Simplifier et accélérer l’électrification des flottes, pour une mobilité plus durable !
Rencontre avec Inès Multrier (X18), co-CTO et cofondatrice, et Alfred Richard (X18), CEO et cofondateur de Nelson Mobility. Ils nous présentent leur start-up qui s’est donnée la mission d’accélérer la décarbonation de mobilité des entreprises. Ils développent une nouvelle plateforme de gestion de mobilité et se concentrent aujourd’hui sur les enjeux d’électrification.
Pour accompagner les entreprises dans l’électrification et la décarbonation de leur flotte, Nelson mise sur la data-science et un positionnement logiciel. Comment est née l’idée de votre start-up ?
Alfred Richard : Nelson est d’abord le fruit de la rencontre de ces 4 cofondateurs d’abord à l’X pour trois d’entre nous (issus de la promo X18) puis au sein d’X‑HEC Entrepreneurs. Au cœur de ce projet, on retrouve aussi la volonté commune de combiner l’énergie et la data pour les mettre au service de la transition énergétique. Durant 3 mois à Berkeley, aux États-Unis, nous avons exploré plusieurs pistes et échangé avec des entrepreneurs, des industriels, des experts, ainsi que des conducteurs de véhicules électriques et des gestionnaires de parc. 300 interviews plus tard, nous avons fait le constat que concrètement les grandes entreprises ont besoin d’être guidées dans leur transition de l’essence vers l’électricité. Ce constat est, par ailleurs, ancré dans une réalité réglementaire – l’obligation de passer à l’électrique - à laquelle s’ajoute la nécessité de s’inscrire dans une démarche ESG afin d’être en cohérence avec les attentes des investisseurs, des comités de direction et même de leurs consommateurs finaux. Ce passage à l’électrique impose de nombreuses contraintes, notamment pour les grandes flottes. Il est clé d’éviter une explosion des coûts et de garantir la bonne continuité de l’activité opérationnelle. En parallèle, les coûts de recharge varient significativement, alors qu’il faut aussi sécuriser toute l’infrastructure connexe (bornes de recharge sur site et à domicile…). Il est nécessaire d’électrifier par ordre de priorité les collaborateurs.
Nous avons donc pris la décision de positionner Nelson en amont de la chaîne de valeur pour accompagner les entreprises dans cette démarche vers une mobilité électrique. La vraie différence réside dans le fait que nous ne sommes si des consultants ni des gestionnaires de flotte.
Aujourd’hui, Nelson, c’est une équipe d’une dizaine de personnes, une levée de fonds de plus d’un million d’euros et un chiffre d’affaires de 130 000 euros après un an d’existence. Les clients sont essentiellement des grands comptes avec plus 500 véhicules en parc et une activité itinérante importante.
Vous aidez donc les entreprises à définir et opérer la meilleure stratégie d’électrification. Quelle est la méthodologie que vous appliquez ?
Inès Multrier : Les entreprises sont face à deux enjeux : définir une stratégie d’électrification (planifier) et la décliner sur le terrain (déployer). Pour ce faire, notre force réside dans notre capacité à agréger, standardiser et valoriser la donnée relative à la mobilité de l’entreprise, qui jusque-là était inexploitée. Il s’agit de données sur les déplacements, les cartes carburants, les emplois du temps d’intervention, les données télématiques…, que nous croisons avec les données de l’écosystème : cartographie des points de charge, déploiement de bornes sur site ou à domicile, tarification de l’énergie, autonomie réelle des véhicules.
Parce que les entreprises doivent s’approprier les nouveaux codes de cette mobilité (prix de la recharge, déploiement de bornes…), cette transition s’inscrit dans le temps long. Nelson met à jour ses scénarios et fait évoluer son logiciel, avec l’écosystème. D’ailleurs, la gestion d’une flotte n’est pas figée. Elle évolue au fil des besoins (renouvellement des contrats, nombre de collaborateurs à équiper, de véhicules à acheter…).
À partir des résultats que nous mettons à jour régulièrement, nous sommes en mesure d’accompagner les gestionnaires de flottes dans leurs décisions opérationnelles. Ces décisions « hyper progressives », qui doivent néanmoins être « hyper précises » nécessitent une prise de recul. Pour accompagner ce changement progressif, nous mettons ainsi à la disposition de nos clients une plateforme didactique, centrale dans l’offre de Nelson.
Alors que le verdissement des flottes est un enjeu stratégique pour les entreprises, en quoi votre approche et votre offre sont-elles différenciantes ?
A.R : Fort de son positionnement de « pure player » en matière d’électrification des flottes, Nelson innove sur le marché de la mobilité en mettant à disposition des entreprises une solution logicielle neutre et indépendante basée sur le croisement de données multiples et transverses. En capitalisant sur la puissance de la data et de l’IA auxquelles notre plateforme est adossée, nous partons de la problématique de l’électrification des flottes d’entreprise pour, in fine, proposer une plateforme dédiée à la gestion d’une mobilité en constante évolution.
Pouvez-vous partager avec nous des cas d’usages ? Quel est le parcours des gestionnaires de flotte sur votre plateforme ?
I.M : Nous comptons parmi nos clients des entreprises comme KONE, EDF ENR ou Circet qui ont de forts enjeux opérationnels directement reliés à leur mobilité. À partir des données qui nous sont transmises, nous allons pouvoir personnaliser l’interface de notre plateforme afin qu’un gestionnaire de flotte puisse avoir un aperçu exhaustif de tous les indicateurs clés relatifs à sa flotte : des indicateurs financiers, opérationnels (répartition géographique des trajets…), sur les émissions de CO2… Ce dernier indique ses contraintes et ses objectifs afin de pouvoir configurer différents scénarios d’électrification. Autonomie et stratégies de recharge varient et sont clés pour identifier les bonnes cibles aujourd’hui et demain.
Nous sommes en mesure de construire un score d’électro-compatibilité à l’échelle de n’importe quel conducteur de n’importe quelle flotte, ce score se met à jour en même temps que l’écosystème évolue.
Quels sont les freins auxquels vous êtes confrontés ?
A.R : Il y a une méconnaissance du monde de la mobilité électrique. Cela peut créer des biais cognitifs et des craintes, notamment en ce qui concerne la capacité des collaborateurs à s’adapter ou la bonne anticipation des impacts métiers… Les entreprises ne vont pas encore assez vite dans l’électrification de leur flotte. Avec notre approche, nous les aidons à lever ses barrières afin qu’elles ne subissent pas cette transition, mais qu’elles en deviennent plutôt le principal acteur.
Quelles sont vos ambitions et vos prochains défis ?
A.R : Notre ambition est de devenir une référence dans l’électrification des flottes pour construire la légitimité nécessaire pour nous imposer dans les grandes flottes françaises et européennes. Nous envisageons une levée de fonds de 3 à 5 millions d’euros au cours de l’automne 2024. Avec Nelson Mobility, nos clients convertissent leurs véhicules thermiques et pourront mieux piloter leurs véhicules électriques.
Aujourd’hui, nous réfléchissons d’ores et déjà aux nouveaux services et fonctionnalités que nous pourrons proposer à nos clients dans ce cadre. Enfin, alors que la mobilité connaît de profondes mutations, chez Nelson, nous avons la conviction que nous pouvons rendre la mobilité des entreprises plus durable, plus abordable et plus optimisée.