Construire aujourd’hui les systèmes de santé plus durables et inclusifs de demain
Nienke Feenstra, présidente de Takeda France, revient sur le positionnement et la présence de son entreprise en France. Elle nous en dit également plus sur la vision du groupe : contribuer à développer des systèmes de santé plus efficients, durables et inclusifs en combinant les médicaments à des innovations numériques au service des professionnels de santé et des patients. Explications.
Dans le monde pharmaceutique, qu’est ce que Takeda ?
Takeda est une société japonaise qui a vu le jour il y a 243 ans. C’est ainsi une des plus anciennes sociétés du monde pharmaceutique. En parallèle, Takeda est présent en France depuis plus d’une quarantaine d’années.
Takeda est une société bio-pharmaceutique et digitale qui a un portefeuille très riche dans plusieurs aires thérapeutiques majeures en matière de santé publique : les maladies rares, la gastro-entérologie, les neurosciences, l’oncologie et l’hématologie, mais aussi des produits dérivés du plasma.
Depuis toujours, notre développement est guidé par quatre dimensions complémentaires : être au service des patients, renforcer notre crédibilité et la confiance de notre écosystème et de nos parties prenantes, et, bien évidemment, développer notre activité. Ces trois conditions doivent être toutes réunies pour prendre une décision avec notre système de valeurs. Cette philosophie nous permet d’apporter une contribution concrète à la santé durable sur tous les territoires où nous opérons.
Takeda est aussi fortement tourné vers l’innovation. Notre longévité en est d’ailleurs la meilleure illustration ! Au-delà de l’innovation thérapeutique, nous explorons diverses pistes afin de nous assurer que le patient ait toujours accès à la meilleure prise en charge. Nous nous intéressons ainsi au numérique en santé, aux solutions de diagnostic et accordons une attention plus marquée à l’éducation des professionnels de santé et des patients…
Vous avez pris la direction de la filiale française en octobre dernier. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre prise de poste et les grandes lignes de votre feuille de route ?
J’ai rejoint Takeda dès l’été dernier pour une première période de transition et d’acculturation. Dès mon arrivée, j’ai pu voir concrètement à quel point en France Takeda est bien une société qui mise sur l’innovation au service du système de santé, mais aussi à quel point elle est complètement ouverte sur son écosystème et en lien fort avec ces différentes parties prenantes.
En collaboration avec le Comité de direction, nous avons défini les grandes orientations stratégiques afin d’être en mesure d’offrir des traitements à forte valeur ajoutée, mais aussi des services complémentaires pour les professionnels de santé et les patients. Notre objectif est véritablement de contribuer à la valorisation de l’ensemble de cette chaîne de valeur au service d’une santé plus efficiente et durable.
En France, nous voulons contribuer à la mise en place d’un « value-based healthcare system » afin de garantir cette création de valeur. Pour ce faire, nous nous concentrons sur trois piliers qui sont au cœur de notre feuille de route : la valorisation de la donnée de santé, l’amélioration du parcours de soins dans nos différentes aires thérapeutiques, et, enfin, la capacité à apporter le bon produit, au bon moment et au bon patient.
En parallèle, nous nous sommes aussi dotés d’une politique RSE avec de très fortes ambitions en matière de décarbonation ou encore de réduction de notre empreinte écologique.
En France, quels sont les chantiers et enjeux qui mobilisent Takeda ?
Nous sommes un acteur historique dans le domaine de la gastro-entérologie, qui est une aire thérapeutique très large. Dans notre portefeuille, nous disposons de plusieurs traitements, dont un inhibiteur d’une protéine spécifique du tube digestif pour la maladie de Crohn, ou encore une thérapie formulée à base de cellules souches, pour les patients qui souffrent de fistule périanale, une des complications graves et invalidantes de la maladie de Crohn. Cette thérapie cellulaire a remporté le Prix Galien de l’innovation pharmaceutique en 2021. Nous proposons également une solution thérapeutique qui a transformé la vie de nombreuses personnes atteintes du syndrome de grêle court. Avec l’ensemble de nos traitements sur ces maladies qui ont un impact significatif sur la vie quotidienne des patients, notre objectif est de leur permettre de vivre le plus normalement possible malgré leur maladie.
