Société Générale en Afrique :

Dossier : Dossier FFEMagazine N°716 Juin/Juillet 2016
Par Alexandre MAYMAT (87)

Le groupe Société Générale est un partenaire majeur du continent africain. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Socié­té Géné­rale a une pré­sence très ancienne en Afrique : les filiales au Came­roun, en Côte d’Ivoire et au Séné­gal ont plus de 50 ans, celle du Maroc est cen­te­naire, et le Groupe s’est implan­té depuis 1990 dans huit nou­veaux pays. 

Notre plus récente acqui­si­tion remonte à octobre 2015, au Mozam­bique, avec une prise de par­ti­ci­pa­tion majo­ri­taire dans MCB Mozam­bique. Dans la majo­ri­té des pays afri­cains où nous sommes pré­sents, nous béné­fi­cions de parts de mar­ché impor­tantes, qui sont par­fois supé­rieures à 20 %. 

Notre posi­tion­ne­ment sur le conti­nent afri­cain est unique : il com­bine les atouts propres d’un grand groupe inter­na­tio­nal (tech­ni­ci­té, soli­di­té, réseau inter­na­tio­nal) et celui que lui confère une connais­sance intime du contexte propre à chaque pays. 

Dans le contexte actuel, quel rôle doivent jouer les banques sur le continent africain ?

Les banques ont un rôle essen­tiel à jouer dans le déve­lop­pe­ment des éco­no­mies afri­caines. Elles doivent appor­ter leur exper­tise afin de faire face à dif­fé­rentes pro­blé­ma­tiques majeures : 

  • La struc­tu­ra­tion du mar­ché de l’épargne : parce que les banques prêtent l’argent que leur confient leurs clients, il est néces­saire de créer un envi­ron­ne­ment favo­rable aux dépôts ban­caires. Nous avons un rôle impor­tant à jouer en struc­tu­rant des pro­duits d’épargne attractifs.
    En paral­lèle, les États doivent contri­buer à cet effort en s’attachant à créer un envi­ron­ne­ment de confiance, à inci­ter au tran­sit des flux finan­ciers par les banques et à défi­nir un cadre fis­cal favo­rable au déve­lop­pe­ment de l’épargne longue.
     
  • Le ren­for­ce­ment des outils de finan­ce­ment aux acteurs éco­no­miques : les éco­no­mies afri­caines ont aujourd’hui besoin de notre savoir-faire tech­nique et de conseils en matière de finan­ce­ments struc­tu­rés. C’est une de nos prio­ri­tés et nous créons pour cela des pla­te­formes régio­nales à Abid­jan et à Casablanca.
    Nous devons finan­cer les PME qui sont au cœur du déve­lop­pe­ment éco­no­mique de l’Afrique et de l’émergence d’une classe moyenne. Pour cela, nous avons mis en place des outils de finan­ce­ments sécu­ri­sés pour limi­ter nos risques.
    Ain­si, avec l’AFD, nous béné­fi­cions de la garan­tie Ariz dans une dizaine de pays afri­cains, qui couvre à 50 % un por­te­feuille de cré­dits (AFD) aux PME. C’est aus­si pour­quoi nous sommes par­mi les pre­miers acteurs ban­caires à déve­lop­per le lea­sing et l’affacturage.

    Fina­le­ment, le ren­for­ce­ment des outils finan­ciers passe aus­si par le déve­lop­pe­ment du cré­dit immo­bi­lier. Là encore, pas de déve­lop­pe­ment de la classe moyenne sans accès au loge­ment et pas d’accès au loge­ment sans financement.
     
  • La mise en place de nou­veaux modèles de dis­tri­bu­tion : la révo­lu­tion numé­rique et digi­tale a aus­si tou­ché le conti­nent afri­cain et va per­mettre aux banques de déve­lop­per des réseaux de proxi­mi­té plus denses en pré­ser­vant leur rentabilité.
    L’innovation est pri­mor­diale pour adap­ter le modèle ban­caire à la popu­la­tion locale. Dans ce sens, nous avons lan­cé de nom­breuses ini­tia­tives : des conseillers de clien­tèle en scoo­ter au Séné­gal, des camions-agences mobiles au Came­roun et au Bur­ki­na Faso, le SMS vocal au Tchad, une vraie appli­ca­tion mobile ban­caire dans huit pays africains.
     
