Supply chain ou logistique ? Quel terme choisir ?
Le terme supply chain est pour beaucoup interchangeable avec le terme logistique, à tort. Au départ ils ne recouvrent pas la même réalité. Comme pour beaucoup d’anglicismes sa concision a favorisé l’adoption du premier, parfois en substitution du second, coïncidant avec une montée en puissance de la fonction correspondante en entreprise.
La fonction supply chain est apparue dans l’entreprise il y a vingt ans, avec le développement des systèmes d’information permettant une planification des échanges entre l’entreprise, ses fournisseurs et ses clients. Depuis Ford on faisait de la gestion de supply chain sans l’identifier isolément. L’importance de cette fonction a crû avec les crises engendrées par les perturbations climatiques, naturelles ou sanitaires.
Ce que couvre la supply chain
Elle regroupe chez le donneur d’ordre la conception, le pilotage et la supervision des flux amont (fournisseurs vers production), aval (distribution vers clients) et internes entre sites de l’entreprise. Elle est transverse et agit de façon fonctionnelle en coordonnant et supervisant des fonctions opérationnelles, au moins la logistique et une partie des achats.
Supply chain et stratégie d’achat
Si la négociation des contrats d’achat est indépendante de la fonction supply chain (par éthique interne), le sourcing des matières et produits (autre anglicisme de plus en plus utilisé), ce qui inclut le choix de la localisation des fournisseurs, l’utilisation de leurs capacités, le contrôle qualité de leurs produits, est maintenant rattaché à celle-ci. En effet, les multiples ruptures d’approvisionnement, déjà subies lors du tsunami japonais et depuis deux ans avec la Covid, ont fait prendre conscience aux dirigeants des risques amont et de l’enjeu stratégique de leur maîtrise, confiée à la fonction supply chain.
Supply chain et optimisation logistique
Les opérations logistiques constituent le cœur de la supply chain. Couvrant l’achat et le contrôle ou l’exécution des prestations de transport et d’entreposage pour en optimiser les coûts (prestations et stocks), la fonction logistique s’appuie sur des chaînes d’échange de données entre intervenants et des logiciels dont l’évolution est évoquée par ailleurs. En intervenant sur un périmètre élargi, la fonction supply chain apporte des facteurs d’optimisation supplémentaires.
Pourrait-on éviter l’anglicisme ?
Le mot supply s’applique à la mise à disposition par les « fournisseurs » de matières et produits comme aux ventes de l’entreprise à ses clients. En français plutôt que fourniture à usage limité (contrairement à fournisseurs) on utilise respectivement approvisionnement (on inverse le centre de vision) et « livraison ». Chaîne d’approvisionnement et de livraison serait bien sûr très lourd.
En conclusion, si les deux termes recouvrent des réalités différentes, supply chain est dorénavant très utilisé à propos ou au sein des producteurs et distributeurs donneurs d’ordre, quand logistique s’applique surtout pour désigner leurs opérations externalisées et leurs prestataires.