à l’effort national pour une économie décarbonée d’autre part. Notre raison d’être est donc de financer un avenir durable en soutenant le développement des territoires et l’activité internationale des grandes entreprises françaises.
“Sfil, banque publique de développement, finance la transition écologique des territoires et soutient les exportations françaises, tout en maîtrisant les risques climatiques et économiques.”
Depuis 2013, Sfil a accordé plus de 50 milliards d’euros de prêts au secteur public local, illustrant concrètement son rôle d’intermédiaire entre les marchés financiers et les acteurs publics locaux. Sfil propose également des prêts thématiques pour aider les collectivités locales à relever le défi de la transition écologique et à renforcer la cohésion sociale. Les prêts verts et sociaux lancés en 2019 et 2022 occupent aujourd’hui une place croissante dans notre portefeuille. En 2023, ces prêts thématiques et les prêts santé, financés par des émissions sociales, ont représenté 43 % de la production.
Sfil est aussi une banque en pointe sur la modélisation du risque crédit. Qu’en est-il ?
Idriss A. Salla, responsable de la modélisation quantitative – Sur ce thème, Sfil est en effet une banque leader. Nous travaillons sur une pluralité de modèles : des modèles avancés de probabilité de défaut utilisés pour la notation des clients de Sfil, de perte en cas de défaut, de provisionnement en norme IFRS 9, de stress tests… Par essence, les collectivités locales enregistrent très peu de défauts et sont, en outre, soumises à toutes les normes de gestion du risque de crédit. Pour appréhender cette complexité spécifique aux portefeuilles à très faible nombre de défauts, nous développons des modèles mathématiques complexes. Cette expertise en modélisation avancée permet de répondre aux exigences de notre superviseur en la matière, la BCE. Depuis quelques années, nous travaillons aussi sur des modèles complexes pour évaluer les risques climatiques et environnementaux (volet “risques physiques aigus”).
Justement, comment Sfil évalue-t-elle les risques climatiques et environnementaux auxquels sont exposées les collectivités locales ?
Maya Brahimi, responsable risques climatiques et ESG – Pour les risques climatiques et environnementaux, les banques sont soumises à la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Celle-ci exige des entreprises de grande taille, et de certaines PME, qu’elles rapportent non seulement sur les impacts financiers des risques environnementaux et sociaux (matérialité financière), mais aussi sur leurs impacts sur l’environnement et la société (matérialité d’impact). Dans l’analyse de cette double matérialité, Sfil traite principalement les enjeux dits “Outside In”, à savoir l’impact des facteurs environnementaux sur les collectivités. À terme, l’objectif est d’intégrer progressivement les 2 angles de matérialité.
En 2023, nous avons développé une méthodologie de notation unique pour évaluer l’impact des risques climatiques et environnementaux sur le portefeuille de collectivités (communes, groupements à fiscalité propre, syndicats, départements et régions). Nous collectons des données en masse, sans solliciter le client ; nous avons une vision granulaire couvrant l’ensemble des collectivités françaises, y compris celles qui ne sont pas des clientes de Sfil, et toutes les typologies de risques climatiques significatifs et matériels. Ainsi, 20 risques sont évalués parmi les 3 grandes familles de risques : transition, physiques, environnementaux. Cette démarche présente une opportunité d’accompagnement qui peut prendre la forme de financements d’investissements liés à la transition écologique et énergétique, ou d’adaptation au changement climatique.
Comment se matérialise le dialogue avec vos parties prenantes du secteur public local ?
Isabelle Drouvillé – Pilier de notre démarche RSE, le dialogue avec nos parties prenantes est essentiel et nous permet de nous assurer de l’adéquation entre, d’une part notre modèle d’affaires et nos financements et, d’autre part leurs attentes et besoins. Pour cela, nous échangeons régulièrement avec nos clients afin de mieux les accompagner dans les défis auxquels ils font face, que ce soit pour s’adapter aux effets du changement climatique ou pour assurer leurs missions publiques. À titre d’exemple, nous avons réalisé une étude afin de recueillir les attentes des Français vis-à-vis des élus sur la transition écologique. En tant que 1er financeur des collectivités locales, Sfil les aide dans leur prise de décision et a parrainé plusieurs études en partenariat avec I4CE, l’Institut de l’Économie pour le Climat, sur le financement des investissements climat.
Sfil est le 1er financeur des grands contrats de crédits export. Comment s’exerce cette mission ?
Nicolas Portalez – En effet, Sfil est le 1er apporteur de liquidité sur le marché du crédit export français couvert par Bpifrance Assurance Export. Avec un actionnariat 100 % public, notre coût de financement est proche de celui de l’État français. Cette caractéristique nous confère une capacité de “funding” différenciante. Le dispositif Sfil à l’export relève d’une mission publique destinée à remédier aux carences de marché constatées sur certains secteurs, ou sur des durées de financement particulièrement exigeantes. Sfil n’intervient pas en tant que prêteur direct, mais en tant que financeur des banques commerciales.
À titre d’exemple, lorsqu’un emprunteur étranger souhaite faire l’acquisition d’un tramway français, les banques commerciales qui le souhaitent peuvent établir leur offre de financement à l’appui des conditions qui leur sont offertes par Sfil pour cette transaction. Notre dispositif permettant la déconsolidation dans leur bilan, Sfil devient donc prêteur à la place des banques commerciales : ces conditions de financement apportées par Sfil bénéficient donc bien à l’emprunteur et par extension, à la compétitivité de l’exportation française.
À propos de Sfil
Banque publique de développement, Sfil est au service des territoires et du développement économique de la France. Sa vocation est de soutenir les politiques publiques en finançant le secteur public et en contribuant à la compétitivité de la France. En chiffres :
- 1er financeur des collectivités locales – avec ses partenaires, La Banque Postale et La Banque des Territoires
- 1er émetteur européen d’obligations sécurisées du secteur public
- 75,9 milliards d’€ de financements longs levés depuis 2013, dont 8,8 milliards d’€ d’émissions vertes et sociales
- Plus de 50 milliards d’€ de prêts octroyés depuis 2013
- 69,6 milliards d’€ de bilan consolidé
- 1er apporteur de liquidité pour les grands contrats d’export
- 17,9 milliards d’€ de financements depuis 2016 permettant la conclusion de 31,3 milliards d’€ de crédits-export