Notre second engagement est dans la prise en charge des maladies rares avec historiquement la maladie de Hunter, la maladie de Gaucher, la maladie de Fabry, les déficits immunitaires, l’hémophilie… et toujours l’ambition d’accélérer, lorsque c’est possible, l’accès des patients à nos innovations, via le dispositif unique en France de l’accès précoce. C’est le cas aujourd’hui pour notre produit destiné aux patients ayant contracté une infection à CMVà la suite d’une transplantation de moëlle ou d’organe solide et qui sont donc exposés à un risque d’épisode infectieux majeur pouvant menacer la vie du greffon. Nous avons été précurseurs aussi pour un accès rapide au premier traitement par anticorps monoclonal de l’angioœdème héréditaire (AOH) qui provoque des gonflements de différents organes ou zones du corps.
L’AOH peut dans certains cas être mortel, notamment quand c’est le larynx qui gonfle, les patients ne pouvant plus respirer correctement. Ce traitement transforme véritablement la vie des personnes souffrant de cette maladie et dont les symptômes et les crises peuvent être déclenchées par des émotions fortes.
Takeda a également un pôle de taille significative dédié à l’oncologie qui s’intéresse notamment au cancer du poumon, du clon, les lymphomes et le myélome multiple.
En matière de R&D, quels sont les sujets qui vous mobilisent ?
Au-delà de nos aires thérapeutiques de prédilection, nous avons aussi une forte activité de R&D dans les neurosciences. C’est un pôle très développé à l’échelle mondiale, mais qui n’est pas encore déployé en France, même si le pays est connu pour son rôle majeur à ce niveau. Plus particulièrement, nous avons des produits en développement pour la narcolepsie. D’ailleurs, le plus grand centre mondial dédié à la narcolepsie est situé dans l’Hexagone. Nous avons aussi un produit en développement pour traiter des formes rares d’épilepsie.
Takeda a également une activité en matière de vaccins. Nous avons récemment obtenu une autorisation de mise sur le marché d’un vaccin contre la dengue. Ce dernier, dans l’attente de recommandations vaccinales par les autorités de santé, n’est pas encore disponible en France, et avec le réchauffement climatique et les échanges réguliers qui existent entre la l’Hexagone et ses territoires d’Outre-mer, c’est une question de santé publique qui peut se poser à court, moyen et long terme. Enfin, Takeda mène aussi des études épidémiologiques et développements de nouveaux produits dérivés du plasma.
En parallèle de la R&D, nous avons des travaux en cours autour de la notion de « Targeted Digital Patient Profile ». Aujourd’hui, tout le secteur est conscient que, sur le court terme, les technologies du numérique vont complètement révolutionner le diagnostic ou encore le suivi des patients. Il s’agit aujourd’hui de développer des solutions numériques qui sont complémentaires à la dimension thérapeutique et de les intégrer au niveau de la R&D. En effet, pour aller vers une santé plus durable, le numérique a plus que jamais un rôle clé à jouer.
Dans un secteur fortement disrupté par les nouvelles technologies et le développement de la HealthTech et de la BioTech, quels sont vos enjeux et perspectives ?
Takeda privilégie une démarche globale et transversale qui couvre la R&D et la recherche traditionnelle ainsi que l’innovation numérique au service du système de santé. Si le médicament reste notre cœur de métier, le numérique nous donne les moyens d’apporter une valeur ajoutée nouvelle. Et pour ce faire, la notion de partenariat est stratégique et notamment les partenariats publics/privés. Nous sommes complètement ouverts sur notre écosystème et sommes membres des principales organisations du secteur comme le LEEM, France Biotech… Le système de santé de demain se construit aujourd’hui et il est important d’anticiper ces évolutions et d’identifier d’ores et déjà les bons partenaires pour contribuer à une santé plus efficiente, durable et inclusive.
Fin 2023, Takeda a réuni 80 personnes, dont 30 parties prenantes externes, pour créer « Tous Rares », un e‑magazine dédié aux maladies rares, composé de plus de 120 contenus exclusifs et 10 recommandations pour faire bouger les lignes dans les maladies rares.