  • le déve­lop­pe­ment des mar­chés finan­ciers comme alter­na­tive aux mar­chés ban­caires : le déve­lop­pe­ment de sources de finan­ce­ment alter­na­tives est un véri­table enjeu pour le conti­nent. Les besoins en finan­ce­ment sont énormes.
    Par exemple, dans le domaine des infra­struc­tures, les besoins sont esti­més à envi­ron 90 mil­liards d’USD par an à hori­zon d’ici à 2020 alors qu’il est évident que les banques n’ont pas la capa­ci­té de répondre à cette demande à elles seules.
    Il y a une néces­si­té de pous­ser à l’émergence de mar­chés finan­ciers régio­naux obli­ga­taires et action­naires, plus denses et plus liquides. Ceci nous per­met­tra éga­le­ment de struc­tu­rer des offres de dépôts plus diversifiées. 

Qu’en est-il du rôle de l’État ? Comment les États africains peuvent-ils contribuer à ces efforts ?

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE EN AFRIQUE EN CHIFFRES

Présence dans 18 pays africains, 1 000 agences, plus de 11 000 collaborateurs et 3,3 millions de clients, dont 150 000 entreprises
142 M EUR Résultat Net Part du Groupe
1,1 Md EUR de produit Net Bancaire
14 Md EUR d’encours de crédits
Des positions de leaders :
SGBCI, 1re banque de Côte d’Ivoire et 1re banque de la zone UEMOA ;
Société Générale Cameroun, 1re banque au Cameroun ;
SGBS, 2e banque au Sénégal et 1re banque en matière de financements ;
Société Générale Algérie, 1re banque à capitaux privés en Algérie ;
Société Générale Maroc, 4e banque à capitaux privés et 1er groupe financier ayant un actionnaire de référence internationale au Maroc ;
SGBG, 2e banque en Guinée.

En pre­mier lieu, les États doivent garan­tir un envi­ron­ne­ment régle­men­taire et judi­ciaire clair, juste, stable et durable. Ceci crée les condi­tions de la confiance. Aujourd’hui, beau­coup res­tent à faire : 

  1. Le droit de la pro­prié­té doit être éclair­ci et sta­bi­li­sé (cadastre, titres fon­ciers, régle­men­ta­tions sur la divi­sion de pro­prié­té immobilière). 
  2. Le sys­tème judi­ciaire doit éga­le­ment être mieux struc­tu­ré, les juges mieux for­més, les déci­sions iniques combattues. 
  3. Les États peuvent éga­le­ment contri­buer à la sécu­ri­sa­tion de l’épargne longue. Cette der­nière favo­ri­se­ra l’accès des entre­prises au capi­tal et au finan­ce­ment ban­caire long et per­met­tra le finan­ce­ment du Mar­ché immobilier. 
  4. Autre exemple, il est vrai que la régle­men­ta­tion des changes opé­ra­toires dans de nom­breux pays faci­lite la sta­bi­li­té des taux de change et donc ras­sure les inves­tis­seurs et limite l’inflation. Mais elle ne doit pas don­ner lieu à des contraintes admi­nis­tra­tives trop lourdes sus­cep­tibles de ralen­tir les trans­ferts moné­taires et de don­ner le sen­ti­ment aux inves­tis­seurs que leur argent est immo­bi­li­sé, donc menacé. 

En deuxième lieu, les États afri­cains doivent favo­ri­ser davan­tage l’intégration régio­nale : elle faci­li­te­ra les échanges et donc la crois­sance éco­no­mique, elle diver­si­fie­ra les débou­chés des entre­prises et favo­ri­se­ra l’émergence de cham­pions régio­naux, elle per­met­tra l’émergence de mar­chés finan­ciers plus larges et donc plus attrac­tifs et plus liquides. 

Afin d’accompagner la mise en place de ces changements et le développement d’un environnement favorable, il y a aussi un besoin de managers de haut niveau. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le déve­lop­pe­ment du sys­tème édu­ca­tif est l’enjeu majeur de l’Afrique du XXIe siècle pour faire face à une pro­gres­sion spec­ta­cu­laire de la popu­la­tion en âge de tra­vailler dans les 30 ans qui viennent. Il favo­ri­se­ra l’emploi et per­met­tra, sur le long terme, l’avènement de mana­gers afri­cains de haut niveau. 

Face à un mar­ché qui est en train de créer sa propre dyna­mique, Socié­té Géné­rale accé­lère sa stra­té­gie de for­ma­tion et de pro­mo­tion des mana­gers locaux autour d’axes forts : le recru­te­ment à haut niveau, la mobi­li­té fonc­tion­nelle et inter­na­tio­nale, l’exigence éle­vée en matière sociale et le déve­lop­pe­ment de par­cours de for­ma­tion et de car­rière favo­ri­sant l’émergence de cadres locaux de pre­mier plan.

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