Simplifier et démocratiser l’usage de la biomasse
Forte d’une technologie révolutionnaire brevetée, Européenne de Biomasse apporte une alternative vertueuse aux énergies fossiles. Son PDG, Jean-Baptiste Marin, nous en dit plus dans cet entretien.
Quels sont les constats qui vous ont poussé à créer Européenne de Biomasse ?
La matière première végétale est un formidable atout dans le contexte de la transition énergétique qui est le nôtre aujourd’hui. La biomasse représente un potentiel majeur, capitalisant sur les atouts de la photosynthèse qui capture le carbone atmosphérique.
La connaissance de la biomasse est devenue un des points forts d’Européenne de Biomasse, ainsi que sa capacité à mobiliser un approvisionnement autour des usines existantes et en projet. Chaque usine constituant en soi un véritable écosystème, c’est cette dimension de développement territoriale qui constitue une part majeure du savoir-faire et de l’expertise de notre société.
Depuis la date de la création de l’entreprise en 2004, Européenne de Biomasse a ainsi pu adapter son offre pour apporter à ses clients des services et des produits qui répondent aux défis auxquels le monde est confronté.
Plus particulièrement, Européenne de Biomasse se positionne comme une cleantech. Qu’est-ce que cela implique ?
Européenne de Biomasse, à l’issue de plusieurs années de R&D, a mis au point une technologie permettant le vapocraquage de la biomasse. Cette technologie, protégée par le dépôt de 20 brevets en France et à l’international, permet de rendre accessible les différents constituants de la matière première végétale, principalement la lignine, la cellulose et l’hémicellulose.
Le traitement en continu de la biomasse autorise la production d’une poudre vapocraquée, qui peut ensuite être soit granulée (production de granulés « high tech » HPCI Green Pellet®), soit servir de matière première pour les bio-matériaux, la chimie verte ou encore pour la production de Carburants Aviation Durables (CAD ou SAF en anglais).
Le développement de cette technologie s’est traduit par la mise en place d’une usine de référence, première mondiale, construite sur le site de la bioraffinerie de Pomacle-Bazancourt (Marne) en partenariat avec MERIDIAM et la CDC – Banque des Territoires. Dans ce cadre, Européenne de Biomasse se positionne à la fois comme un bailleur de licence et un développeur de technologie pour permettre la mise en place des usines utilisant sa technologie, pour la production de granulés, ou en amont d’autres briques technologiques pour la production de CAD, par exemple.
Comment mettez-vous vos expertises et vos savoir- faire au service de la décarbonation ?
Sur le site de la bioraffinerie de Pomacle- Bazancourt, Européenne de Biomasse dispose d’une équipe R&D reconnue qui dispose d’un outil unique, en lien avec des partenaires R&D locaux : une installation pilote de vapocraquage qui permet à la fois de tester les évolutions de la technologie, mais aussi de valider les biomasses locales pour chaque nouvelle implantation.
Cette équipe R&D travaille également avec le CEBB, centre européen multidisciplinaire regroupant des chaires de grandes écoles, pour aller plus loin dans l’innovation. Ce travail de fond permet d’imaginer et de mettre en place des améliorations de la technologie, tout en proposant des ruptures destinées à être implantées sur les sites existants ou en projet. Les usines sont ainsi de plus en plus vertueuses, que ce soit au niveau du rendement (l’intégralité de la biomasse entrante est valorisée sur site), de la performance énergétique ou encore de la gestion de l’eau.
Signe de cette efficience, la production issue de l’usine FICAP de Pomacle-Bazancourt est labellisée PEFC pour son approvisionnement (gestion durable de la forêt), mais aussi SBP (Sustainable Biomasse Program), une première pour une entreprise française, ce qui signifie qu’elle intègre la performance environnementale de l’ensemble de la chaîne de valeur.
Votre technologie innovante et révolutionnaire Edb-HPCI® permet de remplacer les énergies fossiles par le HPCI Green Pellet®. Comment fonctionne-t-elle et quelles en sont les principales caractéristiques ?
Le vapocraquage est un procédé thermique, chimique et mécanique qui permet la déstructuration de la matière lignocellulosique par l’action combinée de la vapeur et de la chaleur qui en est issue. Appliqué sur de la biomasse en continu, il favorise l’hydrolyse de la matière et la libération de molécules oxygénées volatiles dans la phase gazeuse, et le cisaillement en sortie de traitement résultant de la décompression explosive, qui vaporise l’eau contenue au cœur du végétal. Il engendre une expansion de la vapeur au sein du matériau, qui éclate la structure des fibres lignocellulosiques. Cela s’accompagne de la migration de la lignine, polymère insoluble et hydrophobe, vers la surface de la biomasse, participant à la résistance à l’eau et à la forte cohésion du granulé. Cela permet de valoriser toute ressource lignocellulosique (bois rond, plaquettes forestières, bois malades, connexes de scierie, déchets de bois, quelle que soit l’essence forestière, et peut aussi intégrer des biomasses lignocellulosiques agricoles).
