Soirée du Nouvel An 2013 à Dresde : Extraits d’opérettes d’Emmerich Kálmán
Le Hongrois Emmerich Kálmán (1882−1953) a été un grand compositeur d’opérette allemande pendant la première moitié du xxe siècle, dans la lignée de Franz von Suppé, Johann Strauss (II) et Franz Lehár. Oublié en France, il est encore énormément joué en Allemagne et en Autriche.
Kálmán, comme Mahler une génération auparavant, vient à Vienne en étant originaire de la périphérie de l’Empire austro-hongrois (Mahler vient de Bohême, Kálmán de Hongrie), et juif comme Mahler il doit subir l’antisémitisme qui sévissait à Vienne. Il émigre à Paris en 1938, puis aux États-Unis en 1940. Sa musique réussit la fusion du style viennois avec les thèmes plus légers hongrois et tziganes.
On ne connaît guère de lui en France que les deux opérettes « parisiennes » Princesse Czardas et Violette de Montmartre. Elles sont évidemment largement au programme de cette soirée de gala du Nouvel An à Dresde dirigée par Thielemann, avec d’autres tubes de Kálmán.
Thielemann, directeur musical de l’orchestre de la Staatskapelle de Dresde, le plus ancien orchestre de l’histoire (1548) et un des tout meilleurs du monde, a instauré en 2010, dans la magnifique salle de l’Opéra de Dresde, la tradition de ces concerts du Nouvel An télévisés consacrés à l’opérette. Les deux premiers étaient naturellement consacrés à Franz Lehár mais, en ces soirées de fin décembre 2012, Thielemann choisit Kálmán, pour sa première année formellement à la tête de l’orchestre. La salle est très bien mise en valeur, avec notamment des éclairages différents pour chaque opérette, la réalisation montre de très belles images.
Thielemann, chef d’habitude tellement traditionnel (au sens positif du terme), est dans ce répertoire léger très à l’aise, très mobile (souvent en dehors de son estrade), et avec des déhanchés dont on ne le croyait pas capable.
On aurait aimé entendre la grande Diana Damrau dans ce répertoire. Souffrante, elle est remplacée avec assurance au pied levé par une championne du répertoire, Ingeborg Schöpf, qui est parfaite, même si elle ne peut chanter par cœur compte tenu du très faible préavis. Le magnifique ténor polonais Piotr Beczała est aussi un spécialiste de ce répertoire. Les deux solistes sont irrésistibles dans leurs airs et duos.
Une soirée « champagne », prolongée par des bis en cascade, et en cinquième bis la valse Sur les bords de l’Elbe de Johann Strauss fils, sa dernière œuvre éditée, en hommage à Dresde.
Orchestre de la Staatskapelle de Dresde, ténor Piotr Beczała, soprano Ingeborg Schöpf, dir. Christian Thielemann
1 DVD ou 1 Blu-ray Deutsche Grammophon