Teréga Solutions : acteur de l’essor de la filière hydrogène en France et en Europe
L’essor de la filière hydrogène implique l’existence d’un réseau et d’infrastructures de transport et de stockage. C’est à ce niveau que contribue Teréga Solutions. William Rahain, Directeur Adjoint de la Business Unit Hydrogène au sein de Teréga Solutions, nous en dit plus.
L’hydrogène est un des leviers de la Transition Énergétique. Pourquoi ?
En sa qualité de vecteur énergétique, l’hydrogène permet de faire la liaison entre les énergies. Il peut ainsi être utilisé pour produire de l’électricité, de la chaleur, et peut même être utilisé comme carburant. Il a aussi l’avantage de ne pas émettre de CO2. De par sa flexibilité, son adaptabilité et son potentiel en termes d’autonomie, l’hydrogène intéresse particulièrement les acteurs des énergies renouvelables, éolien et solaire, qui cherchent à valoriser leurs actifs ou à développer de nouvelles capacités de production pour notamment pallier à l’intermittence de ces énergies. Aujourd’hui, l’électrolyse de l’eau à partir d’une électricité bas carbone permet de produire de l’hydrogène décarboné, mais aussi d’utiliser cet hydrogène comme un outil de flexibilité pour stocker les énergies renouvelables.
Aujourd’hui, que représente le marché de l’hydrogène ?
Le marché de l’hydrogène représente actuellement 1 million de tonnes d’hydrogène par an. 80 % sont de l’hydrogène dit captif, c’est-à-dire de l’hydrogène qui est produit et consommé par le producteur. Il s’agit généralement d’entreprises qui opèrent dans des domaines industriels : raffinerie, chimie des engrais… Les 20 % restants sont de l’hydrogène dit marchand et qui est notamment produit par des grands acteurs gaziers comme Air Liquide ou Air Product. Jusque-là, le marché de l’hydrogène répondait principalement à une demande industrielle. 99 % de cet hydrogène est gris, donc carboné, et est produit par vaporeformage du méthane.
L’émergence de l’hydrogène comme vecteur de la transition énergétique va donner une nouvelle dynamique au marché avec un développement d’hydrogène au service de la production d’électricité, de chaleur ou bien comme carburant pour la mobilité lourde et légère. Pour basculer vers une production d’hydrogène vert à grande échelle, l’ensemble de la chaleur de valeur doit être repensée : production, transport, distribution, stockage. Les premiers projets commencent à se mettre en place. C’est le cas de Corridor H2 en Occitanie qui vise la création d’un corridor routier utilisant de l’hydrogène vert en région Occitanie. Son objectif est d’accélérer la transition vers une mobilité lourde zéro émission à hydrogène, notamment pour le transport de marchandises dans des véhicules poids lourds frigorifiques électriques à hydrogène et le transport de passages interurbain dans la Région Occitanie par des autocars électriques à hydrogène.
Qu’en est-il du développement de la filière hydrogène en France ?
La France s’est dotée d’objectifs ambitieux de développement de la filière notamment dans le cadre du plan France Relance. Toutefois, en France, se pose la question de l’arbitrage entre le nucléaire et l’hydrogène. Cela s’explique par le fait que la France dispose d’un parc nucléaire conséquent en comparaison à ses voisins européens. En parallèle, pour les industriels, ce passage à l’hydrogène nécessite l’adaptation de leur outil industriel.
Quand cela est envisageable, ils sont encore nombreux à privilégier l’électrification, d’autant plus que les coûts de l’hydrogène sont encore très élevés. Pour un pays comme l’Allemagne où l’électricité est très carbonée, le développement d’une filière hydrogène est une opportunité et une priorité. Le pays accélère, d’ailleurs, le déploiement de la chaîne de valeur de l’hydrogène et développe, en parallèle, les énergies renouvelables pour avoir une production bas carbone. L’Espagne développe également ses capacités de production d’hydrogène vert en capitalisant sur ses parcs solaires et éoliens avec de fortes ambitions en termes d’exportation d’hydrogène vert.