Quand il est produit sous forme de granulés « high tech » HPCI Green Pellet®, ce granulé dispose de caractéristiques avancées : plus forte densité énergétique, simplicité de la logistique (granulés avec une durabilité supérieure minorant l’émission de Fines particules et donc les pertes produits, mais aussi augmentant la sécurité d’emploi du produit : moins de risque ATEX et de risque sanitaire pour les personnes), stabilité dans le temps de la biomasse (résistance à la pluie, à l’humidité, pas de fermentation avec émission de CO2…).
De façon résumée, ce granulé d’un haut niveau de standard simplifie l’usage de la biomasse pour tous les usages. Sous sa forme de poudre, le HPCI Greenfuel® dérisque la chimie verte et la production de CAD en facilitant l’accès aux différents constituants du végétal, en minorant certains polluants naturellement présents dans la matrice végétale et en profitant d’un haut niveau de standardisation quelle que soit l’origine de la biomasse transformée.
Revenons à votre première usine mondiale FICAP. Comment vous projetez-vous sur le marché ?
FICAP est une première réponse aux enjeux de la transition écologique. C’est une première mondiale qui représente une démonstration du savoir-faire d’Européenne de Biomasse. Après un closing réalisé en juin 2018 dans le cadre d’un partenariat avec MERIDIAM et la CDC – Banque des Territoires, ce site représente un investissement de l’ordre de 110 M€ et une création de plus de 50 emplois directs, auxquels d’ajoutent environ 300 emplois indirects (filière forestière, logistique, maintenance).
Cette usine préfigure les sites sur lesquels nous travaillons actuellement pour disposer d’une filière stabilisée et sécurisée à l’échelle du territoire national. Chaque usine est créatrice d’un écosystème à son échelle, et participe à la création d’une dynamique territoriale forte au sein des territoires ruraux.
Pour atteindre cet objectif, nous ambitionnons la création d’une filière complète d’une dizaine d’usines en France et en Europe. Nous travaillons également avec des partenaires à la mise en place de telles filières sur d’autres territoires comme l’Amérique du Nord. Des accords ont été signés en ce sens.
D’autres accords ont également été signés ou sont en cours de signature pour mettre en place des partenariats pour se servir du HPCI Greenfuel® comme matière première pour différents process industriels, comme la chimie verte ou la production de CAD. Les annonces récentes du gouvernement français et des acteurs du secteur montrent l’existence d’un marché réel, soutenu et existant dans la durée.
Dans un contexte où la décarbonation des usages s’accélèrent, quels sont, selon vous, les freins qui persistent ?
Les enjeux sont à l’échelle de la décarbonation : mondiaux. Il s’agit de mettre en place rapidement des usines suffisamment nombreuses pour peser dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pour cela, il nous faut paralléliser l’ensemble de nos projets et avancer très vite. Nous ne pouvons pas nous permettre de construire les usines les unes après les autres, mais en même temps.
Par ailleurs, certaines procédures typiquement françaises rendent les différentes phases préparatoires particulièrement longues et complexes par rapport à d’autres pays plus attractifs sous cet angle. Nous avons besoin du soutien de l’État français pour nous permettre d’aller vite dans cette mise en place, et constituer ainsi une réponse à la hauteur.
Enfin, à l’heure où se développent les importations de produits énergétiques pour remplacer les énergies fossiles, la technologie d’Européenne de Biomasse permet une réponse forte, nationale et non délocalisable.
Recherchez-vous des ingénieurs et des jeunes talents pour renforcer vos équipes et relever ces défis ?
Dans le cadre de sa dynamique de croissance, Européenne de Biomasse est actuellement en train de passer de petite PME au statut de groupe international. Des recrutements seront ainsi mis en place dans les prochaines années pour accompagner la croissance de l’entreprise.
En parallèle de cette structuration, la mise en place des filières de production va représenter des opportunités pour des jeunes pour intégrer pleinement la dimension industrielle, tout en participant à une dynamique porteuse d’avenir.
L’ADN d’Européenne de Biomasse est la transformation de la biomasse au service de la transition écologique, et nous souhaitons partager nos valeurs avec des jeunes talents et des cadres pour continuer cette belle aventure ensemble.