Dans le cadre du développement de cette filière, quels sont les principaux enjeux ?
Le premier frein au développement de l’hydrogène reste son prix. Pour réduire les coûts, il faut non seulement créer une chaîne de valeur adaptée, mais aussi développer des projets de taille significative sur le plan industriel comme des gigafactories. Aujourd’hui, dans le processus de l’électrolyse de l’eau, qui est le procédé le plus courant pour produire de l’hydrogène, 50 % du prix de l’hydrogène dépend du prix de l’électricité. L’accès à une énergie renouvelable à un coût compétitif est un véritable enjeu pour arriver à faire baisser le prix de l’hydrogène. Au début de la mobilité électrique, le coût des batteries constituait un frein à son développement. Au cours des décennies, son prix a significativement baissé et est aujourd’hui largement accessible. On s’attend à ce qu’il en soit de même avec l’hydrogène, l’enjeu étant de pouvoir garantir une électricité renouvelable à un coût compétitif et des installations industrielles de production qui permettent de faire jouer l’effet d’échelle pour impacter à la baisse les coûts et le prix final.
En parallèle, il faut aussi développer les usages industriels et pour la mobilité qui permettront de sécuriser les débouchés de la production d’hydrogène. Et dans cette continuité, se pose aussi la question des infrastructures de transport et de distribution de l’hydrogène.
C’est justement à ce niveau que Teréga Solutions intervient…
Aujourd’hui, le transport de gaz par canalisation reste le mode le plus économique, écologique et environnemental, car il permet d’éviter les fuites lors des raccordements, chargements et déchargements puisque les connexions sont étanches et soudées. Transporter l’hydrogène par canalisation est aussi plus compétitif que par camion : 10 à 30 centimes d’euro par kg d’hydrogène transporté sur 1000 km contre 10 euros pour le transport par camion sur 100 km.
Sur ces enjeux, il est possible de déployer des solutions très rapidement, une partie des ouvrages gaziers existants peuvent être convertis pour transporter et stocker de l’hydrogène. Selon le rapport du European Backbone Report, deux tiers du réseau européen, qui sont des gazoducs, peuvent être ainsi convertis ou réutilisés pour transporter l’hydrogène.
“Teréga est un acteur majeur et gestionnaire d’infrastructures de transport et de stockage de gaz en France depuis 75 ans. Ces enjeux et problématiques sont donc au coeur même de notre métier qui s’articule autour de trois axes complémentaires : la logistique, le transport, le stockage de gaz.”
Teréga est un acteur majeur et gestionnaire d’infrastructures de transport et de stockage de gaz en France depuis 75 ans. Ces enjeux et problématiques sont donc au coeur même de notre métier qui s’articule autour de trois axes complémentaires : la logistique, le transport, le stockage de gaz.
Aujourd’hui, notre rôle est de contribuer à l’essor de cette filière en mettant à disposition les compétences et les infrastructures nécessaires au transport et au stockage du gaz. C’est la mission de Teréga Solutions de développer ces infrastructures pour proposer une offre logistique de qualité et qui contribue à garantir des prix compétitifs.
Pouvez-vous nous donner des exemples de projets qui vous mobilisent en ce sens ?
Nous travaillons sur plusieurs projets en cours de développement. On peut citer par exemple le projet avec Valorem et les acteurs institutionnels locaux pour développer un écosystème hydrogène renouvelable à Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor.
Le projet prévoit entre autres l’installation d’une unité de production et de distribution d’hydrogène, principalement pour alimenter l’agglomération de Saint-Brieuc, qui a pour projet de convertir une dizaine de bus à l’hydrogène. Nous prenons en charge toute la partie aval de la production hydrogène, soit tout ce qui a trait à la logistique : transport de l’hydrogène vers les stations de distribution, construction et exploitation des stations de distribution qui permettront d’alimenter les bus de l’agglomération, mais aussi des usagers privés et publics.